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Liban-Sud - Raid israélien à la suite d’attaques du Hezbollah La trêve brutalement rompue dans le secteur de Chebaa

Le Hezbollah a rompu hier la trêve de facto qu’il observait depuis trois mois sur le front avec Israël. Pour la première fois depuis le 22 octobre dernier, le parti intégriste a bombardé hier après-midi le secteur des fermes de Chebaa, entraînant une riposte immédiate de l’artillerie et de l’aviation israéliennes, qui a lancé plusieurs raids dans la région. Cette escalade intervient alors que le Liban fait face à plusieurs échéances, les plus proches étant la réunion des ministres arabes de l’Intérieur, qui se tiendra à Beyrouth, et la reconduction du mandat de la Finul par le Conseil de sécurité, à la fin du mois. Les observateurs craignent que «la situation ne se détériore et ne provoque des représailles israéliennes en profondeur au Liban, et contre des objectifs civils libanais ou militaires syriens», indique l’AFP. En effet, au moment où Israël affirmait hier que «le Hezbollah avait reçu le feu vert de la Syrie et de l’Iran» et soulignait qu’il «ne tolérerait pas de telles attaques», le Hezbollah revendiquait «son droit de défendre la souveraineté du Liban». Notons qu’aucune réaction officielle n’a été enregistrée à Beyrouth. Hier donc, plus de vingt obus de mortier et des roquettes Katioucha de 107 mm «ont visé les positions de l’armée israélienne à Ramta, Sammaqa et Aalam, dans les fermes de Chebaa», a indiqué l’AFP citant une source de la police libanaise. Un communiqué publié par le parti intégriste soulignait qu’une opération a été menée «contre une patrouille israélienne à proximité d’une position sioniste à Roueissat al-Alam». Le Hezbollah a indiqué que «ces attaques, effectuées en réponse aux violations répétées des sionistes, ont fait des victimes dans les rangs ennemis». En guise de représailles, l’aviation israélienne a mené plusieurs raids sur une région contrôlée par le Hezbollah au Liban-Sud, «sans faire de victimes», poursuit la source policière libanaise. Des chasseurs bombardiers israéliens ont mené quatre raids en une demi-heure, tirant chaque fois deux missiles sur une colline proche du village de Kfarchouba, face au secteur de Chebaa. Dans le même temps, l’artillerie de campagne de l’État hébreu a tiré une quarantaine d’obus de 155 mm, au rythme d’un obus toutes les quatre minutes, sur les vallons entourant Kfarchouba. Les chasseurs israéliens ont élargi leur survol à la quasi-totalité du Liban-Sud, englobant notamment Saïda, et des hélicoptères israéliens ont été vus tout le long de la frontière depuis le littoral jusqu’aux hauteurs du mont Hermon. Plus tôt dans la journée, les batteries antiaériennes du Hezbollah étaient entrées en action contre un avion israélien sans pilote qui survolait le Liban-Sud, a indiqué à l’AFP un officier de la Finul. La DCA du parti intégriste a tiré pendant quinze minutes sans atteindre l’avion de reconnaissance, a ajouté cet officier. Au moment de l’incident, un hélicoptère de la Finul qui transportait des officiers de l’Onu et qui se dirigeait vers le quartier général des Casques bleus à Naqoura est apparu dans le ciel et le Hezbollah a cessé les tirs, a indiqué pour sa part la police. Commentant l’opération d’hier, le Hezbollah a souligné que «cette opération est une réponse à l’ennemi israélien qui porte atteinte continuellement à la souveraineté libanaise et viole sans arrêt son espace aérien, ses eaux territoriales et sa frontière». Le responsable du parti intégriste au Liban-Sud, cheikh Nabil Qaouq, a déclaré à l’AFP qu’en «menant ces attaques, le Hezbollah confirme son droit de riposter et de défendre la souveraineté du Liban. Il n’est pas question d’atermoyer ou de reculer, car ce droit ne saurait faire l’objet de compromis pour la Résistance». Selon lui, «les développements politiques dans la région ne peuvent annuler ce droit ; au contraire, ils le renforcent». Israël, a-t-il ajouté, «craint la complémentarité entre la Résistance et l’intifada, et c’est pour cette raison que, terrifié, il lance ses menaces». «Si cette opération a pour résultat de renforcer les Arabes, cela nous satisferait», a-t-il encore dit. Lors d’une conférence qu’il donnait devant les étudiants de l’UL au moment de l’attaque, le numéro deux du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, a expliqué : «Nous sommes concernés par ce qui se passe dans la région et nous ne pouvons rester de simples spectateurs devant les agressions et violations quotidiennes d’Israël au Liban et dans la région». Parlant d’un «tournant dangereux» de la politique israélienne, cheikh Qassem a insisté sur la nécessité pour son mouvement de «rester dans la résistance et avec l’intifada afin que le projet israélien ne se réalise pas, comme le voudraient les Israéliens et les Américains». Du côté israélien, le ministre de la Défense Binyamin Ben Eliezer a qualifié de «très graves» les bombardements par le Hezbollah des fermes de Chebaa. Son porte-parole, Yarden Vatikaï, a accusé « la Syrie et l’Iran de vouloir, à travers le Hezbollah, attiser la tension croissante en Israël et dans les territoires palestiniens». M. Vatikaï a affirmé qu’Israël «ne se laissera pas entraîner dans des combats dans cette zone, mais ne tolérera pas de telles attaques». Pour sa part, le chef de la diplomatie israélienne, Shimon Peres, a accusé dans un communiqué «l’Iran d’utiliser le Hezbollah pour provoquer une escalade de violence dans la région». À Beyrouth, une source diplomatique, interrogée par L’Orient-Le Jour, n’a «pas exclu les liens entre les tirs du Hezbollah sur les fermes de Chebaa et la visite, mardi, au Liban de l’ambassadeur des États-Unis auprès des Nations unies, John Negroponte». Cette même source a estimé que l’escalade d’hier «met sérieusement en danger la paix et la sécurité dans la région». Un autre diplomate occidental a jugé que «même s’il est un peu tôt pour évaluer tous les motifs de ce changement d’attitude, le Hezbollah pouvait difficilement rester les bras croisés devant la situation paroxystique qui règne dans les territoires palestiniens». «La riposte du Hezbollah, qui a forcément reçu l’assentiment préalable de l’Iran et de la Syrie, a aussi une portée diplomatique et a valeur de message à Washington. La ligne reste la même : la résistance à Israël n’est pas du terrorisme», a estimé le même diplomate, sous le couvert de l’anonymat. Soulignons que les réactions militaires israéliennes aux tirs du Hezbollah ont dépassé la riposte habituelle. En effet, cela faisait plusieurs mois qu’Israël n’avait pas eu recours à l’aviation pour répondre aux attaques du parti intégriste à Chebaa. Et depuis le 11 septembre, à part quelques échanges d’artillerie dans la zone (en octobre dernier), la situation était calme. «Cette pause, selon les observateurs, correspondait au souci de la Syrie et de l’Iran de ne pas paraître mettre des bâtons dans les roues des États-Unis, alors que l’Amérique était en pleine guerre contre le terrorisme en Afghanistan», indique l’AFP.
Le Hezbollah a rompu hier la trêve de facto qu’il observait depuis trois mois sur le front avec Israël. Pour la première fois depuis le 22 octobre dernier, le parti intégriste a bombardé hier après-midi le secteur des fermes de Chebaa, entraînant une riposte immédiate de l’artillerie et de l’aviation israéliennes, qui a lancé plusieurs raids dans la région. Cette...