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Actualités - OPINION

Dossier régional - La proposition de l’émir Abdallah en vedette Déblocage improbable tant que Sharon est en scène

Un ancien ministre, dont l’avis est largement entendu et partagé à Beyrouth, affirme qu’il n’y a aucune chance de parvenir à une paix régionale équitable tant que Sharon reste au pouvoir en Israël. Cependant, la proposition de l’émir Abdallah d’Arabie saoudite, applaudie en Occident, reste extrêmement importante. Par son timing autant que par son contenu. Car, dit ce spécialiste, au moment même où la crise relationnelle semble atteindre son paroxysme, le prince vient réfuter les appréhensions israéliennes dont Sharon s’arme pour justifier son hostilité viscérale aux Arabes. Une exploitation de thème qui, jusque-là, avait largement porté ses fruits du côté, essentiel, de Washington. On sait en effet que l’Administration Bush a soutenu presque sans aucune réserve le plan sharonien de répression visant à briser l’intifada palestinienne. La traque des activistes, la quasi-séquestration d’Arafat, les coups portés directement aux services de l’Autorité et même, à la limite, les assassinats ont été acceptés de fait comme légitimes par les Américains. Soûlés encore plus par des médias que le lobby sioniste contrôle que par les plaidoyers de Sharon. Une campagne rendue efficace, on le sait, par la psychose que les attentats du 11 septembre ont provoquée aux States. Pour tout dire, Israël a su profiter des circonstances pour prétendre qu’il est à présent lui-même en danger, dans un environnement menaçant. Ce thème du bon entouré de méchants qui a accompagné la naissance même de l’État hébreu s’était beaucoup émoussé au fil des ans. D’abord après la défaite arabe de 67. Ensuite à travers la paix de Camp David avec l’Égypte, puis le traité de Wadi Arba avec la Jordanie et les accords d’Oslo avec les Palestiniens. Mais Israël a su rebondir sur la montée en puissance des mouvements intégristes islamistes pour affirmer qu’il se trouve de nouveau le dos au mur. En affirmant que des puissances comme l’Irak ou l’Iran sont capables de le matraquer avec des missiles, voire avec des engins chimiques ou nucléaires. Et en soulignant à l’adresse des Américains, pour mieux les convaincre et pour prêcher un converti, qu’eux-mêmes, distants de plusieurs milliers de kilomètres, n’avaient pas pu se protéger contre un Ben Laden qui symbolise la haine islamiste. Dès lors, l’initiative de l’émir Abdallah ben Abdel Aziz, qui promet une normalisation effective des relations arabo-israéliennes en cas de restitution des territoires occupés (Palestine comprise), vient neutraliser pour une large part la propagande sioniste. La balle est de la sorte relancée dans le camp israélo-américain. Washington, promoteur du processus de Madrid, se voit maintenant confirmer que les Arabes sont vraiment demandeurs de paix. Certains responsables israéliens ont répondu favorablement à la proposition Abdallah. Mais l’ancien ministre cité estime que cette réaction est d’ordre purement tactique et qu’elle vise essentiellement à donner le beau rôle à l’État hébreu aux yeux de l’opinion occidentale. Car si Israël voulait vraiment la paix, il n’aurait pas refusé de se retirer du Golan pour regagner la ligne du 4 juin 1967, ni de la Cisjordanie pour appliquer les accords d’Oslo. Dans le même esprit, cette personnalité pense que le gouvernement israélien peut faire semblant d’accueillir positivement l’offre arabe, quitte à trouver ensuite mille et un moyens de la torpiller. Les prétextes ne manquent pas en effet. On sait ainsi qu’Israël n’est pas d’accord avec l’interprétation de la 242 qui parle de retrait total des territoires arabes, affirmant que le texte évoque un retrait de territoires qui serait donc partiel. En outre, Israël soutient que la normalisation relationnelle qui conditionne la paix doit être exhaustive, englober aussi bien les échanges commerciaux et culturels que les rapports diplomatiques. C’est-à-dire une paix des peuples et non pas des gouvernements seulement, ce qui est utopique à moyen terme, comme le prouve l’expérience de l’Égypte. Il est en effet évident que ce n’est pas du jour au lendemain que l’on peut effacer les séquelles d’un conflit séculaire. Sans aller jusque-là, conclut l’ancien ministre, il est probable que Sharon exigera, avant toute discussion portant sur la proposition Abdallah, l’arrêt de toutes les opérations de la résistance palestinienne. Voire la liquidation des organisations actives. Émile KHOURY
Un ancien ministre, dont l’avis est largement entendu et partagé à Beyrouth, affirme qu’il n’y a aucune chance de parvenir à une paix régionale équitable tant que Sharon reste au pouvoir en Israël. Cependant, la proposition de l’émir Abdallah d’Arabie saoudite, applaudie en Occident, reste extrêmement importante. Par son timing autant que par son contenu. Car, dit ce...