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Actualités - CHRONOLOGIE

Dossier régional - Dix parlementaires venus de Rome ont recueilli le point de vue libanais Les députés italiens veulent relancer les négociations et appeler à la fin des opérations militaires(PHOTO)

Épuisés après trois heures d’entretien avec le président syrien Bachar el-Assad et un déjeuner sans alcool dans un restaurant damascène, les dix parlementaires italiens – à leur tête le président de la commission des Affaires étrangères Gustavo Selva et celui de la commission des Finances Giorgio La Malfa – avaient hâte de prendre un peu de repos à la résidence de l’ambassadeur d’Italie au Liban. Mais M. Giuseppe Cassini avait profité de l’occasion pour faire à ses honorables compatriotes un briefing sur la situation libanaise. Un casse-tête, heureusement un peu plus arrosé. Et surtout une pause dans une mission où il s’agit de convaincre les différentes parties de participer à une conférence internationale sur le Moyen-Orient. En tournée dans la région depuis dimanche, les parlementaires italiens, représentant les différentes parties politiques du pays (5 de la majorité et 5 de l’opposition), se sont déjà rendus au Caire, à Amman et à Damas. Après Beyrouth, ils doivent aller en Israël – où ils ne sont pas sûrs de rencontrer le Premier ministre ni même le ministre des Affaires étrangères – et dans les territoires palestiniens, avant de rentrer dimanche en Italie et de présenter leur rapport au Parlement dès lundi. Au Caire, ils ont rencontré des députés égyptiens. À Amman, c’est avec le prince héritier et les responsables parlementaires qu’ils se sont entretenus. Et, à Damas, ils ont eu aussi droit à un long entretien avec le président syrien. Un président qu’ils ont trouvé très ouvert, insistant pour qu’ils lui posent toutes les questions qui les tracassent et soucieux de ne pas demander aux Européens d’entrer en conflit avec les Américains, mais plutôt d’essayer de convaincre ces derniers de faire pression sur Israël. Une mission d’information et des propositions concrètes Les députés italiens sont en fait chargés d’une mission à la fois politique et informationnelle par leur propre Parlement qui a voté le 18 décembre dernier, à l’unanimité moins une voix, une motion proposant la tenue d’une conférence internationale sur le Moyen-Orient, l’envoi d’observateurs entre les belligérants et la création d’un organisme de contrôle relevant de l’Onu pour définir les responsables de chaque violation du statu quo. Si les dirigeants arabes rencontrés ont accueilli positivement les propositions italiennes, l’attitude favorable des Israéliens est loin d’être garantie… À Beyrouth, les députés ont rencontré le chef de l’État Émile Lahoud, le président de la Chambre Nabih Berry, ainsi que les membres de la commission parlementaire des Affaires étrangères, le ministre Mahmoud Hammoud et le représentant du secrétaire général de l’Onu à Beyrouth, Staffan de Mistura. Les responsables libanais leur ont pratiquement tenu le même langage que les dirigeants syriens : opérer une distinction entre les groupes de résistance et les organisations terroristes, déployer tous les efforts possibles pour empêcher Israël d’exploiter à son avantage les événements du 11 septembre et faire en sorte que les négociations de paix puissent reprendre. Le président Lahoud a aussi insisté sur son refus de tout ce qui peut mettre en danger l’unité interne, précisant que les menaces lancées de temps à autre ne modifieront pas les positions nationales des Libanais. Pas de changement dans les relations entre l’Italie et le monde arabe Selon le président de la délégation Gustavo Selva, les députés italiens ont, de leur côté, insisté sur la nécessité pour les organisations terroristes, ou considérées telles, de se transformer en groupes politiques pour participer aux négociations dans un esprit pacifique. Une manière détournée de laisser entendre que l’heure n’est plus aux opérations militaires. Dans une conférence de