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Actualités - OPINION

L’argent, l’Argentine et l’argentier

«L’Argentine n’existe plus», titre symboliquement dans Le Monde l’écrivain Alberto Manguel, commentant la crise dans son pays et son effondrement monétaire. Pour un pays auquel est promis le destin de l’Argentine, cette phrase sonne comme un avertissement. «Que s’est-il passé ? Pour l’essentiel, l’Argentine a cessé de croire en elle», dit Manguel. C’est bien ce qui risque de se passer pour nous. Nous sommes à l’heure de vérité, et l’heure de vérité est aussi celle des comptes. «L’homme qui a contracté la dette est-il en mesure de la régler ?» titrait à l’arrivée de Rafic Hariri la presse étrangère. Voilà cité, en premier, celui à qui les comptes doivent être demandés. Mais M. Hariri a-t-il admis ses erreurs ? En a-t-il pour autant tiré les leçons ? Pas à l’entendre répondre à Nassib Lahoud. Non, c’est M. Hariri qui a raison. M. Hariri a toujours raison. Force est de constater que M. Hariri fait son apprentissage politique avec le Liban, ce à quoi nous n’aurions pas d’objections, si cet apprentissage ne nous avait mené au bord du gouffre. Que nous ayons là un brillant ingénieur financier, cela ne fait pas de doute. Que Chirac et Pervez Musharraf fassent partie de son club d’amis, c’est certain. Mais que nous ayons à faire à un homme suprêmement habile, comme le prouvent bien les maquillages comptables auxquels il a toujours eu recours, pour tromper les Libanais sur la réalité des bilans économiques qu’il présente, voilà qui est aussi certain. Déficit budgétaire inférieur à 50 %, clame Siniora. Déficit autour de 60 %, corrigent des experts, après avoir démontré comment, par des inscriptions comptables et des retards de paiement, un bilan négatif peut se transformer en un bilan positif, et une défaite en victoire. Ce qui, disons-le au passage, est très arabe. Tout cela pour dire une chose. Rafic Hariri doit dire les choses en face. Certes, comme dit son ami Jacques Chirac, ce n’est pas en plein gué que l’on change de monture. M. Hariri est en place, qu’il y reste. Mais qu’il se le dise une fois pour toutes : l’argent public est au public. Il n’appartient pas à l’État, qui n’en est que le gérant. Cet argent, c’est celui d’une population qui l’a, le plus souvent, difficilement gagné, et qui a coûté à des centaines de milliers de Libanais des levers difficiles et des nuits d’insomnie. La dette du Liban, c’est la nôtre. On a voulu pour nous, on a décidé pour nous ? Soit ! Mais la moindre des choses, c’est que l’on nous en rende compte clairement, sans détours, sans mensonges, sans demi-vérités, qu’on nous explique comment on est arrivé à une si lourde créance. Hariri doit se mettre à l’écoute. Des commerçants, des étudiants, des grands et des petites gens, des enseignants, des fonctionnaires et même... de Nassib Lahoud. On en a trop fait à nos dépens, pour que ça continue. Désormais, aucune erreur n’est plus permise. La confiance, oui, mais les yeux ouverts. Fady NOUN
«L’Argentine n’existe plus», titre symboliquement dans Le Monde l’écrivain Alberto Manguel, commentant la crise dans son pays et son effondrement monétaire. Pour un pays auquel est promis le destin de l’Argentine, cette phrase sonne comme un avertissement. «Que s’est-il passé ? Pour l’essentiel, l’Argentine a cessé de croire en elle», dit Manguel. C’est bien ce...