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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE Le « Poplar Forest » de Jefferson Un privilège révolu, les jardins secrets présidentiels(photos)

WASHINGTON-Irène MOSALLI Il fut un temps où l’Amérique, toute puritaine qu’elle ait toujours été, ne demandait pas des comptes sur la vie privée de ses chefs d’État. Dans cette même page, nous avions présenté le «Top Cottage», la maison des amours du président Franklin Roosevelt, qui en avait lui-même conçu les plans et qui a veillé minutieusement à leur exécution. Il est un autre président, Thomas Jefferson, qui avait des talents d’architecte et qui a conçu ses lieux d’habitation : Monticello (résidence officielle), et «Poplar Forest» (en Virginie), sa maison de retraite, de détente. Cette demeure qui a été restaurée est ouverte au public. Chef d’État, auteur de la Déclaration de l’Indépendance, ambassadeur en France, propriétaire de plantations, architecte et horticulteur à ses heures, il a bâti ce refuge pour s’éloigner de ses activités publiques et il l’a gardé secret tout au long de sa vie. Aujourd’hui, cette maison est modestement meublée : une table de repas de l’époque de Jefferson et des copies des chaises lui ayant appartenu. Les originaux ont été vendus par son petit-fils Francis Eppes qui avait hérité de «Poplar Forest» en 1820. Le joyau de la propriété est son architecture : quatre pièces octogonales entourant la salle à manger, d’immenses baies vitrées, des lucarnes et partout des cheminées, murs en briques et parquet de bois. En concevant les plans, Jefferson avait en tête les différents styles d’architectures qu’il avait étudiés et qu’il avait aussi découverts durant ses nombreux voyages. Il a été inspiré par l’architecte italien du XVIe siècle Andrea Palladio et par les architectes français. Il avait installé une toilette à l’intérieur de la maison alors qu’à cette époque en Amérique, les cabinets de toilettes étaient installés à l’extérieur des maisons. Thomas Jefferson avait hérité cette propriété de son beau-père en 1773. Elle comportait d’énormes champs de blé et de tabac. Ayant souvent des problèmes d’argent, il pensait qu’elle serait pour lui une bonne source de revenus supplémentaires. Il commence la construction de la maison octogonale en 1806. Une fois son mandat présidentiel achevé, il s’y rend trois à quatre fois par an. Dans les années 1980, une association à but non lucratif a pris à sa charge de restaurer la maison et le domaine, et d’en faire un musée. Jusqu’à présent, des travaux sur le terrain sont en train de permettre de découvrir des témoignages du mode de vie qui s’y déroulait : depuis les brosses à dent jusqu’à la fine porcelaine anglaise. Également mis au jour, des habitations d’esclaves ayant des caches d’armes à feu, qui leur étaient cependant interdites. Par ailleurs, l’analyse du pollen des jardins indique que Thomas Jefferson avait une affinité pour les lilas, les roses et les peupliers qui ont donné leur nom au domaine. De sa retraite de «Poplar Forest», il disait : «C’est la plus précieuse de mes possessions… Elle est plus proportionnelle aux facultés d’un citoyen privé». Heureux temps où la vie personnelle des grands de ce monde n’était pas du domaine public même lorsque ses secrets étaient connus. Il était permis à ces grands d’avoir leur plage intime et leur moment bien à eux. Les choses ont commencé à changer depuis des décades. Jimmy Carter avait donné le ton en liquidant le yacht présidentiel, l’un des privilèges des locataires de la Maison-Blanche. Par souci de simplicité, de retenue et de transparence. Par la suite, on sait la cascade de scandales ayant éclaté au nom de cette transparence.
WASHINGTON-Irène MOSALLI Il fut un temps où l’Amérique, toute puritaine qu’elle ait toujours été, ne demandait pas des comptes sur la vie privée de ses chefs d’État. Dans cette même page, nous avions présenté le «Top Cottage», la maison des amours du président Franklin Roosevelt, qui en avait lui-même conçu les plans et qui a veillé minutieusement à leur exécution. Il est...