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Actualités - CHRONOLOGIE

Diplomatie - Condoleezza Rice revient à la charge au sujet du Hezbollah Pressions américaines pour ajourner le sommet arabe de Beyrouth

Depuis le discours musclé du président américain George Bush sur l’état de l’Union, mardi dernier, la pression des États-Unis se fait de jour en jour plus forte sur le Liban pour l’amener à se soumettre à ses injonctions visant à neutraliser le Hezbollah, accusé par Washington de terrorisme. Alors que la conseillère de M. Bush pour la sécurité nationale, Condoleezza Rice, revenait à la charge au cours du week-end à ce sujet, des informations fiables ont fait état de tentatives américaines claires pour faire ajourner le sommet arabe cyclique, prévu à Beyrouth à la fin mars. «Nous comprenons que le Hezbollah joue plusieurs rôles à la fois, mais nous savons aussi que l’un de ses rôles les plus importants est de nature terroriste», a déclaré Condoleezza Rice dans une interviw publiée hier par le journal arabe ach-Charq al-Awsat. «Ce rôle, a ajouté Mme Rice, a causé la mort de ressortissants américains dans le passé». «Le problème pour nous consiste à nous assurer que le Liban, la Syrie, l’Iran, ou tout autre pays ne soutiennent pas le terrorisme et n’ont pas de politique qui l’encourage», a-t-elle dit. Pour cela, «nous demandons à ces pays peu de choses : démanteler les réseaux (terroristes), couper leurs voies de financement, ne pas leur accorder un asile. Voilà comment vous seriez en mesure de garantir que vous n’êtes pas des refuges pour le terrorisme», a-t-elle expliqué en s’adressant aux pays concernés. Parallèlement à ces propos, on indique de sources très bien informées, citées par notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhane, que les États-Unis ont décidé de hausser d’un cran les pressions qu’ils exercent en direction du Liban. Ainsi, selon ces sources, après avoir longtemps torpillé la réunion des donateurs consacrée à l’aide nécessaire à la relance de l’économie libanaise, connue sous le nom de Paris II, Washington a décidé à présent d’élargir ses pressions au domaine politique en cherchant notamment à obtenir l’ajournement du sommet arabe de Beyrouth, prévu les 27 et 28 mars. On précise de mêmes sources que ces pressions sont destinées à faire savoir au Liban qu’il aura un prix à payer pour avoir refusé de se conformer aux exigences de Washington et du Conseil de sécurité des Nations unies pour ce qui est du déploiement de l’armée dans la zone évacuée par Israël en mai 2000 au Liban-Sud. Ce qui est demandé de Beyrouth, c’est d’abord d’envoyer ses forces armées régulières dans les positions actuellement occupées par les combattants du Hezbollah. Puis de lever totalement la couverture officielle libanaise accordée aux opérations de la formation intégriste contre les positions israéliennes dans le secteur des fermes de Chebaa. À ce sujet, on indique que les États-Unis rejettent le point de vue du Liban et des pays arabes qui l’approuvent, selon lequel les attaques du Hezbollah sont destinées à libérer ce territoire occupé par l’État hébreu depuis 1967. Au contraire, il semble bien, à en croire les mêmes sources, qu’en dépit du caractère strictement militaire des cibles visées par les opérations du Hezbollah, la Maison-Blanche considère qu’il s’agit d’attaques terroristes et voudrait qu’un terme y soit définitivement mis. Washington va aussi jusqu’à réclamer un désarmement général du Hezbollah et, naturellement, que lui soient remis les trois membres présumés du parti que le FBI avait intégrés à la liste des terroristes les plus recherchés, Imad Moghniyé, Ali Atwé et Hassan Ezzeddine. Ces trois sont accusés par les États-Unis d’être les auteurs des attentats contre leur ambassade à Beyrouth et contre le QG des Marines en 1983, ainsi que de plusieurs enlèvements et assassinats de ressortissants américains durant la guerre libanaise. La méthode « afghane » exclue ? Toutefois, soulignent les sources informées, la poigne de fer américaine à l’égard du Liban ne s’exercera pas nécessairement selon la méthode «afghane». Washington se donne en effet une marge de manœuvre dans ses pressions, maniant tantôt le levier économique et tantôt le politique. Mais en dernier ressort, l’option militaire ne paraît pas totalement exclue, bien que, le cas échéant, elle ne concernerait que des régions spécifiques du Liban, comme celles déjà délimitées par le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, qui avait évoqué des camps d’entraînement de terroristes gérés par les Iraniens dans la Békaa. M. Rumsfeld avait indiqué que ces camps formaient des terroristes qui mènent des opérations contre «des pays du Proche-Orient et d’ailleurs». De plus, relève-t-on de mêmes sources, les satellites américains observent en permanence le territoire libanais et, plus spécifiquement, les régions visées, ce qui permet aux États-Unis d’élaborer des plans d’attaque militaire à utiliser au besoin. Toujours de mêmes sources, on souligne la marginalisation accrue du département d’État dans les dernières prises de position américaines au sujet de la lutte contre le terrorisme. Ainsi, le secrétaire d’État, Colin Powell, et ses principaux collaborateurs du service concerné par le Proche-Orient seraient très irrités d’avoir été écartés de la rédaction du discours sur l’état de l’Union, affirment ces sources, citant des diplomates arabes qui ont récemment visité le département d’État. On considère en effet dans l’entourage du secrétaire d’État que la partie du discours relative à la lutte contre le terrorisme constitue une déclaration de guerre, non seulement contre les pays formant «l’axe du mal» (Irak, Iran et Corée du Nord), mais aussi contre d’autres États de la région arabe. De plus, on estime que l’absence de référence au conflit israélo-arabe, notamment à ce qui se passe dans les territoires palestiniens, et l’exclusivité accordée à la question du terrorisme sont de nature à limiter le rôle du département d’État pour en faire un simple policier engagé dans la lutte antiterroriste. Pour en revenir au sommet arabe de Beyrouth, les sources informées précisent qu’aucun responsable libanais n’a été jusqu’ici officiellement et directement informé par les Américains de leur hostilité à la tenue de cette conférence à Beyrouth à la date fixée, même après que des informations de presse en eurent fait état. Dans son édition de samedi, le quotidien arabe al-Hayat avait en effet indiqué être en possession d’informations selon lesquelles les États-Unis se seraient dit opposés tant à la date du sommet qu’au lieu où il doit se dérouler, cette réunion pouvant fournir au Hezbollah une occasion de se renflouer. De mêmes sources, on précise que le président Bush a évoqué récemment avec le roi Abdallah II de Jordanie, actuel président du sommet arabe cyclique, un possible ajournement de la conférence, en arguant du fait que celle-ci risquait de se transformer en joute antiaméricaine. Le souverain hachémite devrait exposer ce point de vue à ses principaux pairs arabes, notamment les dirigeants égyptiens, saoudiens et syriens, et tenter de trouver avec eux une solution. On s’attend simultanément à ce que Beyrouth entreprenne en ce début de semaine une vaste série de contacts avec les pays arabes pour en savoir davantage sur les risques qui pèsent sur la tenue du sommet.
Depuis le discours musclé du président américain George Bush sur l’état de l’Union, mardi dernier, la pression des États-Unis se fait de jour en jour plus forte sur le Liban pour l’amener à se soumettre à ses injonctions visant à neutraliser le Hezbollah, accusé par Washington de terrorisme. Alors que la conseillère de M. Bush pour la sécurité nationale, Condoleezza...