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Actualités - REPORTAGES

PATRIMOINE - Une équipe d’experts dresse un état des lieux en prévision de la restauration du site - La citadelle des Chéhab à Hasbaya : - un millénaire de l’histoire de Liban

Raconter l’histoire du Liban, c’est, inévitablement, mentionner également l’histoire des Chéhab, cette lignée d’émirs qui a gouverné le Mont-Liban durant cent cinquante ans et a été à la chefferie du Liban-Sud pendant huit siècles, siégeant à la citadelle de Hasbaya. Cette dernière raconte, dans ses strates, un millénaire de l’histoire du pays du Cèdre et se pose en témoin des différentes modes et tendances architecturales. Aujourd’hui, la citadelle souffre d’abandon et de dégradation, d’où la nécessité de sa restauration. Dans cet objectif, une équipe d’architectes effectue des relevés pour dresser un état exact des lieux, et le ministre de la Culture, M. Ghassan Salamé, a effectué mercredi une visite d’inspection du site. Impressionnante est cette résidence familiale qui occupe le centre du bourg de Hasbaya et qui raconte l’histoire des Chéhab étroitement liée à celle de ce village et à celle du Liban. Les strates architecturales qui se superposent sont des témoins des différentes époques, tendances et modes qui avaient existé aux siècles passés au Liban. Ce grandiose monument plusieurs fois centenaire figure depuis les années soixante sur la liste du patrimoine national. Actuellement, et après plus de deux décennies d’abandon, les architectes retournent sur les lieux pour étudier, diagnostiquer et établir des plans pour la restauration de l’édifice. M Nabil Itani, architecte spécialiste en restauration des monuments historiques et partenaire au bureau d’études Polythecnical, explique que «l’étude de la citadelle des Chéhab a été faite suite à la demande de la DGA et a pour objectif de présenter un plan de sauvegarde du monument qui a subi de grands dommages dus à la guerre et à la négligence». Le plan de sauvegarde est élaboré à partir d’une étude à volets historique, architectural et urbain, pour préserver le monument et assurer les interventions urgentes à faire. L’étude historique touche tour à tour, le sérail, la famille Chéhab et la région de Hasbaya, tandis que l’architecturale porte uniquement sur l’édifice avec fiches descriptives des salles, ainsi que des relevés et des coupes de toutes ses façades. Cette étude constituera un état des lieux de la citadelle soulignant la dégradation des structures et de l’équipement. L’étude urbaine complète cette étude architecturale en délimitant le périmètre de protection et en proposant des modalités pour interactiver encore plus le sérail et la localité de Hasbaya. Le bureau de Polythecnical s’occupe aussi de faire les études critiques sur les interventions qui ont déjà eu lieu à la citadelle, dresse un carnet des restaurations urgentes à faire et des techniques à suivre pour limiter et éliminer le danger qui pèse sur quelques-unes des façades et structures de la citadelle. Pour le moment, le travail de l’équipe se centre sur l’étude historique du bâtiment en parallèle avec l’étude architecturale. «Nous décrivons chaque pièce et effectuons des relevés des murs et façades, action réalisée pour la première fois à la citadelle qui n’a aucun plan architectural». Le résultat de ce travail, étalé sur plusieurs mois, sera bientôt remis à la Direction générale des antiquités. La citadelle, un témoin du passé Architecturalement parlant, la citadelle est une mine d’informations sur la succession des styles et des modes de construction au pays du Cèdre. La citadelle était un lieu d’habitat des émirs, mais aussi une caserne et un lieu de gouvernance. «C’est le cumul des strates architecturales qui nous permet de comprendre la succession des périodes historiques à l’intérieur du monument, mais aussi de délimiter les éléments d’architecture relatifs à chacune des différentes fonctions données à la citadelle. Ce qui nous permet de mieux la dater et de comprendre son évolution dans le temps, souligne M. Itani. Ainsi, nous savons maintenant que cette citadelle remonte à la période des Croisés, ce qui confirme les traditions orales. Aux assises croisés, succèdent celles relatives à la période mamelouk, qui elles-mêmes ont servi de base au niveau ottoman. La décoration des pierres des façades et l’enduit permettent de dater chacune des salles et façades de la citadelle». Quant à l’étude historique, elle se fait à partir des récits des voyageurs et des archives de la DGA. Cela permet à l’équipe de comprendre encore plus les modifications qui ont eu lieu à la citadelle, comme la destruction du hammam, qui lui était accolée, remplacé par un immeuble à plusieurs étages. «Mais pour compléter cette étude, il est nécessaire d’effectuer des sondages archéologiques à l’intérieur de la citadelle afin de reconstituer la chronologie exacte des lieux», affirme Carla Chéhab, présidente de la Fondation libanaise pour la sauvegarde de la citadelle des émirs Chéhab – Hasbaya. Interventions urgentes Le premier état des lieux a révélé l’état désastreux de l’édifice. «Il est impératif de refaire toutes les installations hydrauliques et hydromécaniques de la citadelle, souligne l’expert en restauration, qui poursuit que la structure souffre d’effritement et de salissure dans plusieurs endroits, ce qui nécessite un nettoyage avec des jets d’eau des façades décorées». Avant de procéder à la restauration des lieux, l’équipe effectue des prélèvements de la pierre et de ses joints afin de connaître leur nature exacte et leur assurer par la suite le meilleur traitement préservant l’authenticité historique du monument. «Dans le plan d’aménagement de la citadelle, il est impératif de laisser le monument habité», souligne M. Itani, qui poursuit que «les Chéhab et le sérail sont deux entités inséparables. Mais il faut juste donner des directives sur les techniques à suivre pour améliorer le quotidien des habitants dans le respect de l’historique du monument».
Raconter l’histoire du Liban, c’est, inévitablement, mentionner également l’histoire des Chéhab, cette lignée d’émirs qui a gouverné le Mont-Liban durant cent cinquante ans et a été à la chefferie du Liban-Sud pendant huit siècles, siégeant à la citadelle de Hasbaya. Cette dernière raconte, dans ses strates, un millénaire de l’histoire du pays du Cèdre et se...