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Actualités - CHRONOLOGIE

CONFÉRENCE - Les Mardis de la galerie Nalbandian Michel Eddé : « L’Odyssée, ou le parcours fascinant des monnaies à travers l’Histoire »(PHOTOS)

C’est dans le cadre des manifestations culturelles des Mardis de la galerie Nalbandian que Michel Eddé, ancien ministre, et spécialiste dans l’art numismatique, a donné une conférence, devant un public éclectique ; spectateurs fidèles au rendez-vous, venus nombreux écouter les différents aspects relatifs à ce domaine. Michel Eddé a commencé par introduire ce concept qui tient de la science et de l’art. Mi-science, parce qu’en fait, en tant que collectionneur, il n’importe donc pas d’accumuler des monnaies anciennes mais d’y découvrir en même temps l’époque durant laquelle la pièce a été frappée, son histoire à travers des faits historiques, mais aussi des indices repérables sur la pièce elle-même, la géographie de l’époque et le mode de vie vécu durant cette même période. Mi-art, parce que les pièces répondent à certains critères de rareté, de beauté du travail du graveur, de qualité de la frappe et de conservation. Michel Eddé a ensuite expliqué comment il a constitué sa collection de monnaies antiques grecques, il y a maintenant près de 40 ans. Il avait commencé d’abord par collectionner les monnaies byzantines et les monnaies islamiques et en particulier de l’époque omeyyade. N’ayant pas pu acquérir le dinar de l’année 77 de l’Hégire qui est la première année de la réforme monétaire appliquée par le calife Abdel Malak Ben Marwan, à cause du prix astronomique atteint par cette pièce qui n’existe qu’à quelques exemplaires, dont la plupart se trouvent dans des musées, il avait abandonné la collection des monnaies islamiques comme il avait à cette époque abandonné aussi la collection des monnaies byzantines qui ne présentait pas un intérêt artistique suffisant. C’est alors qu’il est tombé sous le charme des monnaies grecques, pour lesquelles il s’est pris de passion, et depuis cette date, il n’a cessé de rechercher les plus belles pièces et les plus rares, préférant avoir un nombre limité de monnaies grecques mais de qualité exceptionnelle plutôt que d’avoir un grand nombre de pièces ordinaires et qui existent en centaines ou en milliers d’exemplaires, et qui de ce fait n’offrent qu’un intérêt très limité. Michel Eddé a ensuite expliqué que le monnayage grec est en fait à l’origine de tous les monnayages depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, à l’exception du monnayage chinois qui comporte des signes et qui est resté limité à la Chine proprement dite. C’est ainsi que le monnayage romain, et les monnayages phénicien, perse, byzantin, arabe, et d’une manière générale, tous les monnayages connus se sont inspirés du modèle grec. Michel Eddé a rappelé qu’avant la création des pièces de monnaie par les Grecs, les peuples de l’Antiquité utilisaient du métal précieux (or, argent ou bronze) sous forme de lingots (talents, sicles...). C’est ce que les Phéniciens par exemple utilisaient ainsi que les Grecs auparavant dans leurs échanges commerciaux. La première monnaie connue a été frappée par le célèbre roi de Lydie, Crésus, dont le nom est passé dans le vocabulaire pour désigner un homme colossalement riche. En effet, la Lydie qui n’est pas proprement dite grecque et se trouve en Asie Mineure (actuellement la Turquie) avait subi l’influence grecque et avait été ensuite entièrement hellénisée. La Lydie recelait des mines d’or importantes, et le fleuve Pactole qui coulait en Lydie charriait des pépites d’or ou d’electrum, qui est un alliage naturel d’or avec une certaine teneur d’argent, ainsi que du sable aurifère en grandes quantités, à telle enseigne que le nom «Pactole» lui-même est entré lui aussi dans le vocabulaire pour désigner une grande richesse. Les premières monnaies frappées par Crésus étaient constituées par des