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Actualités - CHRONOLOGIE

Social - Une manifestation qui consacre la fracture au sein de la CGTL Sept mille travailleurs en colère conspuent Hariri et son cabinet (PHOTOS)

Près de 7 000 personnes ont hurlé leur rage à pleine voix, place Riad el-Solh, en espérant que leur voix porte jusqu’au Sérail, à l’heure où le président du Conseil Rafic Hariri recevait ses visiteurs. Malgré les pourparlers effectués entre le président de la CGTL, Ghassan Ghosn, et le Premier ministre depuis le début de la semaine – et qui ont provoqué une division au sein de l’organisation ouvrière –, une importante manifestation a traversé Beyrouth pour arriver au centre-ville, menée par les syndicats de l’opposition. Une grève a été également observée dans plusieurs régions du pays. Les habitants de Beyrouth, eux, comme à chaque manifestation pacifiste, ont été bloqués dans d’inextricables embouteillages. Les véhicules tout-terrain des FSI, les jeeps, les pompiers et leurs lances, les brigades antiémeutes... bref tout ce que le ministère de l’Intérieur déploie pour une manifestation pacifiste était au rendez-vous. Six fédérations donc, et non des moindres, ont réussi à mobiliser plus de 7 000 personnes qui se sont rassemblées hier matin à Mousseitbé, pour traverser ensuite le rond-point Cola, Bachoura, et arriver enfin place Riad el-Solh. C’est là que la marche des syndicalistes s’est arrêtée. Les forces de l’ordre, qui avaient massivement encadré la manifestation, avaient bloqué (entre autres) les passages menant au Grand Sérail et à la place de l’Étoile. Les manifestants, munis de marmites, de casseroles, de tambourins, d’assiettes, de plateaux de cuisine, de bassines, de boîtes vides de lait en poudre, et d’autres, beaucoup d’autres, accessoires faisaient un bruit d’enfer. Appartenant à six fédérations, dont la Confédération nationale des ouvriers (qui regroupe seize organismes), et les enseignants du secteur public, notamment le Comité de coordination de la Ligue des instituteurs, et le comité des professeurs à plein-temps de l’Université libanaise, ils ont réclamé la supression de la TVA, la protection de la main-d’œuvre libanaise, la lutte contre la corruption, le sauvetage de la sécurité sociale, menacée de faillite, et à l’arrêt de la fuite des cerveaux. La Ligue pour la protection des droits des locataires, la Fédération des handicapés du Liban, le Secours populaire (qui a participé à l’événement avec trois ambulances qui ont accompagné les ouvriers de Mousseitbé jusqu’à la place Riad el- Solh), ainsi que beaucoup de jeunes et d’étudiants ont également pris part à la manifestation. Distribution de pain L’ancien député de Beyrouth Najah Wakim, le secrétaire général, le secrétaire général adjoint et l’ancien secrétaire général du Parti communiste, Farouk Dahrouge, Saadallah Mazraani et Georges Haoui, le vice-président de l’Organisation populaire nassérienne (OPN) Oussama Saad, notamment, ont participé à la marche. Signalons également la présence (surprenante) de deux représentants du Conseil exécutif de la CGTL, Maroun Khawli, et Roland Adouane. Les banderoles dénonçaient le pouvoir «qui a appauvri les citoyens et endetté le pays». D’autres mettaient en garde contre une nouvelle Argentine. Tout en invitant le Premier ministre à démissionner et en l’accusant de voleur («Hariri, harami»...) les manifestants, qui brandissaient des drapeaux libanais et ceux du Parti communiste, ont distribué des morceaux de pain, emballés dans des sacs en plastique sur lesquels on avait inscrit : «C’est votre dernière bouchée». Une caricature montrant un homme gros demandant à un autre très frêle : «Tu es chrétien ou musulman ?» et le chétif répond : «J’ai faim», a aussi circulé. Bref, hier midi, la place Riad el-Solh était noire de monde. Et la foule était bien différente de celle que l’on croise, de jour comme de nuit, ordinairement dans le centre-ville. Devant le barrage humain formé par plusieurs rangs d’agents des FSI, destiné à empêcher les manifestants d’atteindre le Sérail, M. Wakim a pris la parole pour souligner que «les mouvements de protestation populaire se poursuivront», relevant que «ce n’est qu’un premier pas pour venir à bout des politiques qui ont appauvri la population». M. Tannous Andraos, président de la Confédération nationale des ouvriers, a, pour sa part, qualifié de «mascarade» le compromis entre le gouvernement et la CGTL. «L’actuelle présidence a été très simplement parachutée à la tête de la centrale», a-t-il poursuivi. Le président de la Ligue des professeurs à plein-temps de l’UL, Bahige Rahbane, a indiqué que «ce mouvement constitue un premier pas pour fédérer et protéger les droits de tous les enseignants». Quant au président du syndicat des chauffeurs de taxi, Abdel-Amir Najdé, il a mis en garde contre «une nouvelle Argentine». Et de déclarer que «ce mouvement n’est que le début d’une série de grèves et de manifestations». Le débrayage a été largement respecté dans les écoles et les lycées au Nord, au Sud, au Chouf et dans la Békaa. La Confédération nationale des ouvriers devrait se réunir au début de la semaine prochaine. D’autres mouvements de protestation devraient suivre. Il semble, comme le disaient nombre de manifestants présents place Riad el-Solh, que l’événement d’hier est appelé à se renouveler et mobilisera un nombre de plus en plus grand de personnes.
Près de 7 000 personnes ont hurlé leur rage à pleine voix, place Riad el-Solh, en espérant que leur voix porte jusqu’au Sérail, à l’heure où le président du Conseil Rafic Hariri recevait ses visiteurs. Malgré les pourparlers effectués entre le président de la CGTL, Ghassan Ghosn, et le Premier ministre depuis le début de la semaine – et qui ont provoqué une division...