Le communiqué final des ONG arabes sera soumis au sommet Création d’un observatoire civil populaire pour le suivi des décisions (photo)

Le premier forum des ONG arabes est né. Ou ce qui pourrait être considéré comme l’équivalent «d’un observatoire civil populaire», chargé de contrôler, de manière continue, les décisions des sommets arabes, vient de voir le jour après des débats intenses qui ont eu lieu en présence de plusieurs représentants d’organisations arabes notamment palestiniennes. Ce forum se veut être en outre une tribune permanente qui traduise l’opinion de la rue arabe et de la société civile. Réunis deux jours durant, les participants ont réaffirmé hier dans un communiqué final leur soutien total à l’intifada comme choix stratégique du peuple palestinien et leur solidarité avec le peuple irakien. C’est un communiqué «digne des résolutions prises lors des grands sommets» qu’ont publié hier les ONG arabes dont plusieurs associations palestiniennes réunies à Beyrouth depuis lundi dernier. Le texte du communiqué affirme la nécessité de soutenir par tous les moyens la résistance nationale palestinienne, réitérant le besoin de faire appliquer les résolutions internationales. Les participants à ce forum ont également demandé aux pays arabes présents au sommet «de boycotter Israël» au cas où ce dernier perpétuerait son occupation des territoires occupés. «L’idée d’un observatoire civil suppose qu’un contrôle des décisions prises lors des sommets arabes sera désormais institué afin qu’elles ne restent pas lettre morte. En même temps, le forum pourra effectuer un suivi dans le temps, des délais impartis pour chacune des décisions adoptées», a précisé le directeur exécutif du réseau des ONG arabes pour le développement, Ziad Abdel-Samad. Plus concrètement, c’est à un véritable groupe de pression qu’aspirent à devenir ces ONG qui traduisent, en définitive, l’opinion et l’avis des populations locales, notamment du peuple palestinien comme l’explique le Dr Moustapha Barghouthi, président des Comités de secours médical et du réseau des ONG palestiniennes. «Nous sommes venus des territoires occupés en dépit de toutes les difficultés pour rapporter l’ambiance qui règne dans la rue palestinienne et traduire l’esprit de l’intifada. Nous sommes également là pour vous dire que nous sommes loin d’être épuisés (...), a-t-il souligné, après avoir sollicité «un soutien arabe unanime à l’intifada, qui reste le choix stratégique de l’ensemble du peuple palestinien». Insistant sur l’importance de ce forum, «le premier du genre à se réunir parallèlement au sommet», Moustapha Barghouthi a fait part de ses craintes que les décisions prises lors du sommet arabe ne se transforment en un moyen de pression pour mettre fin à l’intifada. «Le peuple palestinien voudrait au contraire que le sommet constitue une force d’appui à la résistance palestinienne», a-t-il encore affirmé en rappelant les conditions émises dans le communiqué. Ce dernier précise en effet que les pays arabes devraient exiger une paix globale contre un retrait total des territoires occupés, tout en s’engageant à boycotter Israël, au cas où ce dernier manquerait à ces promesses. Pour cet activiste palestinien, les résolutions du sommet concernant l’intifada constitueront un critère important qui définira «l’existence ou l’absence d’une volonté arabe unifiée à ce sujet». «Le monde nous jugera à partir de ces positions», a-t-il dit. La société civile est désormais appelée à jouer un rôle de plus en plus important, a précisé le directeur de l’Institut arabe des droits de l’homme Abdel-Basset ben Hassan, en évoquant la «victoire» qu’ont marquée les ONG régionales à Durban lors du sommet contre le racisme. «Rappelez-vous l’embarras dans lequel se sont retrouvées les délégations américaines et israéliennes lors de cette rencontre», a affirmé le militant. Reconnaissant qu’il reste un long chemin à faire en termes de développement et de réactivation du processus démocratique au sein des sociétés arabes, M. Ben Hassan reste confiant quant à l’avenir de ce forum, «qui pourrait se transformer avec le temps en un véritable groupe de pression. Le plus important pour l’instant est de faire parvenir le message aux médias. D’ailleurs, ces recommandations pourraient rejoindre l’opinion de plusieurs pays arabes présents au sommet», a-t-il conclu. Jeanine JALKH