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Actualités - REPORTAGE

SAINT-VALENTIN - Messages anonymes, petits cadeaux, invitations à dîner Les ados, amoureux en herbe mais surtout amis fidèles(photos)

Avoir un Valentin ou une Valentine à aimer n’est pas l’apanage des seuls adultes. Et pour cause, bien des ados, parfois tout juste sortis de l’enfance, revendiquent eux aussi, avec grande pudeur, certes, le droit d’aimer, d’être aimés, en ce jour spécial de la Saint-Valentin. Du simple message anonyme, au coussin en forme de cœur, tout est bon pour faire plaisir à l’élu(e) de son cœur, alors que les solitaires aspirent à trouver l’âme sœur. Romantiques, ils le sont, bien évidemment ! Mais pas à n’importe quel prix. L’amitié n’est pas laissée-pour-compte, quant au portefeuille, il n’en souffrira pas trop. Hauts comme trois pommes, ils ont tout juste onze ou douze ans, mais n’en connaissent pas moins le rituel propre à la fête de la Saint-Valentin. Rituel qu’ils décrivent avec pudeur. «À l’école, nous chantons des chansons pour marquer la fête de l’amour. Quelques filles et garçons envoient même à leur tendre ami(e) des lettres ou des cadeaux», raconte Alexandra qui a onze ans et demi. Et de préciser que les filles et garçons de son âge ne disent pas tout haut leurs préférences. «Ils montrent leur sympathie pour l’autre, sans la déclarer», précise-t-elle tout de go. Même si elle dit se moquer de n’avoir pas de Valentin, elle avoue qu’un cadeau ou une surprise de quelqu’un qu’elle aime bien lui ferait plaisir. Car les garçons de la classe ont prévenu les filles que le jour de la Saint-Valentin ils feront des surprises à leurs dulcinées. Boudy a 13 ans et des poussières. Cette année, il ne fêtera pas la Saint-Valentin car à l’horizon point de petite amie ou même de préférée. «J’aurais bien aimé avoir quelqu’un, dit-il. Cela m’embête un peu d’être seul». Et pourtant, Boudy avoue qu’il n’en a pas toujours été ainsi. À partir de la classe de 6e, «il est courant que chacun ait sa chacune», explique-t-il simplement, espérant tout haut qu’une fille sympa lui fasse la surprise de lui offrir un cadeau. On aime, mais on n’ose pas se déclarer À 14 ans, finie la simplicité avec laquelle on parlait de son Valentin ou sa Valentine il n’y a pas si longtemps. On parle de l’amour comme on marche sur des œufs. À demi-mots, avec pudeur, maladresse et retenue. On avoue sa timidité, sa peur d’être rejeté. On privilégie parfois l’amitié, qui est une valeur sûre. Pour montrer sa sympathie ou son amour, on glisse furtivement dans le sac ou le cartable, de celle ou de celui qu’on aime, messages anonymes, peluches ou même friandises. On se sert souvent de sa meilleure amie en guise d’intermédiaire. Les filles, généralement plus timides que les garçons, attendent sagement que ces derniers prennent l’initiative. Encore faudrait-il que ceux-ci osent prendre les devants. Les plus téméraires ont recours à la messagerie SMS du portable ou aux déclarations directes ou indirectes, sur MSN, pour déclarer leur flamme à l’élu(e) de leur cœur. Déjà, certains couples s’affichent, main dans la main, dans les cours de récréation, faisant fi des interdits et du regard des autres. Il y a deux ans, Michel avait offert à sa petite amie une carte et une rose. «Je n’avais que 12 ans et nous étions très jeunes», avoue-t-il. Mais cette année, à 14 ans, il est seul, car il n’a pas osé déclarer sa flamme à celle qu’il aime. «Celle que je préfère est quelqu’un de différent. C’est la raison pour laquelle je n’ose pas lui dire qu’elle me plaît», explique-t-il. D’ailleurs, reprend l’adolescent, nous sommes très bons amis et rien ne m’empêche de lui offrir une carte de vœux en guise d’amitié. S’il se dit convaincu que c’est mieux ainsi, Michel n’exclut pas de fêter la Saint-Valentin samedi soir, avec un groupe de copains, en compagnie de sa meilleure amie. Car, après tout, n’est-ce pas la fête des couples ? Alors, conclut-il, «il faut en profiter». À 14 ans et demi, Perla a certes un favori, élu de son cœur. Mais elle ne le fêtera pas, car elle a peur qu’il n’interprète