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Actualités - CHRONOLOGIE

Nassib Lahoud dénonce la politique du bord du gouffre(photo)

«Maintenant que le partage s’est fait de la plus belle des façons, maintenant que chacun a rajouté dans son escarcelle une nouvelle tranche du corps de l’État, maintenant que la troïka a passé l’épreuve, satisfaite jusqu’à nouvel ordre, que l’amitié règne de nouveau – en attendant une nouvelle épreuve puis la conclusion d’un énième marché –, maintenant nous pouvons nous adresser aux hommes du pouvoir comme s’ils n’en faisaient plus qu’un, associés parfaits et solidaires, non seulement en ce qui concerne le découpage du gâteau, mais associés parfaits avec une vision unique, une décision unique, une planification unique, une responsabilité unique, bref, associés parfaits dans la conduite et la gestion du pays. Mais où sont-ils en train d’emmener ce pays ? Quel est le destin qui l’attend ? Quels chemins tordus et sinueux sont-ils en train d’emprunter ?» Cette (très) longue phrase, cet état des lieux et des choses plus que complet, Nassib Lahoud l’a martelé d’une traite, en introduction de son intervention. C’était la première des sept de la séance matinale d’hier. Une intervention forte, musclée, imparable et sans concessions. Le président du RD attaque tout de suite le cœur du sujet. Comme s’il répondait point par point au ministre des Finances Fouad Siniora, qui avait auparavant défendu avec la pugnacité qu’on lui connaît la politique budgétaire du gouvernement. Abordant d’abord la TVA, «il fallait tôt ou tard l’adopter», il précise non sans ironie que cette taxe, bien plus développée et plus moderne que la réduction des droits de douane – une mesure décrétée «d’une façon très cérémonielle» par le gouvernement Hariri l’an dernier – aurait dû venir remplacer cette dernière, et non pas s’y ajouter. «Ainsi, en un an, les recettes fiscales s’élèveront de 2 960 milliards jusqu’à 4 098 milliards de LL, c’est-à-dire une augmentation de 38 % en douze mois. Quelles seront les conséquences socio-économiques de cette énorme augmentation fiscale ? Pourquoi ne parle-t-on plus, tout d’un coup, des liaisons dangereuses des taxes et de la croissance ? Pourquoi les commerçants refusent-ils à ce point la TVA ? Qui va pouvoir supporter ces nouvelles taxes ? Et quelles seront les classes sociales qui en pâtiront le plus ? Le Trésor va glaner cette année 1 138 milliards de LL de plus que l’an dernier : chaque citoyen payera donc en moyenne 400 000 LL de plus, soit 1 900 000 LL par an, contre 1 500 000 l’an dernier. Et je ne parle là que des taxes». Et Nassib Lahoud d’ajouter que tout ceci ne prouve qu’une chose : l’absence de transparence dans la stratégie fiscale, «pour que le gouvernement soit à même d’éviter, un jour, de rendre des comptes par rapport à tout cela», souligne-t-il. Avant de (se) demander où vont, en contrepartie, les recettes du Trésor – dont toutes ces augmentations «qui n’en finissent plus», et avant de rappeler à tous ceux, au sein du gouvernement, qui l’auraient oublié, qu’il est du droit sacré du citoyen de savoir où va son dollar. De son droit de connaître «la nature de l’État, la qualité de l’Administration, la mauvaise volonté des institutions, les exactions des services». De son droit de demander à tous ceux-là les meilleurs services en contrepartie du moindre coût. «Le Libanais doit savoir que la dette va augmenter de trois milliards de dollars cette année pour arriver aux trente milliards, il a le droit de savoir que la Banque centrale a vendu l’an dernier quatre milliards de dollars pour faire face aux pressions sur le marché des changes, et qu’elle connaît de grosses difficultés avec les eurobons auprès des banques. Jusqu’à quand la Banque centrale pourra-t-elle tenir ? Et dans quel but ? Qu’est-ce que cela coûtera au Trésor ? L’intelligence, c’est de faire cesser cette course effrénée entre les augmentations fiscales et celle du service de la dette. Ou on s’en lave les mains et on attend un scénario indonésien. Ou argentin», a prévenu Nassib Lahoud. Mais il y a un troisième choix, poursuit-il. Fort de sa nouvelle expérience à la tête du Renouveau démocratique, il propose le regroupement des forces vives, socio-économico-politiques, pour mettre sur pied un plan qui serait à la hauteur de la crise, et qui comprendrait une kyrielle complète de mesures, et sur lequel toutes les parties précitées seraient d’accord. «Restructurer la dette, restructurer la politique et l’administration politique, parce que la solution ce n’est pas plus de dettes, plus de troïka, plus de services, plus de clientélisme, plus de despotisme ou de crimes contre la liberté. La solution c’est la confiance regagnée dans le système, l’État, la justice, la démocratie, les institutions. La confiance du contribuable comme celle de l’investisseur», conclut l’orateur, sous un tonnerre d’applaudissements. Et avec le pouce levé du (très) haririen Ahmed Fatfat.
«Maintenant que le partage s’est fait de la plus belle des façons, maintenant que chacun a rajouté dans son escarcelle une nouvelle tranche du corps de l’État, maintenant que la troïka a passé l’épreuve, satisfaite jusqu’à nouvel ordre, que l’amitié règne de nouveau – en attendant une nouvelle épreuve puis la conclusion d’un énième marché –, maintenant...