Monde arabe - Lahoud et Hariri déterminés à organiser la conférence Deux réunions interministérielles au Caire en mars avant le sommet de Beyrouth (PHOTO)

Les ministres arabes des Affaires étrangères se réuniront deux fois en mars, au Caire, avant le sommet qui se tiendra à Beyrouth à la fin mars. C’est ce qu’a annoncé hier la Ligue arabe, précisant que la première réunion des ministres des 22 membres de l’organisation panarabe aura lieu les 9 et 10 mars prochain. Il s’agit là, notons-le, d’une réunion régulière pour examiner les sujets en suspens. La seconde réunion, elle, est prévue le 24 mars, soit la veille du sommet arabe prévu les 25 et 26 mars. Quant au secrétaire général de la Ligue, Amr Moussa, il a annoncé hier qu’il entamerait dès demain mercredi une tournée dans six pays pour préparer ce sommet dont la Libye a demandé le transfert au Caire. Tout en exprimant l’espoir que le problème du lieu de la tenue du sommet pourrait être «contenu», et en réaffirmant son «rejet des déclarations émanant de certains milieux libanais contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi». Rappelons qu’avant-hier dimanche, Amr Moussa avait confirmé la tenue de la conférence arabe à Beyrouth, en dépit de la demande libyenne. Qui a été formulée après que des responsables chiites, notamment le n°2 de l’État Nabih Berry, eurent critiqué le colonel libyen. Le secrétaire général de la Ligue a précisé qu’il commencerait sa tournée par une visite à Khartoum, où il rencontrera le ministre libyen de l’Unité africaine Ali Abdel-Salam Triki. Il espère convaincre le responsable libyen, lors de cette rencontre, de l’importance de la tenue du sommet arabe à Beyrouth, selon des diplomates arabes. Il se rendra ensuite en Syrie, au Liban, en Jordanie et en Arabie séoudite pour poursuivre la préparation du sommet – sans toutefois préciser de dates. Quoi qu’il en soit, des sources ministérielles rapportées par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, ont indiqué que les contacts diplomatiques effectués par Beyrouth avec un grand nombre d’États arabes ont pu confirmer que les dirigeants de ces derniers sont entièrement d’accord pour que le prochain sommet arabe se tienne aux lieu et dates prévus. C’est-à-dire les 25 et 26 mars prochain à Beyrouth. Et prévoyant en outre que les tentatives visant à transférer le lieu du sommet sont d’ores et déjà vouées à l’échec, ces mêmes sources ont souligné que le chef de l’État Émile Lahoud, en accord avec le Premier ministre Rafic Hariri, ont tous deux décidé de faire face à toutes ces tentatives. Que cela se traduirait par l’envoi de ministres porteurs d’invitations à assister au sommet dans les 22 capitales. À l’exception de Moroni, aux îles Comores, qui seront conviées par voie diplomatique. Et que la lettre sera la même «pour tous : seul variera le nom du roi ou du président, enfin celui du destinataire», ont précisé les sources précitées. Qui ont indiqué que les ministres missionnaires s’envoleraient pour les capitales arabes au maximum dans le dernier tiers du mois en cours – et parmi eux, les ministres des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud, de la Culture Ghassan Salamé (il est responsable de la préparation du sommet), ainsi que trois de leurs collègues. D’ailleurs, aujourd’hui, en marge de la réception des membres du corps diplomatique à Baabda, le général Lahoud discutera avec le locataire du palais Bustros du nom de ces trois ministres. Kadhafi invité comme les autres Les sources précitées ont également bien précisé que cette invitation sera adressée à l’ensemble des dirigeants arabes, Libye incluse. Et malgré la demande faite par Tripoli de transférer le lieu de la réunion. Et dans un communiqué publié dimanche, la mission diplomatique libyenne au Caire a explicité les raisons de sa demande : «D’abord, la discorde entre les responsables libanais autour de la tenue du sommet aux dates prévues». À quoi ces sources ont rappelé que le président de la Chambre Nabih Berry avait bien précisé que sa proposition avait été faite à titre personnel. Et que cette proposition n’a plus tenu debout à partir du moment où le chef de l’État et le président du Conseil ont confirmé la tenue du sommet comme prévu. Et considérant le mécontentement libyen comme étant déplacé, ces mêmes sources ont jugé nulles et non avenues les appréhensions libyennes concernant la sécurité du sommet, ainsi que celle du colonel Kadhafi. Des appréhensions auxquelles a notamment répondu très fermement le ministre de l’Intérieur Élias Murr. Et ces sources ont également assuré que la décision du gouvernement était irrévocable, et que les préparatifs pour ce sommet vont bon train, «surtout que la Syrie, l’Égypte et le Conseil de coopération du Golfe ont confirmé sa tenue comme prévu». Et effectivement, Beyrouth poursuit activement cette préparation. Les cartons d’invitations aux leaders arabes et signés par le général Lahoud ont commencé à être imprimés, deux cents voitures d’escorte ont été achetées, et les réunions hier se sont succédé. Une première au Sérail entre Rafic Hariri et Mahmoud Hammoud, une autre au palais Bustros entre ce dernier et Ghassan Salamé (qui a également porté sur la réunion des ministres francophones de la Culture qui se tiendra jeudi et vendredi prochains à Paris), et enfin une troisième, qui a regroupé autour du ministre de la Culture chargé de la préparation du sommet arabe les membres du Haut comité chargé de l’organisation de ce sommet. «Nous travaillons d’arrache-pied, a déclaré Ghassan Salamé à l’issue de cette réunion, et nous n’avons absolument pas le loisir de nous poser des questions sur la tenue ou pas du sommet. «Et je vous garantis que le Liban sera fin prêt pour cela», a-t-il ajouté. Assurant que les tiraillements et autres parasitages politiques sont de mise avant chaque sommet, «et même jusqu’à cinq minutes avant sa tenue».