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Cachemire - La tension monte d’un cran dans la région L’Inde teste un nouveau missile nucléaire(PHOTO)

L’Inde a annoncé avoir procédé vendredi au tir d’un nouveau missile en mesure de transporter une bombe nucléaire, un essai immédiatement accusé par le Pakistan de déstabiliser la région à un moment où les relations des deux rivaux restent dangereusement tendues. Le Premier ministre indien Atal Behari Vajpayee a déclaré que le tir du missile de type Agni I constituait une initiative pour assurer «la sécurité et la protection de la nation». Le missile de la classe Agni I a été tiré de la base de Chandipur sur la côte de l’État d’Orissa (est). «C’est un pas important, il reflète notre progrès scientifique», a ajouté M. Vajpayee, assurant que la date de l’essai avait été décidée longtemps à l’avance. Selon la porte-parole des Affaires étrangères Nirupama Rao, l’essai de l’engin dont le rayon d’action est inférieur à 700 km «a été mené d’une manière non provocatrice dans les eaux internationales». Elle a affirmé que le Pakistan avait été informé à l’avance, de même que les cinq grandes puissances nucléaires déclarées (Grande-Bretagne, Chine, France, États-Unis et Russie). «Nous n’avons aucune intention de nous lancer dans une course aux armements», a ajouté Mme Rao. Mais peu après l’annonce du test, Islamabad l’a qualifié de «préjudiciable» à la stabilité de l’Asie du Sud dans un contexte de face à face entre les armées des deux puissances rivales. «Nous espérons que la communauté internationale prendra bonne note de ce comportement indien qui est préjudiciable à la poursuite de la stabilité dans la région, spécialement dans la situation actuelle», a dit le ministère pakistanais des Affaires étrangères. Islamabad n’a pas annoncé de réplique immédiate au tir indien. Depuis l’attaque-suicide contre le Parlement indien, le mois dernier, l’Inde et le Pakistan ont déployé quelque 800 000 soldats à leur frontière, donnant le sentiment d’être prêts à en découdre. Accusant des fondamentalistes musulmans d’organisations basées au Pakistan, l’Inde a mis en demeure son voisin de mettre un terme aux activités du «terrorisme transfrontalier». Le missile Agni I peut avoir une portée allant jusqu’à 1 500 km, selon ses versions, lui permettant de pénétrer profondément en territoires pakistanais ou chinois. Le dernier essai balistique indien remonte à janvier 2001. Il s’agissait d’un Agni II de 2 500 km de portée. Le nouveau tir est intervenu au lendemain de la visite à Islamabad du secrétaire général de l’Onu Kofi Annan qui avait appelé à une désescalade à la frontière indo-pakistanaise. Pour les analystes, il prouve une nouvelle fois que l’Inde ne cède à aucune pression internationale quand elle considèrait sa sécurité nationale en jeu. Le ministre de l’Intérieur L.K. Advani a d’ailleurs indiqué que la mobilisation se poursuivrait, excluant tout retrait de troupes à la frontière pour «au moins deux mois», le temps de voir si les infiltrations du Pakistan cessaient. Les missiles de la série Agni sont considérés comme un élément essentiel de la dissuasion indienne qui a pris sa vraie dimension avec les essais nucléaires de mai 1998, suivis de près d’essais pakistanais. Selon des analystes, l’Agni I, un missile mobile, représente une nouvelle menace pour le Pakistan en s’ajoutant au missile tactique Prithvi, déjà en service, d’une portée limitée à 250 km et qui est un missile fixe tiré depuis des silos. «Dans le contexte actuel, cela signifie que l’Inde peut frapper les coins les plus reculés du Pakistan et est prête à répondre au bluff pakistanais», a dit Brahma Chellaney, professeur d’études stratégiques au Centre for Policy Research de New Delhi. À la différence de l’Inde, le Pakistan n’exclut pas une première frappe nucléaire, un facteur-clé de sa stratégie contre une intervention de l’armée indienne, dont les moyens conventionnels sont considérés comme supérieurs, dans la partie pakistanaise du Cachemire. « Un geste pas très heureux », selon Paris L’essai d’un missile balistique par l’Inde n’est pas un signal très heureux dans le contexte actuel, a estimé vendredi le ministère français des Affaires étrangères. Cet essai d’un missile de type Agni I «n’est certainement pas le signal le plus heureux dans le contexte régional actuel», a déclaré le porte-parole du ministère, François Rivasseau. « Un mauvais signal », déclare Londres Le gouvernement britannique a «regretté» vendredi l’essai d’un missile balistique par l’Inde, qui «donne de mauvais signaux dans cette région et au-delà». «Je regrette la décision de l’Inde de procéder à l’essai d’un missile balistique, en particulier dans le contexte actuel de tension régionale», a déclaré le secrétaire au Foreign Office Jack Straw dans un communiqué. «Je crois que la retenue dans la mise au point de systèmes de lancement d’armes à capacité nucléaire est dans l’intérêt à long terme de l’Inde et de la région», poursuit M. Straw. La Grande-Bretagne est le premier pays occidental à réagir à l’annonce par New Delhi que l’Inde a procédé vendredi avec succès au tir d’un missile balistique de moyenne portée en mesure de transporter une bombe nucléaire. Londres appelle l’Inde à mettre en œuvre la résolution 1172 de l’Onu sur le sujet, et réitère son souhait de voir l’Inde et le Pakistan «résoudre leur différend par des moyens diplomatiques», conclut