mal son geste. «Il n’apprécierait pas que je lui offre quelque chose, dit-elle, car ce que j’éprouve pour lui n’est pas réciproque. Il est plus âgé que moi et est attaché à une autre. D’ailleurs, les garçons ne pensent pas comme nous». En revanche, elle s’attend à recevoir une petite chose d’un ami à qui elle plaît. «J’accepterais son geste, mais il ne m’intéresse pas vraiment. Je le lui ai d’ailleurs clairement signifié», avoue-t-elle. Et d’ajouter que même si elle aurait aimé avoir un Valentin bien à elle, cela n’est pas bien grave car, explique-t-elle, «je ne suis pas différente de la majorité de mes amis qui n’ont personne à l’heure actuelle». Et de conclure en disant que finalement, la Saint-Valentin n’est qu’une fête commerciale, qui vise à pousser le consommateur à l’achat. Couples d’amoureux ou d’amis, c’est pareil Au fil des ans, rencontrer l’élu de son cœur devient plus évident. Les couples se font et se défont au gré des goûts et des sympathies. À 16 ans, à l’occasion de la Saint-Valentin, de nombreux adolescents se concoctent une sortie sympathique durant le week-end (pas le jour de la fête à cause de l’école) chacun avec sa chacune, au sein d’un groupe d’amis. Nathalie a bientôt 16 ans et considère la Saint-Valentin comme une fête symbolique, une fête d’ambiance. «Comme d’habitude, nous sortirons dîner le vendredi soir, mon copain et moi, avec un groupe d’amis. Cela ne changera pas grand-chose à nos habitudes, à la seule différence que c’est la première année que je fête la Saint-Valentin et que nous serons réunis avec nos meilleurs amis», dit-elle tout simplement. En revanche, contrairement à la majorité des amoureux, le jeune couple n’envisage pas un échange de cadeaux car, explique Nathalie, «tout cela est très commercial. D’ailleurs, les prix grimpent tellement que cela n’a pas de sens». Sami et ses amis de 16 ans ont fait le projet d’inviter leurs copines à dîner samedi soir, pour la fête des amoureux. «Ce sera une surprise, dit-il, je ne vous en dirai pas plus», ajoutant qu’il ne raterait pour rien au monde cette soirée spéciale. Et même s’il est conscient de l’aspect commercial de cette fête, le jeune homme en apprécie le cérémonial et les préparatifs, d’autant plus que c’est la première année qu’il organise quelque chose pour l’élue de son cœur. Et d’ajouter que les âmes seules ne seront pas laissées-pour-compte, précisant que les membres du groupe qui n’ont pas de copines inviteront leurs meilleures amies à la soirée. C’est la seconde année que Maya passe la Saint-Valentin avec son amoureux. Le jeune couple envisage d’aller au concert samedi soir avec un groupe d’amis, mais aussi de s’offrir de petits cadeaux symboliques qui entretiennent la relation et qui montrent leur attachement réciproque. «Peut-être un ours en peluches, un cadre, ou un coussin», dit-elle, hésitante. Malheureusement, les examens semestriels ne sont pas loin et la jeune fille espère qu’elle ne ratera pas cette soirée spéciale, vu la tonne de révisions qui l’attendent. Les ados, des amoureux en herbe, certes, mais pas au point d’en oublier l’amitié, de vider leur portefeuille ou de délaisser leurs études. Qui est saint Valentin ? Il existe une forte polémique concernant l’identité de saint Valentin. Les historiens ne sont pas tous d’accord. Au total, sept saints chrétiens prénommés Valentin sont fêtés le 14 février ! Lequel, le vrai, est à l’origine de cette fête ? C’est un mystère. Nous raconterons l’histoire la plus plausible. Saint Valentin était un prêtre qui vécut à Rome au IIIe siècle. En 268, l’empereur Claude II, ayant peur du pouvoir des disciples de Jésus-Christ, fit arrêter Valentin. Refusant de renier Dieu, il fut jeté en prison où il fit la connaissance de son geôlier, dont la fille était aveugle. Touché par la douleur de cet homme, il rendit la vue à son enfant et convertit alors toute la famille à la religion chrétienne. L’empereur apprenant ce miracle fit décapiter Valentin le 14 février 268. Deux siècles plus tard, le pape Gélase 1er décida de célébrer, le 14 février, la fête de Saint-Valentin, pour mieux faire ainsi