presse tenue à l’hôtel Vendôme, en compagnie des autres membres de la délégation, M. Selva (lui-même journaliste de carrière) a refusé de se laisser entraîner à critiquer le Premier ministre italien Silvio Berlusconi. Selon lui, les responsables arabes qu’il a rencontrés ont tous considéré que les propos attribués à ce dernier sur «la supériorité de la civilisation occidentale» ont été perçus comme un malentendu qui n’affecte nullement les relations entre l’Italie et le monde arabe. «D’ailleurs, a déclaré M. Selva, le Premier ministre Berlusconi a proposé une sorte de plan Marshall pour la reconstruction des territoires palestiniens». Selon la délégation italienne, les pays arabes n’ont aucune inquiétude à se faire au sujet d’un éventuel changement de la politique étrangère de l’Italie avec la prise en charge des fonctions de ministre des AE par M. Berlusconi. Quant à la mission actuelle, elle est une initiative du Parlement. Si les parties concernées sont d’accord, assurant ainsi le succès de la mission, le Parlement italien transmettra la proposition au gouvernement qui l’adoptera forcément. Si les parlementaires italiens n’ont pas consulté d’abord leurs collègues européens avant d’agir, ce n’est pas parce qu’ils souhaitent faire cavalier seul, mais parce qu’ils veulent d’abord sonder les différentes parties. Les députés italiens ont aussi adressé une invitation officielle à la Syrie et au Liban pour participer au forum parlementaire euro-méditerranéen qui doit se tenir à Rome en juin. La conférence terminée, la délégation s’est rendue à Byblos, pour un dîner-détente bien mérité avant l’escale israélienne. La veille, à la résidence de l’ambassadeur italien, elle avait eu droit à une présentation de la situation libanaise. M. Giuseppe Cassini avait en effet invité plusieurs personnalités dont le leader du PSP Walid Joumblatt, le député du Hezbollah Mohamed Raad, le député membre du MRD (Nassib Lahoud) Mosbah Ahdab (président de l’association d’amitié libano-italienne) et Mme Neemat Kanaan, directrice générale du ministère des Affaires sociales, pour exposer rapidement la situation du Liban. Joumblatt a ainsi insisté sur l’utilité pour le Liban et la Syrie de procéder à un tracé des frontières, au sujet notamment des hameaux de Chebaa, et il a pressé les Européens d’appuyer Arafat qui demeure le meilleur interlocuteur. Car, autrement, c’est avec Hamas et le Jihad qu’il faudra parler et c’est, selon lui, ce que souhaite Sharon. Mohamed Raad n’a pas réagi à ces propos, se contentant d’exposer la position du Hezbollah. M. Ahdab a précisé que l’islam n’était pas intégriste et Mme Kanaan a évoqué les difficultés sociales des Libanais, puisque 45 % d’entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté. Un résumé aussi complet que possible que l’ambassadeur a couronné en rappelant que le Liban est un pays à part, «un message pour reprendre les termes du pape», un espace de liberté qu’il faut préserver… Une délégation représentant tous les partis La délégation parlementaire italienne est formée de 5 membres des partis de la majorité (droite) et 5 membres des partis de l’opposition (gauche). Dirigée par M. Gustavo Selva, président de la commission des Affaires étrangères et membre du parti de l’Alliance nationale, elle regroupe M. Giorgio La Malfa, président de la commission des Finances, MM. Marco Zacchera, Valdo Spini, Eduardo Ballaman, Rodolfo de Laurentuss, Marco Baoto, Dario Rivolta, Franco Monaco et Ramon Mantovani. La délégation est aussi accompagnée de nombreux journalistes qui ont eu droit à un programme spécial, notamment une visite des camps palestiniens. Scarlett HADDAD
Épuisés après trois heures d’entretien avec le président syrien Bachar el-Assad et un déjeuner sans alcool dans un restaurant damascène, les dix parlementaires italiens – à leur tête le président de la commission des Affaires étrangères Gustavo Selva et celui de la commission des Finances Giorgio La Malfa – avaient hâte de prendre un peu de repos à la résidence de...