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Actualités - CHRONOLOGIES

Des histoires tragiques à la pelle

«Ma mère est morte lorsque j’étais encore enfant». C’est ainsi que l’un des jeunes détenus dont nous respecterons l’anonymat relate le début de ses malheurs. «Nous avons été transférés, mon frère et moi, à un foyer. Après quelque temps, j’ai fugué parce que je n’en pouvais plus». C’est dans la rue où, livré à lui-même, il rencontre des «personnes» qui lui apprennent l’usage de la drogue et l’inhalation de la térébenthine. À 12 ans, il entre pour la première fois à la correctionnelle. Aujourd’hui il a 16 ans, et se trouve pour la troisième fois en prison, incarcéré à Roumieh. Même quand il était en liberté surveillée, il a refusé de rencontrer son père. «Je ne m’entends pas bien avec lui». Sur qui rejette-t-il le blâme de ses emprisonnements successifs ? «Je suis une victime, tout est de la faute de mon père», affirme-t-il. Après une incarcération d’un an et huit mois, il sera de nouveau en liberté, et il aura déjà 18 ans. Grâce au programme de Terre des Hommes, il apprend à manier l’ordinateur. Que compte-t-il faire une fois sorti de prison ? «Je serai déjà majeur et je pourrais me prendre en charge, souligne-t-il. J’essaierai de trouver du travail à Beyrouth ou alors je reviendrai au village. J’aurai le service militaire à accouplir, ce qui me motivera d’autant plus à rester dans le droit chemin». Ce jeune délinquant n’est pas seul dans ce cas : la majorité des adolescents qui finissent en prison souffrent généralement de manque d’attention ou de conflits avec les parents. Ils sont 170 en moyenne dans ce bâtiment, la plupart d’entre eux en détention préventive. Les cas de délits, comme les petits vols, les rixes, la mendicité, sont majoritaires. Comme aucune solution n’est trouvée à la gendarmerie, ils finissent en prison où ils risquent des rencontres dangereuses avec des adolescents plus roués. Plus rares sont les condamnations pour des crimes plus graves, comme des meurtres. C’est récemment que Terre des Hommes a obtenu que les nouveaux ne soient pas mêlés tout de suite aux plus anciens. Selon les travailleurs sociaux, la réhabilitation totale reste problématique tant que l’accompagnement est insuffisant à l’extérieur de la prison. En effet, il n’existe pas d’institutions qui servent de substitut et à la famille (quand celle-ci est incapable d’encadrer l’enfant) et à la prison. L’une des principales nouveautés apportées par Terre des Hommes dans le cadre de ce programme consiste en la mise en place d’une équipe pluridisciplinaire pour suivre les cas des jeunes : psychologue, juriste, assistantes sociales, ainsi que des méthodes d’enseignement non didactiques… Malgré les difficultés de suivre l’adolescent une fois sorti de prison, les responsables du programme de Terre des Hommes affirment que les récidives sont très rares auprès des jeunes qui ont été pris en charge.
«Ma mère est morte lorsque j’étais encore enfant». C’est ainsi que l’un des jeunes détenus dont nous respecterons l’anonymat relate le début de ses malheurs. «Nous avons été transférés, mon frère et moi, à un foyer. Après quelque temps, j’ai fugué parce que je n’en pouvais plus». C’est dans la rue où, livré à lui-même, il rencontre des «personnes»...