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Robert Altman, entre Renoir et Agatha Christie

Robert Altman est de retour en grande forme avec «Gosford Park», qui marie l’esprit de La règle du jeu de Jean Renoir et l’intrigue policière version «Dix petits nègres» d’Agatha Christie, un film qui lui a valu cinq nominations aux Oscars, décernés le 24 mars. Le cinéaste, lauréat d’une Palme d’or à Cannes pour M.A.S.H et d’un Ours d’or à Berlin, le mois dernier, pour l’ensemble de son œuvre, signe là une satire sociale caustique, aux dialogues ciselés et aux acteurs impeccables, saluée par la critique américaine qui y voit l’un de ses meilleurs films. Le patriarche du cinéma indépendant américain, cheveux blancs mais œil bleu toujours vif, qui a eu 77 ans le 20 février, est en lice pour les deux plus prestigieux trophées, ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur (il a déjà eu le Golden Globe à ce titre), ainsi que celui du scénario original. Deux des comédiennes (Helen Mirren et Maggie Smith) ont été nominées dans la catégorie «meilleure actrice dans un second rôle». Après avoir brossé le tableau critique de la société américaine de ces 30 dernières années, de Nashville à Dallas en passant par Kansas City, Savannah, Los Angeles et Hollywood avec The Player, sur l’industrie du show-biz qui ne l’a jamais beaucoup aimé, Robert Altman change d’époque et de continent avec Gosford Park. Marchant sur les traces de James Ivory, il est allé planter sa caméra en Angleterre, dans une aristocratique demeure qui a servi de cadre aux Remains of the Day de son compatriote, sans pour autant perdre son œil acéré. Nous sommes en novembre 1932 : Sir Willam McCordle (Michael Gambon) et Lady Sylvia (Kristin Scott Thomas) accueillent parents et relations pour une partie de chasse. Chacun débarque avec sa domesticité. Avant la fin du week-end, le maître de maison sera assassiné. Et même plutôt deux fois qu’une. Castes et classes Robert Altman, qui est passé maître dans l’art de filmer les portraits de groupe (Short Cuts a influencé maints cinéastes), a réuni une quarantaine de personnages : aristocrates snobs et plein de morgue, parvenus américains et domestiques qui reproduisent au sous-sol le système de castes et classes qui existe au-dessus. Il connaissent tous les secrets de leurs maîtres et savent bien que chacun ou presque a des mobiles, ce qui complique singulièrement la tâche de l’inspecteur Thompson (Stephen Fry). Il y a la tante Constance (Maggie Smith), les deux sœurs de Sylvia et leurs maris, Ivor Novello (Jeremy Northom), cousin de Sir William devenu un acteur à succès en Amérique, Morris Weissman (Bob Balaban), un producteur de Hollywood et son valet (Rayn Philippe). À l’étage inférieur : le majordome (Alan Bates), le premier maître d’hôtel (Richard E. Grant), la gouvernante (Helen Mirren), la première femme de chambre (Emily Watson) etc. Dans un ballet fluide et parfaitement orchestré, Robert Altman filme d’une caméra alerte le tableau d’un monde en voie de déclin avec une ironie désabusée, vu du point de vue de ces témoins invisibles et silencieux que sont les domestiques. «Il fallait un meurtre pour que les personnages tombent les masques, dit le cinéaste dont c’est la première énigme policière. En découvrant la cruauté qui les anime, nous les voyons aussi avec une humanité grandissante qui efface l’âge, la classe sociale, le sexe», explique-t-il.
Robert Altman est de retour en grande forme avec «Gosford Park», qui marie l’esprit de La règle du jeu de Jean Renoir et l’intrigue policière version «Dix petits nègres» d’Agatha Christie, un film qui lui a valu cinq nominations aux Oscars, décernés le 24 mars. Le cinéaste, lauréat d’une Palme d’or à Cannes pour M.A.S.H et d’un Ours d’or à Berlin, le mois...