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Actualités - OPINION

COURRIER Le sommet : espoir ou cauchemar ?

Le sommet tant attendu s’ouvre donc aujourd’hui à Beyrouth et la pléthore de souverains, rois, princes, sultans et présidents sont arrivés en grande pompe. Si M. Arafat finit par s’amener, il faut espérer que la vision fascinante du centre-ville ne suscitera pas chez lui de nouvelles tentations. Nos hommes, de leur côté, devenus maîtres dans l’art d’étaler les esbroufes, sauront rendre les honneurs. Taraudés par le remords, et par égard pour le pays hôte, nos convives vont à coup sûr prendre, cette fois, des décisions tranchantes en faveur du Liban. Nous pouvons d’ores et déjà imaginer une résolution, motivée, dans cet esprit : «Les participants déclarent à l’unanimité avoir pris conscience que le Liban a été le seul pays arabe à payer le tribut du drame de 48, à avoir subi les affres du conflit israélo-arabe. Ils constatent que les guerres de 1967 et 1973 n’ont été que des escarmouches à côté de la longue traversée subie par le pays des cèdres. Ils regrettent à cet égard le rôle de chacun, ayant contribué – par action ou par omission – à avoir démoli le pays, et l’avoir mis en deuil pendant plus de trente ans. Ils déplorent de n’avoir exporté chez lui que le Mal, d’avoir exacerbé les troubles confessionnels, d’avoir incité des hordes étrangères à le mettre à feu et à sang et de l’avoir laissé au bout du compte l’otage de toutes les convoitises du monde. Ils avouent avoir laissé faire pour se dérober à leurs propres responsabilités, bénéficier chez eux du calme et la prospérité, voire le remplacer comme pays phare, tous les conflits du monde étant désormais résorbés sur cette seule terre. Ils affirment donc qu’il est temps de laisser à ce pays un sérieux répit. Pour ces motifs, et au nom du repentir et de la gratitude, et de l’honneur dont les Arabes s’enorgueillissent, ils décident à l’unanimité : • De déplacer illico le front de la guerre et de la résistance à d’autres frontières, sur les centaines de kilomètres qui séparent Israël de plusieurs autres pays arabes limitrophes. • De disperser les centaines de milliers de Palestiniens de leurs ghettos libanais sur le sol prospère des pays riches, en guise de “passage en correspondance” en attendant le grand retour. À l’exception bien entendu des malfrats qui doivent être remis à la justice du Liban. • De restituer la liberté et la souveraineté – deux mots qui, jusque-là, écorchaient la bouche – pour appliquer les principes républicains qui distinguaient ce pays dans cette partie du monde. • D’éponger sur-le-champ la dette publique». Ainsi, en conjurant les fléaux, une vie républicaine saine selon les principes du «discours d’investiture» pourra reprendre son cours. Il suffira d’instaurer une loi électorale équitable qui amènera des «élus», et non des traînes des «rouleaux compresseurs»; pourvoir aux postes judiciaires des magistrats, qui auraient auparavant appris à l’Institut de la magistrature les principes de la déontologie judiciaire, telle que magistralement administrés, autrefois, par les grands juges Sélim Jahel et Nassib Torbey ; affecter à l’administration publique, jusque-là dépotoir à salaires pour protégés véreux, des commis conscients de la notion de «res publica» : et sans tracasser les recrues par l’apprentissage de L’Esprit des lois de Montesquieu ou Le Contrat social de Rousseau, un cours sommaire sur les libertés publiques suffirait dans les instituts et écoles militaires. Tous les espoirs sont placés dans ce sommet. Mais Dieu nous garde d’une conférence traditionnelle faite d’inutiles palabres, de stériles criailleries ; d’un lendemain de cauchemar au cours duquel M. Bush sera en train de nous stipendier, et le magistrat instructeur français Mme Isabelle Prévost-Desprez en train de dénigrer nos actes d’héroïsme. Tandis que la famine frappe à nos portes. Joe KHOURY-HÉLOU
Le sommet tant attendu s’ouvre donc aujourd’hui à Beyrouth et la pléthore de souverains, rois, princes, sultans et présidents sont arrivés en grande pompe. Si M. Arafat finit par s’amener, il faut espérer que la vision fascinante du centre-ville ne suscitera pas chez lui de nouvelles tentations. Nos hommes, de leur côté, devenus maîtres dans l’art d’étaler les esbroufes,...