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Actualités - OPINION

La proclamation d’un État palestinien sera au centre des débats Mous, modérés et radicaux à la recherche d’une entente

L’important, tout le monde le dit et tout le monde en parle, c’est le communiqué final. Du sommet arabe, «ordinaire», que la capitale libanaise accueillera en principe fin mars. Et ce sont justement les grandes lignes directrices de ce communiqué final – outre, naturellement, les préparatifs liés à ce sommet – qui vont être au centre des entretiens du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Qui arrivera à Beyrouth dès demain jeudi. «Sur quoi – sur quelles résolutions – pourrait donc bien déboucher le sommet de Beyrouth ?» Dans les milieux politiques, on glose beaucoup sur la question. Est-ce que ces résolutions seront le reflet d’une volonté arabe commune, ou ne feront-elles que répéter ce qui a été dit et rabâché au cours des réunions des ministres des AE du Caire et de l’Intérieur de Beyrouth ? Sachant que si les États-Unis ne se sont guère intéressés à ce qui a pu être publié à l’issue de ces deux conférences, il n’en sera pas de même, loin de là, concernant les assises de Beyrouth. Ainsi, voit-on Washington exercer, certes en coulisses, de fortes pressions sur des pays arabes amis pour que les résolutions beyrouthines de la fin mars soient pondérées, mesurées, et souples. Et qu’elles laissent la porte ouverte à des négociations (israéliennes) avec l’Autorité palestinienne, la Syrie et le Liban. Sauf que ceci nécessite un appel à l’arrêt de la violence entre Palestiniens et Israéliens, et un retour des parties concernées à la table des négociations. Pour arriver, au bout du compte, à la levée du blocus dont souffre l’ensemble du peuple palestinien. Sauf que d’autres pays estiment qu’il est indispensable que les résolutions du sommet de Beyrouth soient fermes, courageuses, radicales, si la situation régionale reste telle qu’elle est. «Et si la politique israélienne de destruction et de mort à l’encontre des Palestiniens se poursuit», du moins jusqu’à la date d’ouverture du sommet. Que les participants ne peuvent plus se contenter de résolutions creuses et banales, et qu’il est grand temps de prendre en considération la température de la rue arabo-islamique. Qui crie, un peu plus chaque jour, vengeance. Quoi qu’il en soit, et à en croire l’ancien secrétaire général du palais Bustros Fouad Turk, il y a bien une chose sur laquelle les Arabes sont d’accord : la nécessité de proclamer, lors du sommet de Beyrouth, la naissance de l’État palestinien. Et reconnaître, «de facto», cet État. Une proclamation et une reconnaissance qui soulageraient beaucoup et Beyrouth (de ses cauchemars d’implantation) et Amman (de ses cauchemars de nation de substitution). Ainsi que l’ensemble des pays arabes : l’annonce de la naissance de l’État palestinien «est» un début de solution à ce dossier. Pourtant, il y a un problème – et un problème de taille : le timing de cette annonce. Qui est loin de faire l’unanimité. Les États-Unis, notamment, lient la proclamation de l’État palestinien à la relance des négociations. On parle donc de plus en plus d’une vaste campagne diplomatique, auprès de Washington et auprès des Quinze, pour les convaincre de l’importance du timing de mars. Parce que l’annonce de la naissance de l’État palestinien au cours du sommet de Beyrouth serait la résolution la plus importante jamais faite, et ferait de cette réunion «un sommet historique». Et le même Fouad Turk ne voit pas ce qui empêcherait que cette annonce se fasse à Beyrouth, en présence – ou non – de Yasser Arafat. Sachant que l’Union européenne appuie cette initiative (se rappeler la proposition française de tenue d’élections libres en Palestine), de même que les États-Unis. George Bush avait écrit au prince héritier saoudien Abdallah pour expliciter la vision US – une vision qui ne correspond à aucun plan israélien, puisqu’elle défend la naissance d’un État palestinien dynamique en Cisjordanie et à Gaza. Et que le président américain serait prêt à participer bien plus activement aux négociations de paix. Sauf que Washington met comme conditions préalables et «sine qua non» et le cessez-le-feu et la relance des négociations. En résumé, la proclamation de l’État palestinien n’est pas un sujet de litige (même Shimon Peres en parle) : c’est uniquement une question de timing. La question se pose : est-ce que la fin mars prochain sera la bonne date ? Est-ce que la diplomatie arabe saura saisir cette chance ? Est-ce que les Arabes sauront s’unir ? Et savoir enfin, clairement et d’une façon déterminée, ce qu’ils veulent ? Émile KHOURY
L’important, tout le monde le dit et tout le monde en parle, c’est le communiqué final. Du sommet arabe, «ordinaire», que la capitale libanaise accueillera en principe fin mars. Et ce sont justement les grandes lignes directrices de ce communiqué final – outre, naturellement, les préparatifs liés à ce sommet – qui vont être au centre des entretiens du secrétaire...