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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - L’Orchestre symphonique national libanais, à l’église Saint-Joseph – USJ Des compositeurs turbulents pour un authentique chant de la terre(PHOTO)

Fastueuse, dynamique, lyrique et colorée est cette musique, authentique chant de la terre, qui a déferlé comme la houle des vagues entre les rosaces illuminées de l’église Saint-Joseph des pères jésuites (USJ). L’église était littéralement bondée et le public se pressait jusqu’au parvis extérieur. L’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de Harout Fazlian (qui avait aussi dirigé il n’y a pas encore très longtemps une excellente soirée consacrée exclusivement à Tchaïkovsky) a présenté aux mélomanes des partitions débordantes de vie , de rythme , de couleurs folkloriques et de sentiments agités… Un cocktail corsé et explosif. Au menu, des compositeurs «turbulents» : Liszt, Enesco et Khatchadourian. Ouverture puissante et ultra romantique avec la Rhapsodie hongroise n2 de l’un des plus grands virtuoses du clavier. Ici il s’agit bien entendu de la version orchestrale, concoctée par Liszt même. Vive, aux rebondissements multiples, aux accalmies et aux éclats imprévisibles, fougueuse et sombre dans ses méditations explosives, cette œuvre tzigane et éruptive a des effets oscillant entre moment lent voluptueux et accéléré nerveux. Conciliant langueur et célérité, cette musique, entre tornade et éclaircie, dès ses premiers accords ténébreux et tragiques, restitue l’âme d’un peuple qui ne possédait alors ni patrie, ni lois mais gardait jalousement sa langue, ses costumes et ses mœurs. Pour prendre le relais, comme un prolongement à cet hommage exalté et exaltant aux racines et à la terre, la Rhapsodie roumaine n1 de Georges Enesco, chef d’orchestre, pianiste et accompagnateur du célèbre Yehudi Menuhim et violoniste virtuose, qui comme Liszt, a longtemps vécu en France. Imprégnée d’une bouillonnante sève folklorique, cette œuvre toute en douceur et parfois soyeuse comme un fleuve aux détours multiples, atteste certes de l’originalité d’une narration moderne mais demeure surtout rattachée aux chants, mélodies et esprit du pays natal du compositeur. Après l’entracte, couleur grenat absolue avec la présence arménienne de Khatchadourian, appelé à juste titre le Bartok de l’Arménie. Éclatante de vitalité, tel un feu aux flammes rougeoyantes sont ces viariations tirées de Spartacus, cette musique déchaînée est un hymne à la vie et à l’amour d’une patrie. Dyonisaques, païennes, festives, infernales dans leur rythme et énergie bondissante, authentiques «bacchanales», ces variations survoltées ne laissent guère de répit à l’auditeur, d’ailleurs littéralement médusé et emporté. Plus mélancolique et déchirant, doux comme un baiser et fervent comme une prière est ce célèbre adagio où se scellent les destinées tragiques de Spartacus et Phrygie. La suite de Gayané, extraite du ballet qui porte ce nom, a fait succéder, dans une ronde enchanteresse , endiablée et rêveuse les tonalités menaçantes et guerrières de La danse des sabres, la grâce de cygne ondoyante de la danse des jeunes filles, la sensualité de la danse d’Aicha, la tendresse d’«une berceuse» et les accents martiaux d’une Lezghinka où éclatent en apothéose, sur fond de martèlement de «toumbouks» (tambourins), des cymbales réveillées en sursaut. Images sonores somptueuses, chatoyantes et riches pour dire toute l’exubérance et la beauté rebelle du pays des Naîri et des hauts plateaux battus par le vent où coule pourtant paisiblement l’Araxe… Salves d’applaudissements nourries pour une musique au lyrisme exaltant et flatteur, telle une fiévreuse poésie, les sentiments de l’appartenance nationale et l’amour inconditionnel d’une terre natale. Des profondeurs magyares aux couvents du pays de Sayat Nova en passant par les paysages tranquilles et verdoyants de la Roumanie, la musique avait le magique pouvoir d’un drapeau flottant au vent… Edgar DAVIDIAN
Fastueuse, dynamique, lyrique et colorée est cette musique, authentique chant de la terre, qui a déferlé comme la houle des vagues entre les rosaces illuminées de l’église Saint-Joseph des pères jésuites (USJ). L’église était littéralement bondée et le public se pressait jusqu’au parvis extérieur. L’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de...