Rechercher
Rechercher

Actualités

Douloureuse, indispensable et salutaire austérité

Le chef de l’État a tancé, dimanche, les membres du gouvernement. Aux ministres, il a demandé de veiller à l’application des décisions prises et de relancer ainsi des services administratifs négligents. Mais ces décisions, quelles sont-elles ? Et pour quelle raison n’ont- elles pas été suivies d’application ? Le blocage est-il de nature politique, comme l’assure une source ministérielle ? Pour les décisions en suspens, elles sont innombrables. On se croirait presque devant une tare nationale, celle de faire les choses à demi, d’ajourner la tâche, de fuir devant les responsabilités. L’une des dernières en date de ces questions en suspens concerne l’un des aspects de la réforme administrative et l’élimination des fonctionnaires en surnombre dans les divers ministères. Force est de constater, en effet, que le décongestionnement de l’Administration, entamé au printemps dernier, s’est limité au ministère de l’Information, encore que beaucoup de fonctionnaires écartés demeurent à la disposition de la Fonction publique et continuent de toucher leurs traitements. Sollicités de présenter des listes nominatives de fonctionnaires en surnombre, les ministres se sont dérobés à ce devoir. Notons, entre parenthèses, qu’il est question de relancer ce processus, à la lumière d’un rapport du Conseil de la fonction publique qui sera discuté au cours du prochain Conseil des ministres. Les décisions prises à moitié, ou restées sans exécution, abondent. En voici un échantillon : recensement des terrains municipaux qu’on pourrait vendre ou louer pour assurer des rentrées au Trésor ; le sort de la MEA, dont le budget doit être équilibré, maintenant que l’idée de sa privatisation a été écartée, à la suite des événements du 11 septembre ; plan directeur pour les carrières ; assainissement des finances de l’EDL, qui dépend en grande partie d’une décision politique (perception des facteurs, répression des branchements illégaux, etc) ; situation de la CNSS (gaspillage et détournements de procédure). Il est un projet de loi approuvé en Conseil des ministres dont on ne sait absolument plus ce qu’il est devenu : il concerne la réduction des fonds réservés aux autorités publiques, présidents et ministres, et une proposition de réduction des fonds réservés aux députés et aux anciens députés. Dans le même ordre d’idées, le ministre des Finances a été chargé de présenter un rapport sur les traitements et les indemnités dans certaines institutions relevant de l’État, dans le but d’en réduire les charges. La politique d’austérité, souligne la source ministérielle citée, n’est ni bien appliquée ni totalement. La politique fiscale ne touche, pour le moment, que les catégories sociales à revenu limité et la classe moyenne. Pour faire équilibre, il est donc nécessaire de procéder enfin au règlement des infractions aux biens-fonds maritimes ou à l’impôt sur le chiffre d’affaires, en parallèle à la TVA. Le député Abbas Hachem propose même d’abolir la loi sur la représentation commerciale pour empêcher un «cartel» d’importateurs de réaliser, grâce à la TVA, des bénéfices exorbitants. Ce suivi sur le plan des décisions prises s’avère d’autant plus urgent que la privatisation de certains secteurs publics piétine. Ainsi, aucun des secteurs dont la privatisation est envisagée n’est réellement prêt à l’être, sinon les deux compagnies du téléphone mobile, qui rapporteraient quelque 2 milliards au Trésor. La MEA, elle, ne trouve plus acheteur à l’heure actuelle. L’EDL doit effectuer un énorme effort de transparence comptable, si l’on ne veut pas qu’elle soit vendue pour une bouchée de pain. Au demeurant, beaucoup estiment que l’on peut encore couper dans les budgets des ministères. Que les réductions opérées sont insuffisantes et que si elles doivent se produire, elles doivent être faites sans délai. Il n’y a plus de temps à perdre. Aucune erreur n’est plus permise. Si les mesures prises aujourd’hui l’avaient été l’année dernière, ou même avant, la situation économique serait beaucoup plus saine qu’elle ne l’est. Les coupes budgétaires, c’est aujourd’hui qu’elle doivent être appliquées pour que leurs effets paraissent sans tarder. En outre, le gaspillage et les dilapidations de fonds se poursuivent dans plus d’un ministère, office et établissement public, et l’esprit de la politique d’austérité continue de manquer dans certaines décisions prises récemment. Ainsi, on a redonné à une catégorie de salariés de l’EDL la contre-valeur de la tarification spéciale abolie l’année dernière. Ainsi, le Conseil des ministres a approuvé une comptabilisation très spéciale des indemnités de fin de service aux employés de l’EDL qui seraient victimes de la privatisation (trois mois pour chaque année de service au-delà de 20 ans de service, deux mois pour chaque année pour la période de service comprise entre 10 et 20 ans). Pour le ministre de l’Information Ghazi Aridi, «il n’existe pas de service public ni de ministère» dont les fonds ne sont pas, d’une façon ou d’une autre, gaspillés. «Au lieu de 50 milliards de réductions, nous pouvons en réaliser 200 ou 300 milliards. Ce qui manque, c’est l’énergie politique de le faire. La situation financière est si délicate que le niveau des dépenses actuelles en devient insupportable. Mais cette décision, nous en sommes responsables. C’est à nous de la prendre, même si aucun responsable n’en parle clairement». Pour M. Siniora, «les taxes qui doivent entrer en vigueur sont les moins pénibles, compte tenu de la gravité de la crise, et leur abolition conduira à des mesures plus sévères et douloureuses». Il faut donc regarder les choses en face. L’heure de vérité est là. Il faut évaluer l’action gouvernementale et sérieusement agir et réagir en conséquence pour que 2002 soit, comme l’espèrent le chef de l’État et le Premier ministre, l’année où le Liban commencera à voir le bout du tunnel. Émile KHOURY
Le chef de l’État a tancé, dimanche, les membres du gouvernement. Aux ministres, il a demandé de veiller à l’application des décisions prises et de relancer ainsi des services administratifs négligents. Mais ces décisions, quelles sont-elles ? Et pour quelle raison n’ont- elles pas été suivies d’application ? Le blocage est-il de nature politique, comme l’assure une...