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Actualités - CHRONOLOGIES

Le Premier ministre a déjà traité le président palestinien de « menteur pathologique » et de « chien » - Les véritables intentions de Sharon - restent entourées de mystère

Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a continué mardi à accroître la pression militaire sur Yasser Arafat, mais ses véritables intentions vis-à-vis du président palestinien restaient entourées de mystère. Sa politique à l’égard de M. Arafat prend bien sûr en compte les impératifs diplomatiques ou sécuritaires, mais surtout les pressions contradictoires sur le plan intérieur. L’armée israélienne a poursuivi mardi ses raids lancés la veille contre des cibles associées à M. Arafat, qu’il s’agisse de bâtiments de la Force 17, sa garde prétorienne, ou d’un poste de police situé près de ses bureaux à Ramallah (Cisjordanie). Mais le chef du gouvernement israélien s’est bien gardé de commettre l’acte irréversible qui aboutirait au renversement de M. Arafat et à celui de l’Autorité palestinienne. Ce n’est sans doute pas l’envie qui lui manque, compte tenu de l’antipathie qu’il éprouve pour M. Arafat et dont il ne fait pas mystère, puisqu’il l’a traité à la fois d’«assassin», de «menteur pathologique» et même de «chien». Dans une allocution lundi soir, M. Sharon avait décrit M. Arafat comme «le plus grand obstacle à la paix et à la stabilité au Proche-Orient» et l’avait accusé d’avoir imposé «une guerre terroriste» à Israël. Cette opinion est celale de l’aile droite de son parti, le Likoud, et de l’extrême droite, qui réclament depuis longtemps l’élimination politique du président palestinien. Pour l’heure, M. Sharon «a décidé de ne pas prendre d’action qui chasserait Arafat des territoires palestiniens», estimait mardi un éditorialiste du grand quotidien Yediot Aharonot. «Il va simplement le traiter par le mépris et l’humilier». C’est, de toute évidence, dans ce but que les Israéliens ont détruit ses hélicoptères et son héliport à Gaza et rendu impraticable la piste de l’aéroport international de Gaza, utilisé par le président palestinien pour ses voyages à l’étranger. M. Arafat est ainsi bloqué à Ramallah, une situation humiliante sans précédent. L’analyste palestinien Ghassan al-Khatib pense, lui aussi, que l’objectif de M. Sharon n’est pas de renverser le président palestinien, mais «de l’affaiblir et de saper sa crédibilité». « Renverser l’Autorité sans l’avouer » Reste que cette campagne d’affaiblissement systématique peut aussi conduire à l’effondrement de l’Autorité palestinienne, même si ce n’est pas son but avoué. «Même si aucune décision formelle n’a été prise de chasser Arafat du pouvoir et de renverser l’Autorité palestinienne, c’est la direction dans laquelle nous allons», commente le Yediot Aharonot. M. Sharon doit tenir compte de plusieurs facteurs avant de décider du sort de M. Arafat, dont notamment la position de Washington. Depuis les attentats du 11 septembre, l’Administration américaine s’efforçait de tempérer le zèle de M. Sharon afin de ne pas braquer les pays musulmans modérés et de ne pas compromettre son offensive contre les talibans en Afghanistan. Mais la Maison-Blanche n’a pas hésité lundi à approuver tacitement les représailles israéliennes et il est possible que cela ait donné des idées à M. Sharon. Ces considérations pèsent toutefois de peu de poids par rapport aux contraintes de politique intérieure, où M. Sharon est tiraillé entre deux pôles diamétralement opposés. Sur sa droite, il doit tenir compte de la surenchère de son grand rival, l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui l’accuse depuis des mois de mollesse. «D’une certaine façon, Sharon agit contre Arafat pour que Netanyahu le laisse en paix pour un moment», commente un éditorialiste du quotidien Maariv. Mais sa marge de manœuvre est limitée par sa détermination à préserver son cabinet d’union nationale, ce qui l’oblige à tenir compte des réserves des travaillistes et donc à ne pas aller trop loin sur le plan militaire. Leur leader, le chef de la diplomatie Shimon Peres, a manifesté mardi son mécontentement, dénonçant «une tentative de provoquer l’effondrement de l’Autorité palestinienne».
Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a continué mardi à accroître la pression militaire sur Yasser Arafat, mais ses véritables intentions vis-à-vis du président palestinien restaient entourées de mystère. Sa politique à l’égard de M. Arafat prend bien sûr en compte les impératifs diplomatiques ou sécuritaires, mais surtout les pressions contradictoires sur le plan...