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Actualités - CHRONOLOGIE

Dossier régional - Le « Karine A » appartient au parti intégriste libanais, accuse Arafat Washington s’inquiète à présent des tirs de DCA du Hezbollah

«L’étau se resserre sur le Liban», notamment dans la partie méridionale du pays. Cette constatation a été faite hier par des sources très bien informées, à la suite d’une démarche effectuée par la chargée d’affaires américaine à Beyrouth, Carol Calin, qui a transmis au palais Bustros «la vive préoccupation» de son pays face aux tirs de DCA du Hezbollah contre des avions israéliens qui survolent le Liban-Sud. Cette nouvelle initiative américaine, survenue dans un contexte plus qu’explosif, et alors même que le contentieux s’alourdit de jour en jour entre Beyrouth et Washington au sujet du Hezbollah, a coïncidé avec des accusations sans précédent du président palestinien Yasser Arafat, qui a affirmé hier que le cargo Karine A et son chargement d’armes appartenaient à la formation intégriste chiite. «J’ai remis un message sur notre vive préoccupation face aux tirs de DCA et d’autres armes du Hezbollah» au Liban-Sud, a indiqué à la presse Mme Calin après avoir été reçue, à sa demande, par le secrétaire général par intérim du ministère des Affaires étrangères, Naji Abi Assi. Une démarche similaire, portant sur les survols israéliens du Liban, a été entreprise auprès du gouvernement israélien, a-t-elle précisé. «La situation est très tendue dans la région. Nous pensons qu’il est fortement dans l’intérêt tant du Liban que d’Israël, et aussi de la Syrie, de maintenir le calme à la frontière», a-t-elle dit. «Nous pensons que les actions en cours ne sont pas utiles. De plus, il semble que le dernier round ait été de la provocation», a-t-elle ajouté, sans autre détail. Les combattants du Hezbollah ont plusieurs fois tiré au cours de la semaine écoulée en direction de chasseurs-bombardiers israéliens violant l’espace aérien libanais dans le sud du pays. À trois reprises au moins, des obus ont éclaté dans le ciel, au-dessus du nord d’Israël. La formation intégriste chiite avait en outre bombardé le 23 janvier, pour la première fois depuis trois mois, le secteur des fermes de Chebaa occupé par Israël, entraînant une riposte immédiate de l’État hébreu, qui a fait intervenir son aviation et son artillerie lourde. De sources informées, citées par notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhane, relèvent que c’est la première fois que les États-Unis entreprennent une démarche au sujet du Liban-Sud pour exprimer leur inquiétude quant à des incidents qui ne sont pas liés aux opérations du Hezbollah dans les fermes de Chebaa. Selon ces sources, les États-Unis ont interrogé ces derniers jours l’Onu sur la précision des informations faisant état de chutes d’éclats d’obus de DCA tirés par le Hezbollah sur le nord d’Israël et il leur a été répondu que ces informations étaient absolument authentiques, à la lumière des rapports rédigés par la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). Or, estime-t-on de mêmes sources, en dépit du fait que ces tirs n’interviennent que parce qu’il y a des violations israéliennes de l’espace aérien libanais, ils constituent aux yeux des États-Unis des «actes de provocation» qu’il faut faire cesser. Les sources observent que la démarche de Mme Calin n’a rien de nouveau en elle-même, l’ancien ambassadeur américain à Beyrouth David Satterfield ayant souvent effectué des contacts similaires et tenu à peu près les mêmes propos. Mais la différence est qu’aujourd’hui Washington se mobilise, non pas au sujet des fermes de Chebaa, mais à propos d’éclats d’obus qui risquent de tuer ou de blesser des habitants du nord d’Israël et, par voie de conséquence, d’entraîner des représailles massives israéliennes au Liban. D’où la conclusion que «l’étau se resserre sur le Liban», d’autant que l’initiative de Mme Calin intervient au lendemain des déclarations faites à New York par le ministre israélien de la Défense, Binyamin Ben Eliezer. Ce dernier avait indiqué qu’il allait demander aux États-Unis de «s’occuper des unités du réseau terroriste el-Qaëda» qui, selon lui, «ont rejoint le Hezbollah au Liban-Sud». « S’ils vont travailler ensemble, ce n’est pas une très bonne chose pour le monde libre», avait-il ajouté. Pour un ministre libanais, ces propos constituent «l’apogée» des tentatives israéliennes de monter les États-Unis contre le Liban. «Ce qui est regrettable, souligne ce ministre, c’est que nous sommes parvenus à une situation où ce sont les Israéliens qui désignent à l’intention de l’armée américaine l’ennemi qu’elle doit combattre». Lundi, déjà, le ministre israélien des Affaires étrangères, Shimon Peres, avait accusé l’Iran d’avoir transformé le Liban en «poudrière», notamment en fournissant au Hezbollah plus de 10 000 roquettes. L’affaire du « Karine A » C’est dans ce contexte que Yasser Arafat a démenti hier toute implication de l’Autorité palestinienne dans l’affaire du cargo d’armes Karine A, intercepté par Israël le 3 janvier en mer Rouge avec 50 tonnes d’armes envoyées, selon l’État hébreu, par l’Iran aux Palestiniens. «Cette affaire est totalement mensongère. Le bateau appartient au Hezbollah qui l’avait acheté à son propriétaire irakien pour 400 000 dollars», a affirmé M. Arafat. «Les armes étaient en route pour le Hezbollah et nous n’avions rien à voir avec cette affaire, mais Sharon nous y a mêlés pour provoquer la colère de Washington (contre les Palestiniens), surtout que les armes étaient en provenance d’Iran», a-t-il ajouté. Alors même que M. Arafat tenait ces propos, à Washington, le secrétaire d’État américain Colin Powell soulignait que les États-Unis n’étaient pas en mesure de prouver que M. Arafat était personnellement impliqué dans le trafic d’armes découvert à bord du Karine A. «Sur la base des informations dont je dispose, je ne peux pas lier directement (ce trafic) au président Arafat», a déclaré le chef de la diplomatie américaine devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants (Chambre basse du Congrès). «C’est certainement une affaire qu’il aurait dû connaître, et il en avait peut-être connaissance, mais je ne peux simplement pas prouver qu’il la connaissait ou qu’il avait un contrôle direct sur l’opération», a-t-il ajouté. M. Powell a toutefois ajouté que l’Autorité palestinienne dirigée par M. Arafat devait faire toute la lumière sur cette affaire et «assumer ses responsabilités». Les États-Unis ont à plusieurs reprises affirmé que des preuves existaient d’une responsabilité au sein de l’Autorité palestinienne et appelé M. Arafat à le reconnaître, sans toutefois le mettre en cause personnellement, contrairement à Israël.
«L’étau se resserre sur le Liban», notamment dans la partie méridionale du pays. Cette constatation a été faite hier par des sources très bien informées, à la suite d’une démarche effectuée par la chargée d’affaires américaine à Beyrouth, Carol Calin, qui a transmis au palais Bustros «la vive préoccupation» de son pays face aux tirs de DCA du Hezbollah contre des...