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Actualités - CHRONOLOGIES

Washington fait cavalier seul et donne clairement la priorité à ses propres objectifs immédiats - La « coalition militaire », un « leurre » controversé

Des ambiguïtés subsistent autour du concept de «coalition militaire» en Afghanistan où Washington donne clairement la priorité à ses propres objectifs à court-terme, avant la réconciliation politique et la protection de l’aide humanitaire, selon des sources diplomatiques et humanitaires. «Il n’y a pas de coalition militaire en Afghanistan, c’est un leurre», a affirmé une source diplomatique occidentale à Islamabad, en déplorant le «grand désordre» ayant accompagné le déploiement de commandos et de soldats occidentaux ces dernières semaines, et le «mélange des genres entre lutte antiterroriste et protection humanitaire». Au lendemain de l’adoption le 14 novembre de la résolution du Conseil de sécurité ayant ouvert la voie à la convocation de la conférence interafghane de Bonn, le porte-parole de l’Onu à New York, Fred Eckhard, avait admis que l’Organisation internationale était tenue dans l’ignorance la plus totale des plans militaires élaborés à Washington et dans d’autres pays occidentaux. Outre les États-Unis qui dominent les forces occidentales en Afghanistan (1 500 à 2 000 hommes), la Grande-Bretagne et la France ont envoyé de petites unités, et des militaires australiens et allemands ont été signalés dimanche dans le sud, parmi les Marines, alors que l’heure de vérité approche pour le dernier grand bastion des talibans à Kandahar. Le mois dernier, dans le nord bombardé par l’aviation américaine, des forces spéciales et des agents secrets occidentaux ont suivi de près ou participé parfois directement, dans le plus grand secret, aux opérations d’élimination des dernières poches de résistance des talibans et de leurs alliés arabes et pakistanais, notamment à Kunduz et Mazar-i-Sharif. Peu d’informations ont filtré sur ce «sale boulot» des membres des forces spéciales et sur le degré de coopération avec l’Alliance du Nord et même entre eux. Il y a deux semaines, plusieurs journaux britanniques avaient indiqué que Londres avait retardé l’envoi de 6 000 soldats en Afghanistan parce que les États-Unis étaient davantage préoccupés par la traque d’Oussama Ben Laden et des derniers chefs talibans que par la mise en place d’une opération multinationale chargée de protéger l’aide humanitaire. Vendredi dernier, à Washington, la Maison-Blanche a estimé que le déploiement d’une force de paix en Afghanistan était toujours «prématuré», compte tenu de la poursuite des hostilités sur le terrain et des discussions se poursuivant à Bonn. Depuis les attentats meurtriers du 11 septembre, il est clair que le gouvernement de Washington accorde la priorité absolue à la capture ou à l’élimination des militants panislamistes en Afghanistan, qu’il tient pour responsables des attaques terroristes aux États-Unis. Cependant, de «lourdes ambiguïtés» et «un climat malsain» subsistent quant à la nature des opérations militaires actuelles en Afghanistan, ce qui gêne de plus en plus les organisations de secours, ont indiqué des sources humanitaires occidentales au Pakistan. «L’intervention de la coalition occidentale peut être légitime, mais elle commence à susciter des mouvements d’humeur et une certaine irritation chez les Afghans, y compris les intellectuels, qui s’inquiètent de cette intervention étrangère sur leur sol», a expliqué Philippe Bonhour, chef de mission d’Aide médicale internationale (AMI), une ONG française présente dans la région depuis 1980. M. Bonhour s’est inquiété, dans ce contexte, des «amalgames» entre opérations militaires et humanitaires, et des risques que cette situation fait peser sur les travailleurs humanitaires occidentaux qui pourraient être pris pour cibles en raison de la participation de leurs pays respectifs à la coalition militaire. Des responsables de l’Onu partagent ces inquiétudes, mais ont refusé de faire des déclarations à ce stade. Les largages de rations alimentaires américaines en Afghanistan, parallèlement aux bombes depuis le 7 octobre, avaient déjà suscité des critiques dans les milieux humanitaires. La résolution onusienne du 14 novembre ayant comporté un langage assez vague sur la protection militaire des secours, des travailleurs humanitaires au Pakistan se sont prononcés lundi en faveur d’une «meilleure codification du Conseil de sécurité», qui pourrait passer par l’adoption d’une nouvelle résolution, susceptible de donner un cadre plus précis aux opérations militaires.
Des ambiguïtés subsistent autour du concept de «coalition militaire» en Afghanistan où Washington donne clairement la priorité à ses propres objectifs à court-terme, avant la réconciliation politique et la protection de l’aide humanitaire, selon des sources diplomatiques et humanitaires. «Il n’y a pas de coalition militaire en Afghanistan, c’est un leurre», a affirmé...