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Actualités - ANALYSE

De retour des territoires palestiniens, trois écrivains racontent « Prolifération d’une nouvelle espèce de bipèdes : les déshumanisés »

Trois écrivains, dont un prix Nobel de littérature, témoignent à leur retour de Palestine et d’Israël de la «prolifération d’une nouvelle espèce de bipèdes : les déshumanisés». Wole Soyinka, écrivain nigérian et prix Nobel de littérature en 1986, Breyten Breytenbach, ancien militant sud-africain de la lutte antiapartheid, et Juan Goytisolo, auteur espagnol qui a dénoncé les injustices commises sous le franquisme, ont fait partie de la délégation du Parlement international des écrivains (PIE) qui s’était rendue fin mars dans la région. Leurs témoignages sont publiés dans les colonnes du journal Le Monde, daté de mardi. Pour Wole Soyinka, «il n’est pas possible d’avoir de la situation en Palestine seulement une vision froide, objective». «Quand des êtres humains se font déchiqueter par les bombes dans les restaurants et les hôtels (...) les auteurs de ces attentats nous inspirent à la fois de la rage et de l’horreur. Le martyre est un abus de langage lorsqu’il s’accompagne du meurtre d’innocents», écrit-il. «Et de l’autre côté de la terreur – du côté de la terreur d’État –, lorsqu’on entend une famille raconter en détail comment les tanks, en pleine nuit, sont venus défoncer les murs de la maison, ont écrasé des innocents en plein sommeil, il est tout aussi impossible, dans ses tripes, de rester détachés ou, dans sa conscience, de ne pas se sentir agressé». «Depuis des générations, c’était là le foyer de familles innocentes et, à présent, voilà qu’on en fait un terrain favorable à la prolifération d’une nouvelle espèce de bipèdes : les déshumanisés», estime-t-il. «Cependant qu’il cherche à se venger de son ennemi, le gouvernement d’Israël a adopté des tactiques appelées à déclencher un raz-de-marée qui noiera le monde ou (l’image est plus juste) l’embrasera», estime Wole Soyinka. « Une terre effrontément volée » «Notre visite, poursuit-il, n’a fait que renforcer ma stupéfaction (et désormais je m’inquiète vraiment pour les Israéliens) de voir que, parmi tous ceux qui ont jamais pu croire leur dirigeant sur la bonne voie politique, beaucoup n’avaient tout simplement pas fait l’effort de se projeter en imagination à l’intérieur des camps de réfugiés palestiniens, dans l’existence quotidienne des Palestiniens...». Dans une «lettre ouverte au général Sharon», Breyten Breytenbach écrit : «Les hypothèses qui sont à la base de vos actions sont racistes. Comme c’était le cas avec le régime sud-africain, les méthodes par lesquelles vous espérez soumettre l’ennemi se résument à l’utilisation de la force, aux bains de sang et à l’humiliation». «Aucune référence à la soi-disant promesse par un Dieu d’une terre sacrée ne peut justifier les exactions commises par une armée d’invasion et d’occupation – ni les massacres d’innocents perpétrés de sang-froid, ordonnés par des seigneurs de guerre fanatiques au nom de la résistance», ajoute-t-il. «Aucune référence à quelque sacro-saint Grand Israël ne peut dissimuler que vos colonies sont des enclaves armées construites sur une terre effrontément volée aux Palestiniens». «Non général Sharon, les injustices subies dans le passé ne justifient ni n’excusent vos actes fascistes actuels (...) Vous n’avez pas brisé l’esprit du peuple palestinien. Bien au contraire – les Palestiniens sont maintenant plus résolus que jamais à construire un État, peu importe que vous les persécutiez». Enfin, pour Juan Goytisolo «jour après jour, les colonies agrandissent leur périmètre et grignotent sans miséricorde l’espace vital de la population palestinienne». Rappelant que l’ancien Premier ministre israélien Itzhak Rabin avait été tué par un extrémiste israélien, l’écrivain espagnol souligne qu’aujourd’hui c’est «un autre fanatique» qui «mène Israël vers une guerre sans fin, vers l’autodestruction de ses valeurs morales et de son existence physique».
Trois écrivains, dont un prix Nobel de littérature, témoignent à leur retour de Palestine et d’Israël de la «prolifération d’une nouvelle espèce de bipèdes : les déshumanisés». Wole Soyinka, écrivain nigérian et prix Nobel de littérature en 1986, Breyten Breytenbach, ancien militant sud-africain de la lutte antiapartheid, et Juan Goytisolo, auteur espagnol qui a...