Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

dossier régional - Le responsable américain a estimé nécessaire de jouer les pompiers avant que le feu ne prenne La démarche de Powell à Beyrouth effectuée dans l’urgence

Une heure et demie avec le chef de l’État, soixante minutes avec le président du Conseil. M. Colin Powell, qui ne prévoyait pas initialement de voir les Libanais ou même les Syriens, a donc opéré dans l’urgence. À cause du Sud et du Hezbollah. Il a bien évidemment insisté pour un retour au calme du côté de Chebaa et pour un retour également à la table des négociations. En vue d’une paix qui ne peut se réaliser que par le dialogue, souligne ce militaire diplomate. Qui s’est rendu compte sans doute que sa visite antérieure en Galilée, du côté et à côté d’Israël, ne suffirait pas à protéger la Galilée si les katiouchas hezbollahies ou palestiniennes devaient se remettre à pleuvoir. Les explications de terrain fournies par le commandant israélien du secteur nord, Gaby Askhenazé, lors de l’excursion du secrétaire d’État, ont dû le convaincre que la ligne bleue risquait de s’embraser à tout moment. Il a donc estimé nécessaire de jouer les pompiers avant que le feu ne prenne. En venant de manière inopinée au Liban, avant de se rendre pour le plat de résistance (c’est plus ou moins le mot) en Syrie, pays décideur. La démarche de M. Powell est d’autant plus remarquable qu’il n’a pas hésité, comme on sait, à reporter antérieurement sa rencontre avec l’homme du jour, Yasser Arafat. Plus exactement à faire lanterner ce dernier, à cause de l’attentat kamikaze palestinien de vendredi dernier à Jérusalem. M. Powell s’est décidé tout aussi brusquement pour le Liban. À preuve que l’ambassadeur américain, M. Vincent Battle, n’était pas dans la confidence : il est parti samedi pour Washington préparer la visite que doit y effectuer demain M. Rafic Hariri. M. Powell est intervenu au Liban, et il l’a dit clairement, pour sommer ce pays de se tenir tranquille. Cependant, certains loyalistes qui se paient de mots ou d’illusions veulent voir dans cette relance une consécration, une reconnaissance de l’importance du pouvoir local sur l’échiquier régional, voire international. En même temps, ces personnalités, qui oublient que M. Powell n’a pas manqué d’aller parler aux Syriens, affirment que les USA tiennent à manifester leur respect pour l’État libanais comme pour sa souveraineté, son indépendance et son importance pour le processus de paix. Les loyalistes cités rappellent qu’en octobre dernier M. Powell avait eu un entretien à New York, au Palais de verre, avec M. Farouk el-Chareh, mais n’avait pas accordé la même attention à M. Mahmoud Hammoud. À leur avis, il y a donc du progrès quelque part. Et ils seraient peut-être étonnés d’apprendre que cette promotion du Liban officiel sur l’échelle des valeurs américaines pourrait n’être pas considérée comme une bonne chose par Damas ou par Téhéran. Ils seraient également surpris, sans doute, si on leur rappelait qu’au moment du salon d’automne à New York, Washington faisait pratiquement assumer la responsabilité du Hezbollah et de ses actions à la seule Syrie, alors qu’aujourd’hui le doigt de l’Oncle Sam se pointe aussi en direction de Beyrouth. Autrement dit, le passage du secrétaire d’État, si on le considère comme une mise en garde, ce qu’il semble bien être, constitue un avertissement sans frais à l’adresse de ce pays. Ce qui est compréhensible, du moment que sur le terrain c’est bien lui qui risque les représailles les plus lourdes, les plus dévastatrices. Sans parler des retombées sur la saison touristique ou sur la situation économique intérieure, déjà pas bien brillante. Mais le fond est une chose, et les formes en sont une autre. Or en octobre, des parties locales s’étaient montrées agacées, pour ne pas dire courroucées, par le mépris manifeste dans lequel Washington tenait Beyrouth. Cette indifférence est aujourd’hui gommée. On se demande cependant si l’on peut s’en réjouir. Car comme le dit l’adage, pour vivre heureux, vivons cachés. Surtout qu’on peut le faire plutôt facilement à l’ombre du jumelage, concept qui couvre une tutelle que les pôles locaux ont toujours eux-mêmes appelé de leurs vœux. En pratique cependant, il vaut peut-être mieux que le patient potentiel soit averti par la Faculté : il fait peu de doute qu’avec les dirigeants libanais, M. Powell a parlé autant pour les Israéliens que pour son propre gouvernement. Et cela pour souligner que l’État hébreu ne restera pas les bras croisés et ne se contentera pas de ripostes graduées si l’escalade devait se poursuivre au Sud. Philippe ABI-AKL
Une heure et demie avec le chef de l’État, soixante minutes avec le président du Conseil. M. Colin Powell, qui ne prévoyait pas initialement de voir les Libanais ou même les Syriens, a donc opéré dans l’urgence. À cause du Sud et du Hezbollah. Il a bien évidemment insisté pour un retour au calme du côté de Chebaa et pour un retour également à la table des...