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Actualités - OPINION

Damas ne souhaite pas décommander le rendez-vous

On a beau dire, le jumelage a parfois du bon. Les événements du 11 septembre ont coûté au Liban un sommet potentiellement juteux, celui de la francophonie. La sollicitude de sa grande sœur doit lui permettre d’éviter une deuxième déconvenue du même ordre. En effet, le sommet arabe prévu pour les 27-28 mars à Beyrouth ne sera pas reporté. Ni délocalisé en principe, ce qui est toutefois moins certain. C’est ce qu’a pu indiquer le secrétaire général de la Ligue, M. Amr Moussa, après avoir vu les Syriens. Alors qu’il restait plutôt dubitatif auparavant, même sur la date. Retour de Damas, M. Moussa a pu ainsi facilement s’entendre avec les pôles libanais. Dont l’un au moins, M. Nabih Berry, avait pris position pour le renvoi sine die de la conférence. Tandis que la communauté chiite, on le sait également, opposait (oppose toujours d’ailleurs) un ferme veto à une participation en personne de Kadhafi, le leader libyen. Ce dernier a naturellement réagi en réclamant le transfert du site de Beyrouth au Caire. La proposition, émanant d’un pays qui a son importance au sein de la Ligue, fait l’objet de tractations diplomatiques serrées. Pour aboutir à un compromis qui ne fâche personne et qui ne provoque pas de friction entre Damas et Tripoli (d’Afrique). Les sources diplomatiques proches de la Ligue croient savoir cependant que la balance continue à pencher en faveur de Beyrouth. Car, pour commencer, la session de cette année lui a été concédée lors de l’édition précédente tenue à Amman par le titulaire de la rotation, l’État des Émirats arabes unis. Dont les gouvernants s’étaient amicalement inclinés devant le souhait émis à ce propos par le chef de l’État libanais, M. Émile Lahoud. Mais dès ce moment, Kadhafi avait fait savoir que le transfert ne lui convenait pas. Pour se laisser convaincre à la suite d’une rencontre avec M. Lahoud, et promettre de venir à Beyrouth. Pour en revenir à M. Berry, il convient de préciser que son premier réflexe, après les attentats du 11 septembre, a été d’estimer qu’il fallait ou bien tenir le sommet sans tarder, ou bien le renvoyer de six mois. En le tenant non pas au Liban, mais aux Émirats ou au Koweït. Ce qui permet de penser que, malgré ses dénégations ultérieures, le président de l’Assemblée a bien établi dès l’origine un lien entre les raisons purement régionales de reporter-transférer le sommet et le cas Kadhafi. Une précaution bien normale, étant donné que M. Berry dirige le mouvement Amal, créé par l’imam Moussa Sadr, disparu en Libye il y a plus de 23 ans. Sur le plan concret, le déplacement de la conférence permettrait de prévenir des dissensions intérieures. En effet, alors que la communauté chiite s’oppose à la venue de Kadhafi, voire à toute participation libyenne, le pouvoir exécutif tient pour sa part à ce que le sommet ait bien lieu à Beyrouth. Et qui dit sommet dit présence de tous les chefs d’État, sauf empêchement volontaire pour raisons de santé ou autres. C’est ce qu’a bien précisé le président du Conseil, M. Rafic Hariri. Aussitôt critiqué avec virulence par les chiites et, notamment, par les brigades as-Sadr. Devant ces péripéties qui font un peu désordre, la Ligue arabe s’est naturellement inquiétée. Et M. Amr Moussa est venu voir de quoi il retourne au juste. S’adressant, comme tout le monde, à Dieu plutôt qu’à ses saints, il a préféré parler d’abord avec les Syriens. Pour leur faire savoir que son propre pays d’origine, l’Égypte, ainsi que l’Arabie séoudite restent favorables au sommet en lieu et date prévus. M. Moussa, en diplomate expérimenté, n’a pas manqué de relever la nécessité de traiter le litige occurrent loin des feux de la rampe, pour ne pas l’envenimer. Il a donc pressé toutes les parties intéressées de ne pas recourir aux médias. Ou, à tout le moins, de s’abstenir de déclarations publiques incendiaires. Le secrétaire général de la Ligue a eu l’heureuse surprise d’entendre à Damas les dirigeants syriens tenir le même langage que le président Moubarak d’Égypte ou que les princes séoudiens. À savoir que les engagements doivent être respectés tels quels, pour asseoir le crédit du camp arabe. L’officieux al-Baas de Damas a publié un édito soulignant l’importance de la fidélité au rendez-vous fixé. Un message capté aussitôt cinq sur cinq, comme toujours, par les parties locales qui ont mis de suite une sourdine à leur campagne antisommet. Certains allant même jusqu’à retourner complètement leur veste pour ne plus voir dans la conférence qu’une occasion de bien promouvoir la cause commune arabe. Philippe ABI-AKL
On a beau dire, le jumelage a parfois du bon. Les événements du 11 septembre ont coûté au Liban un sommet potentiellement juteux, celui de la francophonie. La sollicitude de sa grande sœur doit lui permettre d’éviter une deuxième déconvenue du même ordre. En effet, le sommet arabe prévu pour les 27-28 mars à Beyrouth ne sera pas reporté. Ni délocalisé en principe, ce...