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Actualités - OPINION

Poussières de paix

Bien avant que ne s’ouvre le sommet de Beyrouth, le spectacle a d’ores et déjà commencé. Les hôtels sont en train de racler jusqu’aux chambres de bonnes, caves et buanderies pour loger la horde des accompagnateurs, et Négib Mikati, pantalon retroussé jusqu’aux genoux, lave à grandes eaux le sous-produit de son art graphique sur chaussée. Voilà pour le contenant, passons au contenu : une vieille résolution de l’Onu datant de 1967, rapidement dépoussiérée et plagiée sans vergogne par un Saoudien qui fantasme sur le trône imbibé de pétrole de son frère. Pas vraiment de quoi faire grimper aux rideaux. Le seul copyright dont le prince Abdallah pouvait encore se prévaloir sur ce texte chapardé était le mot «normalisation». Eh bien, les Syriens se sont chargés de le lui faire manger, le forçant à régurgiter, avec force borborygmes, le vocable abscons de «paix globale». Le roi adjoint est nu avant même que d’avoir commencé à régner. À se demander où les Arabes vont chercher tout ce jus de crâne, alors qu’il leur suffisait de se poser la colle suivante : pourquoi les Hébreux, qui avaient refusé d’appliquer toutes les résolutions de l’Onu depuis 1948, alors qu’Ariel balayait encore les chiottes dans les casernes, accepteraient-ils d’y souscrire maintenant que le gros baril rase gratis dans les Territoires ? Dire que, durant deux jours, des centaines de délégués à la mine compassée vont se triturer les méninges pour tantôt biffer une diphtongue, tantôt accoupler deux consonnes sur un parchemin décrépi qui servira aux Israéliens à s’asseoir dessus ! Et tout ça sous la garde de 8 000 gendarmes paranoïaques qui vont zapper entre nos pattes, en se donnant des airs de bâtisseurs d’histoire. Puis quand ils finiront de la résolution de 1967, ils iront sans doute tripatouiller celle de 1956 puis de 1948. À ce train, ce n’est plus de la politique mais de la paléontologie… Gaby NASR
Bien avant que ne s’ouvre le sommet de Beyrouth, le spectacle a d’ores et déjà commencé. Les hôtels sont en train de racler jusqu’aux chambres de bonnes, caves et buanderies pour loger la horde des accompagnateurs, et Négib Mikati, pantalon retroussé jusqu’aux genoux, lave à grandes eaux le sous-produit de son art graphique sur chaussée. Voilà pour le contenant,...