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Actualités - CHRONOLOGIE

Conseil des ministres - Premier tête-à-tête Lahoud-Hariri aujourd’hui, après le retour de Washington Tiraillements et retards dans la réadjudication de la téléphonie mobile

Deux sujets seront à l’ordre du jour du Conseil des ministres, aujourd’hui, l’un explicitement, l’autre implicitement. Implicitement, c’est toute la question de la cohabitation entre le chef de l’État et le Premier ministre qui se pose : les prérogatives constitutionnelles dont ils jouissent, respectivement, et la division des tâches entre eux, compte tenu de l’ambiguïté d’un Exécutif à deux têtes que l’accord de Taëf a officialisé. Prenant la parole hier devant ses visiteurs, le président de la Chambre, Nabih Berry, artisan de la dernière en date des réconciliations entre les deux hommes, s’est montré pessimiste au sujet d’un assainissement durable des rapports entre eux. Il a quand même mis en garde contre les conséquences très concrètes d’une épreuve de force entre eux sur le moral de la population et, par conséquence, sur leur confiance dans la monnaie nationale et l’avenir économique. Le président Lahoud et le chef du gouvernement devraient, normalement, se réunir en tête à tête avant la réunion du Conseil des ministres, pour en revoir l’ordre du jour. Cet entretien devrait servir de baromètre à l’état des rapports qu’ils entretiennent. En tout état de cause, ce sera le premier tête-à-tête entre les deux hauts responsables, après le retour de Washington du Premier ministre, qui a dérogé à la coutume, et ne s’est pas rendu à Baabda, à son arrivée au Liban, pour rendre compte au chef de l’État des résultats de sa visite. Cette question sera-t-elle soulevée et parviendra-t-on à un consensus à ce sujet ? Les observateurs minimisaient, hier, la portée des divergences qui opposent les deux hommes et les limitaient à des questions de forme, de tempérament et de style d’action, plutôt qu’à des divergences de fond. Tout en insistant sur la volonté déclarée des deux hommes de scrupuleusement respecter les termes de la Constitution qui aménage leurs rapports, les observateurs n’excluaient plus hier qu’une question de rivalité personnelle et des vélléités de préséance ne prévalent sur l’intérêt général bien compris. En rapport direct avec la situation économique du pays, le Conseil des ministres examine aujourd’hui le dossier de la privatisation du téléphone cellulaire, ou plutôt la réadjudication d’un secteur qui relève déjà du privé. Le ministre concerné, M. Jean-Louis Cardahi, a longuement examiné hier ce dossier, avec les membres de la commission de l’Administration et de la Justice. Deux types de difficultés Le processus de privatisation se heurte, en ce moment, à deux types de difficultés. La première concerne le solde entre les bons de recouvrement présentés par l’État aux deux sociétés Cellis et LibanCell, pour les irrégularités qu’il leur reproche et des indemnités auxquelles ils ont droit, après la résiliation unilatérale de leur contrat par l’État. Ces bons de recouvrement sont évalués à 600 millions de dollars, que l’État réclame aux deux sociétés, pour des opérations non prévues dans leur contrat d’exploitation. Le montant des indemnités, lui, a été fixé par la société KPMG et un rapport en ce sens sera transmis aux ministres, qui devraient l’approuver et le transmettre en commissions. Le second type de difficultés qui retarde la réadjudication du secteur de la téléphonie mobile, réside dans la finalisation du projet de loi qui le concerne, après son examen par les commissions de l’Administration et de la Justice, et de l’Information et des Communications. Le Premier ministre et le ministre des Télécommunications sont en désaccord sur l’article 51 du projet de loi relatif à l’avenir des fonctionnaires après la réadjudication. Avec la commission de l’Administration et de la Justice, M. Cardahi y est favorable, tandis que M. Hariri y objecte. Le Premier ministre souhaite en effet que les salariés des deux opérateurs actuels qui perdraient leur emploi, après la réadjudication, et ne seraient pas repris, par exemple, par la troisième société Liban-Télécoms en projet, soient indemnisés. Toutefois, M. Cardahi, proche du chef de l’État, propose de leur donner le choix entre une indemnité et la pérennité de l’emploi, ce qui leur permettrait d’être mis à la disposition du conseil de la Fonction publique et de continuer à toucher régulièrement leur salaire, en attendant leur réaffectation. Cette solution semble horripilante à M. Hariri, qui cherche désespérément à réduire le coût de fonctionnement de l’administration. Ces divergences expliquent, en partie, le retard dans le processus de privatisation, qui irrite à son tour le chef du gouvernement, auquel la Banque mondiale et le FMI reprochent de ne pas respecter les délais qu’il s’est posé pour enclencher la privatisation.
Deux sujets seront à l’ordre du jour du Conseil des ministres, aujourd’hui, l’un explicitement, l’autre implicitement. Implicitement, c’est toute la question de la cohabitation entre le chef de l’État et le Premier ministre qui se pose : les prérogatives constitutionnelles dont ils jouissent, respectivement, et la division des tâches entre eux, compte tenu de...