Pâques - L’abdication du pape de plus en plus évoquée après ses problèmes de santé Jean-Paul II renonce à suivre le chemin de croix(PHOTO)

Pour la première fois en 23 ans de pontificat, Jean-Paul II s’est contenté pour raison de santé de présider le chemin de croix nocturne au Colisée à Rome, le rite le plus émouvant des Pâques catholiques commémorant la passion du Christ. Les déplacements du pape sont en effet désormais très limités en raison de son arthrose irréversible au genou droit et des conséquences de l’installation d’une prothèse de fémur en 1994, mais à cause aussi de son affaiblissement progressif et de la maladie de Parkinson dont il souffre. À l’avenir, les fidèles devront se faire à l’idée d’un pape se déplaçant sur une chaise roulante. Un fauteuil qu’il n’utilise pour l’instant qu’à l’intérieur du palais apostolique où les kilomètres de couloirs et de salles représentent pour lui un obstacle insurmontable. Dans son appartement, il dispose d’un déambulateur pour ses petits déplacements. Déjà en 2001, lors du même chemin de croix, le souverain pontife avait porté la croix de 3,5 kilos pendant quelques mètres seulement, entre la treizième et la quatorzième et ultime station sur la terrasse du Palatin. Cette année, son état de santé s’étant nettement dégradé, il devrait se borner à se mettre debout devant son trône pour prendre la croix des mains d’un franciscain de la Garderie de la Terre sainte. Personne au Vatican n’ose cependant exclure un geste supérieur à ses forces de la part du souverain pontife, bien connu pour sa détermination extraordinaire. Cette dernière l’a poussé hier à se faire accompagner en voiture et ensuite sur une estrade mobile jusqu’à un confessionnal de la basilique Saint-Pierre pour confesser une dizaine de fidèles, comme il le fait tous les vendredis saints depuis son élection au pontificat en octobre 1978. Vendredi après-midi, il a présidé la liturgie de la Passion du Christ dans la basilique Saint-Pierre. Encore une fois, comme il l’a fait pour les cérémonies du jeudi saint, il y a assisté en renonçant à tout déplacement près de l’autel. Les cardinaux, les prélats et les fidèles qui ont assisté à ce rite ont prié tous ensemble pour Jean-Paul II, afin que «le Seigneur lui accorde une longue vie et la santé, le gardant à la tête de l’Église, comme guide et pasteur du peuple de Dieu». Mais le parti de ceux qui souhaitent que le pape démissionne afin que des souffrances trop lourdes lui soient épargnées semble se renforcer, comme l’a souligné il y a quelques jours l’écrivain catholique Vittorio Messori, ami personnel du souverain pontife. Dans les couloirs du Vatican, des prélats ont déjà imaginé un scénario possible : après le rendez-vous avec les jeunes à Toronto à la fin du mois de juillet pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), auquel il ne saurait renoncer, et après sa visite au Mexique, le premier pays qu’il avait visité au début de son pontificat, le pape doit se rendre en Pologne, où il pourrait rester, accueilli dans un monastère, après avoir démissionné. Il y a peu, ce scénario d’une retraite en Pologne était encore considéré comme complètement fantaisiste. Mais il commence à ne plus paraître inconciliable avec la détermination de ce pape à poursuivre sa mission, en dépit de ses problèmes de santé et «même si l’on gouverne l’Église avec la tête et non avec les jambes», comme l’a souligné le cardinal français Roger Etchegaray, proche du pape. «Il n’y a pas de place dans l’Église pour un pape retraité», avait dit Jean-Paul II à l’un de ses médecins, après sa dernière opération à la polyclinique Gemelli à Rome. L’abdication du pape est une hypothèse prévue par le code de droit canon. Il y a quelques jours, le secrétaire personnel de Paul VI a révélé dans un livre que ce dernier avait signé un papier prévoyant sa démission en cas d’handicap physique.