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MADAGASCAR - L’opposition rejette le second tour de la présidentielle Ravalomanana prépare la rue à une longue lutte

Le camp de l’opposant malgache Marc Ravalomanana a préparé hier quelque 300.000 manifestants à une lutte de longue haleine en rejetant catégoriquement un second tour face au président sortant Didier Ratsiraka. À la mi-journée, la Haute Cour constitutionnelle (HCC) l’a pourtant proclamé officiellement en tête du premier tour, avec 46,21 % des voix contre 40,89 % à M. Ratsiraka et convoqué un second tour entre les deux hommes dans les trente jours. Les neuf magistrats, nommés par le pouvoir et dont l’arrêt n’est susceptible d’aucun recours légal, ont rejeté la principale requête de M. Ravalomanana : comparer, bureau de vote par bureau de vote, les décomptes effectués par ses délégués à ceux de l’administration. Dès le 17 décembre, au lendemain du vote, M. Ravalomanana annonçait qu’il avait remporté l’élection avec 52,15 % des voix. Devant quelque 300 000 partisans réunis sur la place du 13 Mai, au centre de la capitale dont il est le maire, «Marc» a répété vendredi qu’il n’acceptait pas la décision de la HCC. Il s’agissait, de très loin, de la plus importante des onze manifestations qui ont rassemblé, depuis le 7 janvier, plusieurs dizaines de milliers de ses partisans. «Je donnerai demain ma vraie décision», a-t-il lancé en leur donnant rendez-vous samedi. Après avoir mollement protesté, la foule, composée majoritairement d’écoliers et étudiants, s’est dispersée sagement en un clin d’œil, comme chaque jour. «Marc» va-t-il réellement boycotter le second tour ? «Il est coincé vis-à-vis de son électorat et des manifestants depuis qu’il s’est proclamé vainqueur en promettant de rejeter un second tour s’il n’y avait pas au préalable confrontation des résultats», analyse un observateur étranger, sous couvert de l’anonymat. «Il n’est pas le seul à décider, la décision appartient aussi à la foule», a déclaré l’ancien Premier ministre Norbert Ratsirahonana, l’un des piliers de l’équipe de campagne de M. Ravalomanana, avant de concéder: «d’un autre côté, laisser Ratsiraka l’emporter seul n’est pas une solution idéale». «En 1991, nous avons manifesté pendant plusieurs mois et ils ont cédé», rappelle M. Ratsirahonana. Cette année-là, des manifestations place du 13 Mai et de grandes grèves à répétition avaient contraint M. Ratsiraka à quitter le pouvoir qu’il dirigeait depuis 16 ans, avant qu’il ne soit réélu en 1996. Mais le 10 août 1991, l’«amiral rouge» avait ordonné à la police de tirer sur les manifestants qui marchaient sur le palais présidentiel. Bilan : une centaine de morts au moins, selon des ONG, tués par les balles de la police, les grenades lâchées par un hélicoptère ou les mines qui entouraient le palais. «Ravalomanana fait face à une décision de justice, il doit s’y conformer et, s’il reste dans la rue, c’est qu’il cherche un nouveau 10 août», avertit José Andrianoelison, conseiller de M. Ratsiraka et l’un des responsables de sa campagne. «Pour l’instant, tout se passe sans les forces de l’ordre mais il va bien arriver un moment où il va falloir qu’elles protègent les biens et les personnes», dit-il. «On va geler toutes les administrations. Jusqu’à maintenant, c’étaient des manifestations, à partir de la semaine prochaine, ce sera la grève», lançait un manifestant. «On est prêts à se battre. En 1991, on a continué et on a gagné», affirmait un autre. «Voter, ça ne sert plus à rien, notre seul espoir, c’est de venir ici, sur la place», a lancé un jeune homme. «On ne vient pas pour nous, on vient pour nos enfants. Depuis ma naissance, cela a toujours été Ratsiraka et il n’y a rien de satisfaisant», déclarait un autre.
Le camp de l’opposant malgache Marc Ravalomanana a préparé hier quelque 300.000 manifestants à une lutte de longue haleine en rejetant catégoriquement un second tour face au président sortant Didier Ratsiraka. À la mi-journée, la Haute Cour constitutionnelle (HCC) l’a pourtant proclamé officiellement en tête du premier tour, avec 46,21 % des voix contre 40,89 % à M....