Rechercher
Rechercher

Actualités

Tchétchénie - « L’Occident ne veut pas exercer de pression sur le Kremlin », selon un ex-dissident soviétique L’Europe accusée de « non-assistance à personnes en danger »

Le refus des Européens de sanctionner la Russie sur ses exactions en Tchétchénie a remis cette «guerre oubliée» sous les feux de l’actualité, les organisations humanitaires n’hésitant plus à dénoncer «une stratégie délibérée de non-assistance à personnes en danger». Avant même que les parlementaires des 43 États membres du Conseil de l’Europe ne décident, mercredi, d’épargner la Russie, les humanitaires avaient déjà tiré la sonnette d’alarme. Médecins sans frontières (MSF) publiait ainsi, en début de semaine, un rapport faisant état, en Tchétchénie, de «civils (qui) survivent dans la terreur, dans un environnement carcéral où règne l’arbitraire, où les violences sont quotidiennes». «Parce que leur vie y est en danger, les civils continuent à fuir massivement vers l’Ingouchie voisine où ils doivent se terrer dans des conditions inhumaines», poursuit le rapport. Selon MSF, 200 000 personnes vivent réfugiées en Ingouchie, dont «20 000 à 50 000» ne sont pas prises en compte dans les enregistrements officiels, empêchant ces «clandestins» d’accéder aux distributions de vivres et de pensions. «Alors qu’il entre dans sa troisième année, le conflit en Tchétchénie n’a toujours pas été qualifié pour ce qu’il est : une guerre d’une extrême brutalité, aux conséquences très lourdes pour les civils», regrette MSF dans son rapport, qui regorge de témoignages recueillis par ses «French Doctors». «Ce n’est pas un génocide mais une entreprise de destruction d’un peuple en tant que peuple», a résumé le président de l’ONG, Jean-Hervé Bradol, en détaillant vendredi à la presse le rapport intitulé «Tchétchénie-Ingouchie : non-assistance à personnes en danger». Attitude « frileuse » À ses côtés, Sergueï Kovalev, député russe et ex-dissident soviétique, aujourd’hui âgé de 71 ans, a fustigé l’attitude «frileuse» et «à courte vue de l’Occident», qui «s’accommode de son confort et ne veut pas exercer de pression politique sur le Kremlin». Memorial, l’organisation russe de défense des droits de l’homme dont il est le président d’honneur, rapporte régulièrement des cas d’assassinats et de disparitions lors d’opérations de «ratissage» menées par les forces russes en Tchétchénie. «Le 11 septembre, Ben Laden a offert un cadeau personnel au président russe Vladimir Poutine, a déclaré M. Kovalev. Mais les Occidentaux savent que la guerre en Tchétchénie n’a aucun rapport avec la lutte contre le terrorisme. Ils sont prêts, à des fins politiques, à suivre la politique de Poutine». Dans sa résolution, adoptée par 63 voix contre 8, le Conseil de l’Europe a averti Moscou que «la légitimité des actions militaires contre les terroristes ne peut être utilisée par aucun État, y compris par la Fédération de Russie, pour justifier les manquements au respect des droits de l’homme». Mais «de nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie seraient un constat de notre incapacité à exercer une persuasion efficace par la coopération et le dialogue», indique le texte. Ce vote a fait bondir le président de MSF. «Il n’est pas acceptable de transformer la lutte internationale contre le terrorisme en politique de terreur contre une population», a déploré M. Bradol. Sans trop y croire, le député russe a invité la France à «s’adresser à la Cour européenne des droits de l’homme» (CEDH). «La violation du droit n’est jamais l’affaire intérieure d’un quelconque pays», a commenté M. Kovalev. François Rivasseau, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, où a été reçu vendredi Akhmed Zakaïev, responsable tchétchène indépendantiste, s’est déclaré «préoccupé par des rapports d’ONG faisant état d’une intensification des opérations et d’un nombre important de disparition de civils». Le ministre français de l’Éducation, Jack Lang, qui a aussi reçu M. Zakaïev, a condamné ces exactions, «au caractère inacceptable».
Le refus des Européens de sanctionner la Russie sur ses exactions en Tchétchénie a remis cette «guerre oubliée» sous les feux de l’actualité, les organisations humanitaires n’hésitant plus à dénoncer «une stratégie délibérée de non-assistance à personnes en danger». Avant même que les parlementaires des 43 États membres du Conseil de l’Europe ne décident,...