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Actualités - CHRONOLOGIE

Vie politique - La récession se fait trop pressante Les dirigeants d’accord pour calmer le jeu

La priorité socio-économique, qui devient étouffante pour ne pas dire plus, force les présidents à mettre de côté leurs différends. Et même à déployer des efforts concertés pour apaiser les tensions d’où qu’elles proviennent. En répétant en chœur le vieux slogan : tous les Libanais sont embarqués à bord d’un même navire. Pour en éviter le naufrage, il s’agit de multiplier les colmatages, à travers des projets de lois que la Chambre est invitée à ratifier rapidement, sous peine d’assumer la responsabilité de la perdition. L’on entend dès lors le président de l’Assemblée, M. Nabih Berry, répéter que la gravité de la situation économique interdit les secousses politiques comme les prises de position en flèche, le traitement salvateur étant de la responsabilité de tous et de tout un chacun. Il souligne que l’heure n’est pas aux règlements de comptes, que nul ne doit chercher à marquer des points et que toutes les parties, tous les secteurs doivent porter ensemble le fardeau. M. Berry se range dès lors sous la bannière du gouvernement pour rejeter les pressions sur la livre. Le chef de l’État, M. Émile Lahoud, soutient de même le gouvernement, en exprimant l’espoir que les mesures prises puissent endiguer la crise. Sur le plan pratique, la plupart des spécialistes s’accordent à prévoir que cette année devrait être celle des privatisations. Selon M. Berry, citant des sources ministérielles, le programme devrait rapporter quelque 5 milliards de dollars en trois ans. Il relève que cet apport, pour important qu’il paraisse, ne permettra pas au Liban de sortir du rouge. Car les fonds iraient principalement au service de la dette publique, c’est-à-dire au paiement des seuls intérêts, sans trop réduire le capital. Selon M. Berry, un dégagement véritable nécessiterait l’obtention de 10 milliards de dollars en une seule année. Il estime que cela pourrait être possible par la privatisation en bloc de la Régie des tabacs, du téléphone fixe, du cellulaire, de l’électricité comme d’un certain nombre d’autres secteurs secondaires. De la sorte, l’État se dégagerait à son avis de la dette extérieure et rétablirait la confiance en prenant soin de comprimer et de réorienter les dépenses publiques. L’allègement du déficit budgétaire qui en résulterait, conclut M. Berry, produirait du même coup une baisse du coût des intérêts sur la dette intérieure. L’on spécule donc beaucoup dans les cercles politiques sur le volume des privatisations. En se demandant surtout si l’État trouvera des repreneurs et a fortiori à des prix intéressants. Sous la pression, le gouvernement pourrait être tenté de brader des secteurs. Mais nombre de députés indiquent d’avance qu’ils refuseront de souscrire à une telle démarche. En exigeant que l’on procède par voie d’offres et d’adjudications pour faire monter les enchères. Ce qui fait un peu sourire des professionnels, pour qui une évidence s’impose : la concurrence ne joue pas quand il n’y a pas de demande sur la marchandise proposée. Ce qui est généralement le cas pour les produits libanais privatisables. Sans compter que la récession mondiale n’encourage pas spécialement les investissements hasardeux. Cependant, les mêmes sources soulignent que la Régie des tabacs et tombacs fait exception, car c’est un créneau évidemment rentable. Les spécialistes prévoient qu’elle pourrait être rapidement privatisée et pourrait rapporter au moins 2,6 milliards de dollars au Trésor, de surcroît payables d’avance. Ils ajoutent qu’il serait possible de maintenir le soutien accordé aux planteurs de tabac, en prenant en compte l’inflation des prix comme l’augmentation de la production qui atteindrait les 11 millions de kilos par an. De même, selon ces experts, il serait possible de garantir aux employés de la Régie la sécurité de l’emploi, les départs normaux à la retraite devant réduire le personnel d’ici à l’an 2 006 à 800 salariés. Les recettes de douane sur le tabac et les ventes de la Régie font faire rentrer dans les caisses de l’État 280 millions de dollars par an. Les 2,6 milliards de l’éventuelle privatisation pourraient gommer 85 % du déficit budgétaire. Le téléphone et le cellulaire paraissent plus difficiles à privatiser. Les estimations concernant ce secteur restent d’ailleurs contradictoires. Le ministre concerné, M. Jean-Louis Cardahi, refuse, dit-il, de brader, mais ne livre pas les chiffres qu’il aurait en tête. Un dossier qui doit faire l’objet d’une étude commandée à une société spécialisée. En tout cas, le ministre a réussi à convaincre les deux compagnies sortantes du cellulaire à retirer leurs procès, en attendant les mises aux enchères. Dans l’espoir que, connaissant le marché, elles pourraient décrocher elles-mêmes les contrats de concession futurs pour 20 ans. Quant à l’électricité, elle n’est évidemment pas privatisable dans son état actuel. Personne n’en voudrait tant que les factures ne peuvent pas être recouvrées à 90 % au moins et que les branchements illicites continueraient à foisonner. Les choses ne se présentent pas bien non plus pour la MEA à cause de la crise mondiale de l’aviation. En tout cas, la réduction éventuelle de la dette publique ne servirait pas à grand-chose si elle ne s’accompagnait d’une réduction semblable du déficit budgétaire. C’est-à-dire d’une compression drastique des dépenses publiques par l’éradication du gaspillage. Le ministre Nagib Mikati souligne que le budget du Liban est beaucoup trop élevé par rapport au produit national et à l’économie du pays. Il ajoute qu’il faut le réduire, le rendre plus efficace en amoindrissant les pertes quotidiennes, en luttant contre le gaspillage et en revoyant à la baisse le volume même des institutions étatiques. Émile KHOURY
La priorité socio-économique, qui devient étouffante pour ne pas dire plus, force les présidents à mettre de côté leurs différends. Et même à déployer des efforts concertés pour apaiser les tensions d’où qu’elles proviennent. En répétant en chœur le vieux slogan : tous les Libanais sont embarqués à bord d’un même navire. Pour en éviter le naufrage, il s’agit...