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Actualités - ANALYSES

Nominations - Un travail titanesque abattu par les sélectionneurs - Le pouvoir prêt, en principe, à adopter les vues - du Conseil de la Fonction publique

Le Liban patricien, c’est-à-dire clientéliste et politicien, retient son souffle : qui va souffler aujourd’hui les bougies du gâteau des fêtes nominatives ? Qui aura la fève des rois, après la fièvre des palais (délicats) ? Une hausse de température clinique qui s’est manifestée durant le week-end encore plus à Baabda, Aïn el-Tiné et Koraytem qu’au siège vénérable du Conseil de la fonction publique. En effet, les présidents, tous trois désintéressés bien évidemment, ont porté une attention soutenue au cours des dernières quarante-huit heures aux préparatifs des nominations administratives. Leurs entourages respectifs se sont démenés comme de beaux diables, qu’on nous passe l’expression, pour passer au crible les listes de candidats en circulation, sinon pour les faire retoucher en douce, le cas échéant. Pendant ce temps, les membres émérites du Conseil de la fonction publique, bien qu’eux-mêmes placés sur des sièges éjectables, suaient sang et eau, sans dételer, pour donner leur avis sur les candidatures préparées par les ministres. Dont certains cachaient mal hier matin l’espoir que le Conseil de la fonction publique, pris de court, ne puisse pas rendre sa copie à temps. Mais un membre influent du cabinet des Trente se montrait au même moment tout à fait rassurant. À l’en croire, tout irait comme sur des roulettes, car les scrutateurs du CFP, bien que mobilisés tardivement, connaissaient déjà à fond le dossier, qui traîne comme on sait depuis des années. Autrement dit, ces techniciens savaient à quoi s’en tenir au moment où ils se sont mis à la tâche, et le travail qu’ils ont abattu ces deux derniers jours n’était pour eux que pure routine, sans charades à résoudre. Ce ministre de poids précise que les magistrats concernés étaient de plus stimulés par la quasi-certitude que le Conseil des ministres adopterait leurs conclusions telles quelles et s’en remettait donc entièrement à leur compétence. Si cela devait se confirmer, cela signifierait que les prérogatives de ces simples fonctionnaires auraient primé les pouvoirs des ministres. En effet, si ces derniers établissent les listes de candidats pour les postes de première et de deuxième catégorie, leur choix doit être entériné par un avis favorable du CFP. Dont les récusations, le cas échéant, s’accompagneraient de propositions de substitution et seraient pratiquement sans appel. Autrement dit, quand un ministre avance un nom et le CFP un autre, c’est ce dernier qui passerait. Une procédure qui peut être contestée d’un point de vue purement constitutionnel. Mais qui se justifie, selon le ministre cité, par le fait que le CFP est techniquement mieux à même de juger. D’autant qu’il s’appuie dans son étude au cas par cas des candidatures, sur le travail de déblayage effectué pour son compte par l’Inspection centrale et même par le Conseil de discipline générale. Dont le personnel a été également mobilisé en week-end, pour dégager les dossiers, les fiches, les antécédents des candidats à la promotion administrative. Ce ministre ajoute que le recours au CFP lui semble d’autant plus légitime que les nominations vont porter uniquement sur des cadres cadrés, tout recrutement hors-cadre étant exclu. Sauf pour quelques présidents ou membres de conseils d’administration d’offices autonomes ou assimilés, postes qui ne sont pas vraiment administratifs. Quoi qu’il en soit, des loyalistes du haut du panier confirment que le chef de l’État, M. Émile Lahoud, a supervisé de son côté pendant le week-end le travail d’analyse effectué par une équipe de lieutenants. Qui se sont penchés, précisent les mêmes sources, sur certains cas, sur certains dossiers déterminés de fonctionnaires. Le mot d’ordre étant, pour le pouvoir, d’aider à la réhabilitation des administrations par un train de nominations réussi d’abord. Par la modernisation des services ensuite, à travers le dépoussiérage des législations les concernant. Un objectif d’autant plus important que la réforme administrative conditionne en grande partie le redressement économique. Il faut donc, insistent ces sources, tout mettre en œuvre pour éradiquer la corruption, le gaspillage, le parasitisme, le clientélisme, la routine bureaucratique et l’incompétence. À cette fin, il a été décidé de renforcer les organismes de contrôle. Et dans ce cadre, le Conseil des ministres a passé dernièrement à la trappe un projet de loi prévoyant la levée de l’immunité spéciale dont jouissent, et jouiront donc toujours, le président du Conseil de la fonction publique, le président de l’Inspection centrale, le président du Conseil de discipline générale. Qui deviennent pratiquement inamovibles, et par là imperméables aux pressions. Un autre détail d’actualité : que va-t-il advenir de la fournée de hauts fonctionnaires mis sur la touche par le gouvernement Hoss ? Des sources informées croient savoir que le Conseil de la fonction publique compte leur redonner des postes équivalents à ceux qu’ils occupaient. Sauf pour quelques directeurs généraux, qui seraient dégradés pour devenir simples chefs de service. Il reste à souligner que des contacts loin des feux de la rampe ont eu lieu ces dernières heures entre Baabda, Aïn el-Tiné et Koraytem. Selon des sources concordantes, les trois présidents sont sur la même harmonieuse longueur d’onde. D’où vient leur subite entente ? D’abord, bien évidemment, de leur faculté commune d’écouter les conseils avisés des décideurs, qui les ont priés dernièrement de mettre un terme à leurs différends. Ensuite, parce que le temps presse : Paris II c’est en février et il faut d’ici là montrer patte blanche aux donateurs. Enfin, la crise socio-économique presse encore plus, et il faut montrer au bon peuple que le pouvoir travaille à son salut. Surtout quand on s’apprête à le pressurer davantage par la TVA, ou par une nouvelle augmentation de l’essence.
Le Liban patricien, c’est-à-dire clientéliste et politicien, retient son souffle : qui va souffler aujourd’hui les bougies du gâteau des fêtes nominatives ? Qui aura la fève des rois, après la fièvre des palais (délicats) ? Une hausse de température clinique qui s’est manifestée durant le week-end encore plus à Baabda, Aïn el-Tiné et Koraytem qu’au siège...