pépites sur lesquelles était frappé un coin gravé représentant le protomé d’une tête de lion dévorant un boeuf. La première monnaie grecque proprement dite a été frappée dans l’île d’Egine, en mer Egée. Ces monnaies avaient pour emblème soit une tortue terrestre soit une tortue marine. Michel Eddé a rappelé que l’importance du monnayage grec provient du fait que chaque cité grecque ou hellénisée tout au long de l’Antiquité a battu monnaie en choisissant chacune un symbole qui leur était propre et qui était constitué ou par des dieux et des déesses, ou des têtes de rois et de reines de l’époque d’Alexandre et des Diadoques tels que Seleucus, Ptolémée, Lysimaque, Antigone, etc., ou par des animaux terrestres ou marins, ou par des arbres, des plantes, des céréales... Le nombre des cités grecques qui ont battu monnaie est supérieur à la centaine. Les monnaies grecques ont ainsi une valeur artistique exceptionnelle grâce au travail remarquable des graveurs et des sujets traités alors que les monnaies romaines ne représentent que des bustes d’empereurs, d’impératrices, de consuls, de prêteurs et questeurs... Ce qui est aussi le cas des monnaies byzantines sur lesquelles sont représentées des têtes d’empereurs et d’impératrices, alors que les monnaies arabes, du fait que l’islam est iconoclaste et n’admet pas la représentation de figures humaines ou animales, ne portent que des inscriptions islamiques calligraphiées. Michel Eddé a rappelé aussi que le monde hellénique ne comprenait pas simplement la Grèce proprement dite que nous connaissons de nos jours, mais couvrait en plus des cités des pays du centre hellénique, c’est-à-dire la Grèce proprement dite, la Macédoine et les îles de la mer Egée, qui était une mer grecque, l’Occident hellénique, c’est-à-dire surtout la Cicile qui a joué un rôle capital dans le monnayage grec, le Sud de l’Italie, et l’Orient hellénique et l’Asie Mineure, c’est-à-dire toute la côte turque et une grande partie de l’intérieur de la Turquie actuelle, la Syrie, la Phénicie jusqu’à l’Afghanistan, qui était connu sous le nom de «Bactriane», et l’Égypte. De plus, l’influence des Grecs de Cicile s’était étendu à toute l’Afrique du Nord et en particulier à Carthage, dont les monnaies appelées monnaies «siculo-puniques» étaient magnifiques et ont atteint un sommet de l’art numismatique. Michel Eddé a enfin projeté les diapositives d’un échantillon des monnaies exceptionnelles qu’il possède et qui proviennent d’un ensemble de cités grecques telles que Athènes, Corinthe, Amphipolis, Rhodes, Lampsaque, Cyzique, Aïnos, Delphes, Elis et d’autres villes du sud de l’Italie telles que Tarente et Reggium et enfin de Cicile, telles que Syracuse, Naxos, Zancle-Messine, Catane, Leontini, Géla, Akragas (Agrigente) et les plus belles pièces carthaginoises. Michel Eddé a conclu en disant que ce qu’un collectionneur doit rechercher en priorité de nos jours, c’est l’authenticité des pièces, parce que, malheureusement, les fausses pièces circulent en très grandes quantités et sont produites dans des usines se trouvant partout dans le monde. Voilà pourquoi il est impératif de savoir qu’il n’y a pas d’«aubaines» et qu’il convient de faire ses achats dans des ventes publiques, sur base de catalogues diffusés partout avec la garantie de reprise de la part des vendeurs en cas de découverte de fausses pièces de monnaie. Une passion certes qui dure depuis plus de 40 ans et qu’il a su communiquer à tout son auditoire enthousiasmé, qu’il a réussi à faire vibrer l’espace d’une heure et demie de magie.
C’est dans le cadre des manifestations culturelles des Mardis de la galerie Nalbandian que Michel Eddé, ancien ministre, et spécialiste dans l’art numismatique, a donné une conférence, devant un public éclectique ; spectateurs fidèles au rendez-vous, venus nombreux écouter les différents aspects relatifs à ce domaine. Michel Eddé a commencé par introduire ce concept qui...