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Actualités - RENCONTRE

Les n°2 et 3 de l’État ont déjeuné chez Mohsen Dalloul Berry et Hariri ont rompu la glace, ils se reverront, mais tout reste à faire

C’était, depuis deux semaines, le feuilleton politique qui tenait en haleine, et ils s’en seraient bien passés, l’ensemble des Libanais. Excédés qu’ils sont par cette mascarade troïkesque vieille de plus de dix ans et par ce manque de sérieux et de conscience professionnelle typiquement couleur locale. Nabih Berry, président de la Chambre, et Rafic Hariri, Premier ministre, ne s’adressaient plus la parole et étaient à couteaux tirés depuis la fin de l’an dernier. Depuis cette histoire de nomination du directeur général de la CNSS, sur laquelle rien ni personne ne semblait pouvoir les mettre d’accord. Les caricaturistes s’en sont donné à cœur joie, habillant le maître de Koraytem de la perruque et des vêtements d’apparat de Louis XIV (ainsi que l’a traité Nabih Berry), et dépeignant ce dernier en parfait sosie d’Alexandre le Grand. Et les faisant se dialoguer. Sauf que cela faisait des jours et des semaines que des ministres et des députés s’employaient à les réconcilier. Outre, comme de bien entendu, les bons soins du vice-président syrien Abdel-Halim Khaddam (qui a réveillonné le 31 décembre dernier à Faqra chez Rafic Hariri) et ceux du chef des services de renseignements syriens au Liban Ghazi Kanaan, qui «s’était entretenu», séparément, avec les n°2 et 3 de l’État. Et cela a réussi. Ainsi, Nabih Berry et Rafic Hariri ont déjeuné ensemble, hier, à la table du député Mohsen Dalloul. Super Dalloul, devrait-on l’appeler, puisque, selon des sources très bien informées, «c’est lui qui a fait le très gros du travail». Et que les locataires du Sérail et d’Aïn el-Tiné «reviennent de très loin». Comprendre par là que la brouille, par l’intensité des mots publics, mais encore plus de ceux assénés en privé, semblait réellement partie pour durer. Quoi qu’il en soit, et même si le pouvoir de persuasion du député de la Békaa n’est pas à négliger, force est de constater que les deux hommes, bon gré mal gré, se sont souvenus qu’ils dirigent un pays qui, non seulement s’en va à la dérive, mais qui reste fortement tributaire d’une situation régionale explosive et d’une conjoncture internationale post-11 septembre. Premier pas réussi donc, «ambiance positive», ont assuré, officiellement, Koraytem et Aïn el-Tiné. Sauf qu’en réalité, pour les deux camps, rien ne semble encore être acquis. Et ce qui est maintenant de mise, c’est une réelle expectative. L’Orient-Le Jour a appris que l’essentiel de la rencontre entre les deux hommes, qui a duré deux heures et demie, s’est axé sur «les relations politiques, individuelles» entre les deux hommes. Qu’ils n’ont pratiquement pas évoqué les nominations administratives (chose que le Premier ministre a confirmée aux journalistes en sortant de table) ni des questions liées à la gestion générale de l’État – projets de loi, budget, etc. Que c’est «un début d’éclaircissement, de clarification». Et que les deux hommes étaient restés seuls, sans tierce personne, «pendant quelques minutes». Et qu’ils s’étaient mis d’accord pour se voir après le retour du Premier ministre de Bruxelles. L’Orient-Le Jour a également appris qu’à l’issue de ce déjeuner, le camp berryiste avait décidé d’attendre le communiqué final du Conseil des ministres. Pour voir comment réagir. Or celui-ci n’a nommé personne et a décidé de consacrer une séance spéciale pour réétudier le cas de la Sécurité sociale, ce qui constitue un vieux credo de Rafic Hariri. Bref, dans le camp d’Aïn el-Tiné, on pense sérieusement que «ces deux façons tout à fait différentes de voir et de concevoir la politique, ces deux visions opposées nécessitent plusieurs sessions, plusieurs rencontres». Un avis que semble assurément partager Koraytem. Résultat concret : le déjeuner a rompu la glace, certes, mais rien n’a été fondamentalement débloqué. Et comme cette crise entre les n°2 et 3 de l’État semble être aujourd’hui une crise de fond, gageons effectivement que plusieurs rencontres seront nécessaires pour ramener les choses à la normale. On parle même d’une possibilité dimanche ou lundi prochains, aux lendemains du retour de Rafic Hariri de Belgique. Quoi qu’il en soit, il est important de noter que les deux hommes ont excellement bien mangé, et force est de constater la générosité du maître de céans et de son épouse. La preuve : kebbé blaban (c’est blanc, et cela porte bonheur), friké de poulet, méchouis de viande, poisson, tarte aux asperges, fatayer, lahm be’ajine, feuilles de vigne et côtelettes, tabboulé, fruits (notamment litchis et cerises) et pâtisseries étaient au menu du pantagruélique déjeuner de réconciliation. Z.M.
C’était, depuis deux semaines, le feuilleton politique qui tenait en haleine, et ils s’en seraient bien passés, l’ensemble des Libanais. Excédés qu’ils sont par cette mascarade troïkesque vieille de plus de dix ans et par ce manque de sérieux et de conscience professionnelle typiquement couleur locale. Nabih Berry, président de la Chambre, et Rafic Hariri, Premier...