M. Straw. La principale organisation antinucléaire britannique, baptisée «Campagne pour le désarmement nucléaire», a pour sa part «appelé New Delhi et Islamabad à mettre un bémol à leur réthorique politique et à faire preuve de retenue militaire». Bombardement indien : quatre civils pakistanais blessés L’armée indienne a bombardé des villages du Cachemire sous contrôle pakistanais vendredi, blessant quatre membres d’une même famille, a annoncé la police. Les tirs, de mortier et de mitrailleuse, sont intervenus à 10h30 (05h30 GMT) «sans aucune provocation» et visaient le secteur de Charhoi, dans le sud du district de Kotli, a annoncé le commissaire Raja Abdur Razzaq. Un tir de mortier a touché une maison du village de Sabazkot, proche de la ligne de contrôle séparant les zones indienne et pakistanaise du Cachemire, blessant quatre personnes, dont trois femmes, a-t-il dit. Les blessures sont légères et les victimes ont été soignées par des médecins militaires, a ajouté la même source. Selon des résidents, les bombardements se sont poursuivis pendant environ trois heures et ne se sont arrêtés que lorsque les Pakistanais ont riposté au feu. Ces bombardements interviennent après une accalmie de 11 jours et coïncident avec un essai de tir d’un missile à capacité nucléaire par l’Inde. Le dernier échange d’artillerie entre les deux armées s’était produit le 14 janvier. L’une des raisons de cette accalmie pourrait avoir été, selon des sources militaires, les importantes chutes de neige dans la région, qui compliquent notamment le ravitaillement en munitions. Une menace stratégique pour le Pakistan En testant vendredi un missile à capacité nucléaire, l’Inde a manifesté son refus de tout compromis sur sa sécurité et a envoyé un nouvel avertissement à son rival pakistanais, ont estimé des analystes. Le missile mobile intermédiaire Agni I, dans sa version d’une portée de 700 km, représente une nouvelle arme contre le Pakistan voisin en venant s’ajouter au missile tactique Prithvi, déjà en service dans les forces indiennes, mais d’une portée limitée à 250 km et qui est un missile fixe tiré depuis des silos. «C’est un Agni spécialement conçu pour être utilisé contre le Pakistan», estime Brahma Chellaney, professeur d’études stratégiques au Centre for Policy Research de New Delhi. «Il est évident que, même si l’Inde ne veut pas le dire, il s’agit d’un message fort à l’adresse du Pakistan», a ajouté l’analyste. La série des Agni a été à l’origine mise au point pour représenter une arme de dissuasion contre la Chine avec une portée maximale de 2 500 km pour l’Agni II. Le test de vendredi est survenu à la veille du Republic Day, une fête nationale indienne marquée chaque année par un défilé militaire où New Delhi présente son arsenal militaire. Cette année, le défilé a été réduit car une grande partie des forces armées sont déployées le long de la frontière avec le Pakistan mais le tir de vendredi compensera largement ce déficit. Pour les analystes, il ne fait pas de doute qu’Islamabad était visé par le test. «Dans le contexte actuel, cela signifie que l’Inde peut frapper les coins les plus reculés du Pakistan et est prête à répondre au bluff pakistanais», a dit M. Chellaney. À la différence de l’Inde, la politique du Pakistan n’exclut pas une première frappe nucléaire, un facteur clé de sa stratégie contre une intervention de l’armée indienne, dont les moyens conventionnels sont considérés comme supérieurs à ceux des forces pakistanaises, dans la partie pakistanaise du Cachemire. «Cet Agni est un missile militaire, politique et diplomatique», a estimé Rahul Bedi du Jane’s Defence Weekly. Pour les analystes, le tir signifie aussi que l’Inde ne cédera pas aux pressions internationales sur les questions de sécurité nationale. L’essai est survenu au lendemain de l’appel du secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, en visite à Islamabad, à une désescalade entre les deux puissances nucléaires d’Asie du Sud. Le général à la retraite VR Raghavan, chef du groupe de recherche Delhi Policy Group, a déclaré que l’essai avait envoyé «des signaux puissants à l’est, à l’ouest et aux grandes puissances soulignant que la politique de l’Inde ne sera guidée que par ses intérêts de sécurité nationale». Le fait que l’Inde ait refusé de repousser son tir en raison de la crise actuelle «montre qu’elle ne veut pas laisser retomber la pression sur le Pakistan», a ajouté l’analyste. D’autres estiment qu’il ne faut pas y lire un message purement antipakistanais. «Je ne pense pas qu’il faille faire de relation car la politique de l’Inde est cohérente. En ce qui concerne ses capacités stratégiques, tant pour ses missiles que ses programmes nucléaires, ils ne sont pas restreints à un pays», a dit le commodore U. Bhaskar, directeur adjoint de l’Institute for Defence Studies and Analysis. Janvier et février ont toujours été considérés comme le meilleur moment de l’année pour des essais car ils offrent les meilleures conditions météorologiques pour suivre la trajectoire des missiles, a-t-il dit.
L’Inde a annoncé avoir procédé vendredi au tir d’un nouveau missile en mesure de transporter une bombe nucléaire, un essai immédiatement accusé par le Pakistan de déstabiliser la région à un moment où les relations des deux rivaux restent dangereusement tendues. Le Premier ministre indien Atal Behari Vajpayee a déclaré que le tir du missile de type Agni I constituait...