Polémique - « La Sûreté est revenue des dizaines d’années en arrière », affirme Boutros Harb Virgin dénonce les rafles et les méthodes employées par la SG

La direction du Virgin Megastore a dénoncé hier «la méthode employée par la Sûreté générale lors des deux descentes effectuées par des dizaines d’agents de la SG jeudi dernier dans les magasins» et a affirmé que «les DVD mis en vente au Virgin sont achetés sur le marché local auprès d’agents importateurs qui sont supposés avoir rempli toutes les conditions prévues par la loi lors de leur importation et avant leur distribution». Commentant cette affaire, M. Boutros Harb, député du Liban-Nord (Batroun), a estimé dans un communiqué publié samedi que «la Sûreté générale est revenue plusieurs dizaines d’années en arrière et vit dans un autre monde sous-développé». M. Harb a appelé le gouvernement à «ordonner à la SG de revenir sur la décision de saisir les DVD». Pour sa part, la Sûreté a précisé que «le parquet général avait donné son aval aux descentes effectuées aux magasins Virgin Megastore (au centre-ville) et Bilboard (Zouk)». Dans un communiqué publié en réponse aux déclarations faites par M. Harb, la SG a affirmé que «les CD et DVD saisis contreviennent soit aux bonnes mœurs et aux sentiments religieux, soit aux lois de boycottage d’Israël et ont été introduits au Liban de manière illégale sans que les taxes découlant de leur importation ne soient payées». Pour en revenir au communiqué publié par la direction des magasins Virgin Megastore, celle-ci a indiqué qu’elle «respectait à travers toutes ses activités les lois et les règlements en vigueur». «Les magasins Virgin n’ont commis aucune infraction qui jusitife les descentes ou la méthode employée par la Sûreté générale», a poursuivi le communiqué en considérant que «la présence d’un seul officier aurait suffi». «Il n’était pas nécessaire que des dizaines d’agents de la SG envahissent les magasins comme si ces derniers abritaient des hors-la-loi dangereux», a ajouté le communiqué qui précise que «la plupart des films saisis ont été diffusés à plusieurs reprises sur les chaînes de télévision libanaises et sur les écrans de cinéma». Et d’ajouter que «les descentes ainsi que la manière dont elles ont été effectuées ne portent pas uniquement atteinte à Virgin mais à l’image du Liban moderne». La direction de Virgin a affirmé que «depuis l’inauguration des magasins à Beyrouth, tous les DVD qui y sont vendus sont achetés du marché local auprès d’importateurs établis depuis plusieurs années». «Ces importateurs approvisionnent tous les revendeurs locaux et sont supposés avoir rempli toutes les conditions prévues par la loi pour l’importation et la vente de ces articles», a poursuivi le communiqué en affirmant qu’«il n’est pas de la responsabilité de Virgin de s’assurer que les importateurs ont rempli toutes ces conditions mais des services concernés de l’État». Commentant les arguments avancés par la Sûreté, la direction de Virgin a indiqué avoir effectué un contrôle auprès de certains importateurs et a affirmé que «plusieurs DVD saisis avaient reçu l’aval de la SG alors que les taxes qui découlent de l’importation, au cas où il est prouvé qu’elles n’ont pas été payées, s’élèveraient à près de cinq millions de livres libanaises et elles incomberaient certainement à la charge des importateurs». Harb : « La SG vit dans un monde sous-développé » Samedi, M. Boutros Harb avait vivement critiqué la saisie des DVD par la Sûreté générale et avait appelé le gouvernement et principalement le ministère de l’Intérieur à «ordonner à la SG de revenir sur la décision de saisir ces articles, de considérer ses mesures comme étant illégales et de restituer les DVD à leur propriétaire». Le député de Batroun a considéré que «la conception de la censure qui prévalait il y a cinquante ans explique le comportement de la SG qui est revenue des dizaines d’années en arrière et qui vit dans un monde différent sous-développé». Et de préciser que «ce qui aurait pu être justifié il y a 50 ans ne l’est plus aujourd’hui». «Les mesures que l’on prenait il y a 50 ans pour protéger les mœurs ou pour boycotter Israël ne sont plus valables aujourd’hui parce qu’il est important de connaître son ennemi, sa façon de penser, ses traditions pour pouvoir l’affronter et le vaincre», a-t-il ajouté. M. Harb a indiqué que «les mesures prises par la Sûreté n’ont pas pris en considération la révolution technologique qui s’est produite dans le monde des télécommunications». «La technologie moderne permet à chacun de prendre connaissance des programmes diffusés sur toutes les chaînes télévisées du monde, et les informations portant atteinte aux mœurs, aux sentiments religieux et appelant à l’adoration de Satan peuvent être obtenues sur Internet», a poursuivi M. Harb en dénonçant les mesures de la SG et en les considérant comme étant «un nouvel épisode dans la série des atteintes aux libertés publiques et individuelles des Libanais». «Toute atteinte aux libertés publiques constitue une atteinte au Liban, aux Libanais, aux institutions étatiques ainsi qu’aux lois qui protègent ces libertés», a indiqué le député de Batroun en estimant que «le Liban perdrait sa raison d’être le jour où la liberté y sera occultée et le jour où il ne serait plus l’exemple de la liberté et de la démocratie dans son environnement». M. Harb a conclu en appelant «tous les Libanais “libres” à se solidariser face à ce genre de mesures». D’autre part, la Sûreté générale a publié hier un communiqué dans lequel elle précise que «les descentes ont été effectuées après avoir obtenu l’aval du parquet général». «Plus de 600 DVD introduits en contrebande au Liban et sans que les taxes qui découlent de leur importation ne soient payées ont été saisis», poursuit le communiqué qui précise que «ces DVD portaient atteinte aux religions, aux mœurs, et contrevenaient à la décision du procureur général de la République d’interdire tous les articles incitant les jeunes à se suicider et à l’adoration de Satan». Et d’ajouter que «certains DVD étaient contraires aux lois de boycottage d’Israël». Critiquant les propos de M. Boutros Harb, la SG a affirmé appliquer les lois et les règlements en vigueur et a appelé le député de Batroun à participer à la modernisation de ces lois.