Terrorisme - Des sources du palais Bustros insistent sur le rôle de la France - Satisfaction au Liban : le Hezbollah ne figure pas sur la liste de l’UE

Le ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud s’est félicité samedi que la liste des organisations terroristes, adoptée par le Conseil de l’Union européenne, ne comporte pas le nom du Hezbollah. «La liste ne comprend pas le Hezbollah et ne mentionne ni de branche extérieure ni de branche intérieure», a déclaré à la presse M. Hammoud, faisant allusion à l’identification britannique du parti islamiste. Selon le chef de la diplomatie, «cela signifie que la position du Liban, qui fait la distinction entre résistance et terrorisme, commence à être comprise». Il a en outre ajouté que la liste de l’Union «n’apporte rien de plus par rapport à la liste américaine car les États-Unis ont déjà mentionné les individus et les organisations qualifiés de terroristes». En réponse à une question, M. Hammoud a en outre indiqué que «la liste a dénombré des cas de terrorisme, sans donner une définition au terme». Rappelons que l’UE a publié une liste, disponible sur sa version électronique accessible sur Internet, comprenant notamment le nom de trois Libanais responsables du détournement d’un avion de la TWA en 1985, au cours duquel un militaire américain a été tué. Pour en revenir au cas du parti islamiste, des sources diplomatiques citées par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, ont insisté sur le rôle joué par la France pour empêcher que le Hezbollah soit inclus dans la liste de l’Union. Selon les mêmes sources, c’est un deuxième point positif qu’enregistre le Liban, après avoir réussi à éviter le veto britannique sur la signature de l’accord d’association. Dans les deux cas, Paris est parvenu à infléchir le cours des décisions qui allaient être prises à l’instigation de Londres et d’autres capitales européennes considérant le Hezbollah comme une organisation terroriste. Le ministère des Affaires étrangères attend du reste des informations supplémentaires de son ambassade à Bruxelles pour savoir quels sont les pays qui ont soutenu la France dans sa position au sein du Conseil de l’Union. Le palais Bustros ne manquera pas, en effet, de remercier leurs représentants pour l’appui qu’ils ont apporté au Liban et à sa résistance légitime. Cependant, selon les sources susmentionnées, après les fêtes de fin d’année, les États-Unis blâmeront sans doute les membres de l’UE pour leur position à l’égard du Hezbollah. L’Europe des Quinze maintiendra-t-elle malgré tout son attitude ou bien changera-t-elle d’avis, comme elle l’a déjà fait en ce qui concerne les organisations palestiniennes du Jihad islamique et du Hamas ? Il convient de rappeler en effet qu’il y deux semaines environ, l’Union considérait ces deux organisations comme des mouvements de résistance. Puis elle a brusquement et radicalement modifié sa position en qualifiant le Jihad et le Hamas de mouvements terroristes entravant de surcroît les efforts de paix dans la région. À la question de savoir si Beyrouth risquait d’assister à un pareil revirement de l’attitude européenne concernant le Hezbollah, surtout si celui-ci procédait à des opérations de résistance dans le secteur des fermes de Chebaa, les sources diplomatiques ont invité les Libanais à faire preuve de patience. Il s’agit de rappeler dans ce contexte que la position de l’UE à propos de la libération de ces fermes est claire : pour elle, l’avenir de cette portion du territoire national dépend de l’application des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité des Nations unies. Le tout est donc de savoir si la France, qui est parmi les premiers pays au sein de l’Union à s’être opposée à l’ajout du Hezbollah à la liste des organisations terroristes, posera comme condition à son appui à Beyrouth la cessation des opérations de résistance contre les Israéliens. Les mêmes sources avouent ignorer la réponse à cette question et attendent de plus amples informations à ce sujet de l’ambassadeur du Liban à Bruxelles Fawzi Fawaz .