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EDL : l’Ordre des ingénieurs dénonce une « justice sélective »

Tous les ingénieurs des établissements publics et offices autonomes seront en grève demain si leurs collègues de l’EDL ne sont pas libérés aujourd’hui, a annoncé le président de l’ordre, M. Samir Doumit, joint par L’Orient-Le Jour, hier soir. Outré par l’arrestation d’ingénieurs de l’office dans l’enquête sur la perception des factures d’électricité, M. Doumit a convoqué le conseil de l’ordre à une réunion urgente, aujourd’hui, et a vivement protesté contre leur maintien en état d’arrestation préventive. «Des voleurs sont libres et les honnêtes gens sont en prison», a dit M. Doumit, qui a dénoncé l’arrestation des fonctionnaires de l’EDL comme «une hérésie inadmissible» et «une grave atteinte à la dignité de ces personnes», pour des considérations qui, selon lui, sont indépendantes du fonctionnement de la justice. «On aurait très bien pu convoquer ces ingénieurs, aussi souvent qu’on le voulait», a fait remarquer M. Doumit. «Au lieu de quoi, on les jette en prison comme de vulgaires criminels, sur foi de rapports établis par des scrutateurs de comptes, qui ne savent rien de leurs conditions de travail, tout simplement parce qu’on est à la recherche de boucs émissaires, et alors même que la loi prévoit qu’ils ne peuvent être interrogés qu’en présence du président de leur ordre ou d’un avocat délégué par celui-ci». Arrêtés mardi après avoir été interrogés en l’absence d’un représentant de cet ordre (en contravention à l’article 54 de la loi sur l’exercice de la profession), les ingénieurs ont passé la nuit de mardi à mercredi au dépôt du Palais de justice. Des couvertures et des matelas leur ont été fournis par leurs collègues. Ils se préparaient hier à passer une nouvelle nuit humiliante, après une journée au cours de laquelle le premier juge d’instruction de Beyrouth, Hatem Madi, les a de nouveau interrogés au sujet de la perception des factures d’électricité à l’EDL, délivrant à leur encontre, en fin de journée, huit mandats d’arrêt. Les huit fonctionnaires ont été arrêtés pour «mauvaise gestion des fonds publics, dilapidation de ces fonds, négligence dans l’exercice de leurs fonctions et contravention aux dispositions réglementant la gestion des biens publics meubles et immeubles» (articles 363-373 et 250 et 257 du code pénal). M. Doumit a dénoncé «une justice sélective» qui incrimine des personnes à des niveaux moyens de responsabilité, où le pouvoir d’initiative est limité, sans aller jusqu’au bout des choses. Les fonctionnaires arrêtés sont soit des chefs de service, soit des chefs de région, dont les fonctions sont à la fois techniques et administratives. Ils viennent de toutes les régions du Liban, en particulier du Liban-Sud et de la Békaa, où la perception des factures est souvent l’enjeu d’un rapport de forces politiques au sein duquel le facteur administratif joue un rôle négligeable. On sait par exemple qu’au Liban-Sud, les région évacuées par Israël et les zones qui leur sont limitrophes sont officiellement exemptées du paiement de l’électricité et que les percepteurs de l’EDL ne mettent pas les pieds dans les camps palestiniens. On sait aussi que certaines personnalités influentes ne s’acquittent pas de leurs quittances. Il en va de même dans certaines régions de Beyrouth, de la Békaa et du Liban-Nord et, en général, dans toutes les zones où une forte allégeance politique autorise le contribuable à déroger aux règlements et à contrevenir aux lois. Toutefois, le ministre de l’Énergie, en limitant ses critiques à l’aspect administratif de la perception, a mis en branle une dynamique qui a conduit à la mobilisation du parquet. Intervenant sur ce sujet, hier, le député Walid Eido (bloc Hariri) a affirmé hier, au cours d’une conférence de presse au Parlement, que «l’on ne peut se contenter de faire assumer la responsabilité de la crise de l’électricité aux fonctionnaires». Le parlementaire a souligné que «des hommes politiques et des directeurs doivent également être tenus responsables de la mauvaise gestion de l’EDL». «Il faut que tout le monde assume ses responsabilités. Il est inadmissible que ce soient les petits fonctionnaires qui paient pour tout le monde», a conclu M. Eido. Beydoun : « Ce sont les riches qui volent le courant » Cela dit, le ministre de l’Énergie est revenu, une fois de plus, hier, dans un entretien télévisé, sur le problème de l’électricité. Selon M. Beydoun, «ce ne sont pas les pauvres, mais les riches qui s’abstiennent de payer. Des milliers de kilowatts sont consommés par des institutions, qui trafiquent leurs compteurs. Ces établissements sont situés dans la capitale. Je pense qu’une campagne de trois mois serait suffisante pour venir à bout de leur trafic, mais l’administration ( l’ancien directeur général de l’EDL, que M. Beydoun ne manque pas une occasion d’accabler) ne le voulait pas». Pour arrêter l’hémorragie financière à l’EDL, qui coûte au Trésor quelque 700 milliards de livres par an, il faut une «chirurgie» dans la mentalité libanaise, a ajouté le ministre, rappelant que s’il refuse des avances du Trésor à l’EDL pour l’achat de fuel, c’est pour se conformer à une politique tracée par le gouvernement. M. Beydoun a affirmé, d’autre part, que le tarif du courant électrique au Liban est trop élevé. «Le prix du kilowatt, chez nous, est de 200 LL (7,5 cents), alors qu’il coûte trois fois moins en Syrie, en Jordanie ou en Égypte. La participation du secteur privé à la production et à la distribution du courant ferait baisser ces tarifs de moitié», a déclaré le ministre. «Il faut choisir, a encore affirmé M. Beydoun, l’augmentation des taxes ou la dévaluation. Au début des années 90, je tenais un discours différent. Mais aujourd’hui, nous avons 28 milliards de dollars de dettes, et l’intérêt que nous servons sur cette dette a été cette année de 7 700 milliards de livres, soit environ 3 milliards de dollars. Il y a donc un problème, et il est grave, et la première chose à faire, c’est d’arrêter l’hémorragie et de n’engager que les dépenses absolument nécessaires».
Tous les ingénieurs des établissements publics et offices autonomes seront en grève demain si leurs collègues de l’EDL ne sont pas libérés aujourd’hui, a annoncé le président de l’ordre, M. Samir Doumit, joint par L’Orient-Le Jour, hier soir. Outré par l’arrestation d’ingénieurs de l’office dans l’enquête sur la perception des factures d’électricité, M....