Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Législatif Première étape vers la séparation de la religion et de l’État

Walid Joumblatt, Nayla Mouawad, Misbah el-Ahdab, Walid Eido, Robert Ghanem, Bassem el-Sabeh, Élias Skaff, Yassine Jaber, Karim Racy. Et Salah Honein – l’instigateur du projet. Ces dix députés ont tous signé une proposition d’amendement de la Constitution – proposition qui a été remise hier au président de la Chambre, Nabih Berry. De quoi s’agit-il ? «Nous ne voyons aucune nécessité de donner aux leaders religieux le droit de présenter (à l’instar du chef de l’État, du président de la Chambre, du Premier ministre et de dix députés) un quelconque recours devant le Conseil constitutionnel. Surtout que certains d’entre eux ne sont pas libanais (parmi les 18 leaders religieux concernés, trois sont Syriens, deux Égyptiens et un Irakien). La seule raison de ce discours ne tient qu’à deux choses : le respect de la Constitution, de son esprit et la logique politique. Une logique qui implique que l’on n’accorde aucun droit constitutionnel, quel qu’il soit, à un citoyen non libanais – quel qu’il soit également. Un droit qui permettrait à cet étranger de bloquer la moindre initiative que prendrait le peuple libanais par le biais de ses représentants». Ces mots-là, Salah Honein les avait scandés le 4 décembre dernier, sous l’hémicycle, au cours d’une séance plénière. On s’était félicité qu’enfin soit lancé un véritable débat politique de fond. Et quel débat ! La séparation de la religion et de l’État. Quelque trente ans après les bruits et les fureurs (restés lettre morte) des pionniers – Joseph Moghaïzel et autre Émile Bitar – et des milliers de jeunes militants. On s’était félicité, mais on attendait la proposition de loi. C’est chose faite. Et ceux qui se sont engagés à défendre cette initiative appartiennent, c’est visible, à l’ensemble des principales communautés, à des blocs politiques différents – parfois même que tout oppose –, et à l’ensemble des régions libanaises. À l’exception du Hezbollah, à qui la proposition n’a pas été officiellement présentée –, sauf que l’on a appris que Mohammed Fneich aurait réagi positivement à l’initiative. Salah Honein a également été à Baabda, comme à Bkerké, présenter son projet au chef de l’État et au patriarche maronite. Pourquoi ce projet ? «Parce que nous avons urgemment besoin d’une plate-forme commune de dialogue autre que celle qui passe par un quelconque communautarisme étriqué. Nous (nous) devons de nous retrouver sur les grands dossiers nationaux autrement que de cette façon. Et c’est une chose très difficile actuellement». Soit. Mais vous ne pensez que cet état de fait est moins dû au communautarisme dont vous parlez qu’à la mainmise et à la tutelle syriennes ? «Mais si la Syrie nous a menés là où nous sommes aujourd’hui, c’est bien parce qu’elle a joué à fond la carte du confessionnalisme». Soit, encore. Et à tous ceux qui vont hurler en arguant que votre proposition est une première étape vers l’abolition du confessionnalisme politique ? Salah Honein explose : «Cette abolition est un bluff, un leurre, un mensonge. Je voudrais abolir tous les confessionnalismes – et pas qu’une partie d’un tout. Nous sommes une démocratie consensuelle et non pas majoritaire. Et j’entends bien que nous le restions. Si un jour il n’y a plus de confessionnalisme politique, ce ne sera que grâce à une totale unanimité. Ce que je veux, c’est que le pays se civilise, dans le sens qu’il devienne civil, que la justice, que l’administration, que la praxis politique deviennent civiles. Je veux que le pays évolue, et pour cela, il faut un nouveau contrat social». Maintenant, la proposition d’amendement va devoir être votée au 2/3 au Parlement. Puis envoyée en Conseil des ministres, pour donner naissance, s’il y a une majorité de pour, à un projet de loi. Qui sera renvoyé au Parlement pour un nouveau et définitif vote. La route est certes longue. Mais le projet était nécessaire. Ziyad MAKHOUL
Walid Joumblatt, Nayla Mouawad, Misbah el-Ahdab, Walid Eido, Robert Ghanem, Bassem el-Sabeh, Élias Skaff, Yassine Jaber, Karim Racy. Et Salah Honein – l’instigateur du projet. Ces dix députés ont tous signé une proposition d’amendement de la Constitution – proposition qui a été remise hier au président de la Chambre, Nabih Berry. De quoi s’agit-il ? «Nous ne voyons...