disparaître la fête païenne de la Luperca, déesse de la fécondité, qui était célébrée le 15 février. Les lupercales étaient de grandes fêtes païennes de l’amour et de la fécondité, issues de l’Antiquité. Plus poétiquement, le rapprochement de Saint-Valentin avec les amoureux pourrait venir aussi d’Angleterre. On y disait, au Moyen Âge, que les oiseaux commençaient à s’accoupler le 14 février. Cette légende traversa les siècles, et dès lors saint Valentin devint le patron des amoureux, des fiancés et de tous les jeunes gens et jeunes filles. Mais ce n’est qu’en 1496 que saint Valentin est devenu le patron des amoureux, sur décision du pape Alexandre VI. La plupart des rites qui étaient associés à la Saint-Valentin ont disparu, à l’heure actuelle. Autrefois, les amoureux devaient fabriquer eux-mêmes leur carte et composer leur déclaration d’amour, chose qui se faisait dans l’anonymat. Au Moyen Âge, on appelait «Valentin» le cavalier que chaque fille choisissait pour l’accompagner dans ses sorties. Le cavalier devait alors faire un cadeau à la fille. C’est aussi le 14 février que les jeunes filles essayaient de deviner comment serait leur futur mari, en regardant les oiseaux : si elles voyaient un rouge-gorge, elles se marieraient avec un marin, un moineau signifiait un mariage heureux, mais avec un homme peu fortuné, tandis qu’un chardonneret indiquait un mariage avec un homme riche. En même temps que le christianisme s’étendait, la coutume d’envoyer les cartes, le jour de la Saint-Valentin, se développait. La plus ancienne carte fut envoyée en 1415 par Charles, duc d’Orléans, à son épouse, alors qu’il était prisonnier dans la tour de Londres. Au box-office, peluches, fleurs, coussins brodés, cœurs et cartes de vœux À la Saint-Valentin, jeunes et moins jeunes arpentent les boutiques de gadgets à la recherche du cadeau qui fera le plus plaisir à leur amoureux. Chez Machin Chose, où pour l’occasion la boutique est tout de rouge habillée, les adolescents représentent 75 % de la clientèle. «Ce sont généralement les jeunes, à partir de l’âge de 15 ans, qui se soucient le plus d’offrir des cadeaux», explique la responsable de la branche d’Achrafieh. Cartes de vœux, coussins brodés de «Je t’aime», peluches, pyjamas, mais aussi arrangements où dominent cœurs, ballons et roses rouges artificielles, tout est bon pour montrer son amour à l’élu de son cœur. Certes, les budgets sont restreints et dépassent rarement une trentaine de dollars, mais c’est déjà beaucoup pour le portefeuille d’un adolescent. Si les filles viennent en groupe, quelques jours avant la date fatidique, et prennent tout leur temps pour choisir le cadeau de leur copain, les garçons, eux, se décident généralement à la dernière minute. À Hamra, les choses sont quelque peu différentes. À la boutique Four Steps Down, les adolescents ne représentent que 15 à 25 % de la clientèle de la Saint-Valentin, explique M. Baaklini. La clientèle est jeune, mais elle a généralement autour de 20 ans. Une clientèle qui recherche des cadeaux à petits budgets, généralement des cœurs, des cartes de vœux, des coussins brodés de «I Love You» (car ici, on est généralement anglophone), ou des peluches ne dépassant pas 20 000 LL. «Nombreux sont ceux qui se limitent même à 5 ou 6 dollars, en raison de la crise», précise-t-il. Par ailleurs, si la gent féminine est apparemment plus soucieuse d’offrir un cadeau à l’occasion de la Saint-Valentin, certaines adolescentes achètent le cadeau de leur amoureux en cachette de leurs parents. Faire plaisir à la personne que l’on aime est finalement la finalité de la fête. Petit budget ou cadeau onéreux, «Je t’aime» ou «I Love You», l’amour n’est-il pas après tout universel ? Anne-Marie El-HAGE
Avoir un Valentin ou une Valentine à aimer n’est pas l’apanage des seuls adultes. Et pour cause, bien des ados, parfois tout juste sortis de l’enfance, revendiquent eux aussi, avec grande pudeur, certes, le droit d’aimer, d’être aimés, en ce jour spécial de la Saint-Valentin. Du simple message anonyme, au coussin en forme de cœur, tout est bon pour faire plaisir à...