Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

La petite circonscription électorale, pour sortir de la « pensée unique »

Le message du carême du patriarche maronite a relancé le discours sur l’exclusion d’une partie des forces politiques libanaises du pouvoir de décision. «Il existe, dit le patriarche, une fraction du peuple libanais qui est exclue de la vie politique libanaise, et qu’on tente d’affaiblir davantage encore, alors qu’une autre fraction, qui marche suivant une ligne préétablie, jouit des avantages du pouvoir, ce qui est en totale contradiction avec la démocratie, la liberté d’opinion, le pluralisme et verse dans le sens du parti et de la pensée uniques». Un tel discours pose d’emblée la question des moyens disponibles pour corriger le déséquilibre, et assurer à tous les niveaux une entente nationale véritablement fidèle à l’esprit de l’accord de Taëf. Par où commencer, peut-on se demander ? Selon le patriarche maronite, ce déséquilibre ne peut être corrigé que par l’organisation d’élections, et donc par une loi électorale dans laquelle se reconnaîtrait la majorité des Libanais. Cette loi, le patriarche et une large frange de l’opinion en sont de plus en plus convaincus c’est la loi adoptant la circonscription uninominale. C’est donc par l’élection d’une Assemblée réellement représentative et souveraine que la réconciliation nationale, au sens politique, peut se produire. Seule une telle Assemblée sera en mesure de contrôler l’action du gouvernement et de lui demander des comptes. Son existence rendrait même inutile la formation d’un cabinet d’union ou de coalition. Toutefois, le régime en place va-t-il accepter une loi électorale adoptant la circonscription uninominale et, pour le moins, le caza comme circonscription électorale ? À l’issue des dernières élections, M. Nabih Berry avait affirmé qu’il est favorable à une nouvelle loi électorale, au cours de la première année du mandat de la nouvelle Chambre. Dix-huit mois sont passés, sans que rien ne se passe. On redoute, dans les milieux politiques, que la nouvelle loi électorale ne soit votée en catastrophe, un ou deux mois avant l’échéance, pour couper la voie à toutes les objections. Cela dit, notons que les milieux politiques considèrent que l’entente nationale par le biais d’un gouvernement où seraient représentés toutes les forces et partis politiques ne serait pas une entente, au vrai sens du mot, mais un accord sur des noms. En effet, qui peut vraiment dire si les personnalités invitées à former le gouvernement sont réellement représentatives, sinon des élections législatives ? Pour conclure, disons que faute d’une loi électorale cohérente et représentative, il serait vain de continuer à parler d’entente nationale. Les textes constitutionnels et les lois sont des conditions nécessaires, mais non suffisantes, pour protéger les droits de cette fraction de Libanais qui continuent de vivre en marge du pouvoir de décision politique, alors même que l’accord qui a permis le retour du pays à une vie politique normale n’a été rendu possible que grâce à leur concours. Dans le Liban actuel, c’est encore la force qui crée le droit. Émile KHOURY
Le message du carême du patriarche maronite a relancé le discours sur l’exclusion d’une partie des forces politiques libanaises du pouvoir de décision. «Il existe, dit le patriarche, une fraction du peuple libanais qui est exclue de la vie politique libanaise, et qu’on tente d’affaiblir davantage encore, alors qu’une autre fraction, qui marche suivant une ligne...