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Actualités - CHRONOLOGIES

WEB-CULTURE - Les coups de crayon cinglants d’un artiste brésilien d’origine libanaise - « Art Can Be Powerful », dit Latuff

Latuff est un artiste brésilien de Rio de Janeiro né en 1968. Dans son site, il présente ses dessins satiriques et ses photos sur l’exclusion sociale. De son vrai nom Carlos Henrique, Latuff a du sang libanais puisque son grand-père était du pays du cèdre. Sur le Net, il scande : «Art Can Be Powerful». Ce n’est donc pas une fleur que Latuff charge dans son 357 Magnum mais un stylo. En tant qu’artiste et citoyen, il veut montrer au monde les innombrables crimes politiques qui frappent l’Europe de l’Est, l’Amérique latine, l’Asie, le Moyen-Orient... Bref, Latuff n’épargne personne. Ses mots sont clairs et ses coups de crayon cinglants. Un chapitre entier de son site est consacré à des dessins soutenant la cause zapatiste, dans le Chiapas, et dénonce une guerre silencieuse manipulée par les Américains. Son engagement le mène dans le Shanty Town, aux alentours de Rio, où il photographie les démunis et les jeunes, brimés par la police. Aussi, il peint sur les murs des favelas des hommes militaires mi-cochon, mi-vampire pour rappeler à tous la corruption ambiante. L’artiste manie avec rigueur le dessin politique, le photomontage et le cynisme. Il appelle à l’implication de chacun à travers le Web. Il envoie gratuitement, à qui veut, un économiseur d’écran zapatiste. Et pour les plus militants, il y a le «procès par dessins». Le site s’octroie le pouvoir de juger toute personne ayant violé les droits de l’homme et chaque visiteur peut, en tant que juré, engager une procédure en envoyant un message et une accusation par le biais d’un dessin. De nombreuses têtes sont déjà tombées, à commencer par Ernesto Zedillo, président du Mexique, «coupable de crimes contre l’humanité, garant de la création et du financement de groupes paramilitaires, responsable de tortures, emprisonnements et massacres au Chiapas». Nawaz Sharif, Premier ministre du Pakistan, «coupable» ; Vladimir Poutin «coupable» ; l’industrie du tabac «coupable», etc. Une longue liste d’illustrations frappe comme le maillet du juge. Depuis les massacres d’Acteal, au Chiapas en 1997, il a pris une décision claire d’engagement politique de devenir un artiste résistant. «Aujourd’hui nous avons l’importante responsabilité de dénoncer les criminels avec ce que nous connaissons de mieux : l’art», affirme l’artiste haut et fort. Internet a d’abord été créé comme un outil de communication pour les forces militaires. Y a-t-il sur le Net un réseau de résistance qui milite activement comme lui ? «Je ne sais pas si on peut véritablement parler de réseau de résistance, il y a de nombreuses initiatives personnelles et collectives ici et là de la part de gens honnêtes. Mais l’Internet est un phénomène récent, un mouvement vigoureux pourrait être en train de se former. Si on le veut, on le peut !». Latuff, pensez-vous que le Web est un moyen efficace pour militer et informer le monde des crimes contre l’humanité ? «Bien sûr, sinon vous n’auriez jamais entendu parler de moi qui n’ai pas d’amis influents ! Pour les gens ordinaires comme moi, l’Internet fait toute la différence». Est-ce que vos dessins sont aussi publiés dans des magasines et des journaux ? «En général, les médias alternatifs sont plus intéressés que la presse courante par les sujets que je traite. Toutes mes œuvres sont reproduites dans le monde entier, aussi bien à travers des sites que des magasines anarchistes ou des posters afin de faire passer le message. Mes dessins je ne les fais pas pour de l’argent mais pour donner conscience aux gens des crimes qui existent». Dessinateur et illustrateur professionnel depuis 1990, Latuff travaille à Rio de Janeiro pour des syndicats, des boîtes de publicité et des maisons d’éditions. «C’est comme ça que je gagne ma vie, ce qui n’est pas facile au Brésil». En parallèle, il dit avoir des activités bénévoles dans des groupes de soutien de malades mentaux, ou de victimes du sida. Il participe à des manifestations contre les brutalités des forces de l’ordre. Le site «Art Can Be Powerful» fait partie de ces activités. Malgré beaucoup d’offres d’argent, ses dessins ne sont pas à vendre. «Je ne veux pas voir mon art devenir une monnaie d’échange. Je vise le domaine public, et les droits de l’homme concernent le domaine public».
Latuff est un artiste brésilien de Rio de Janeiro né en 1968. Dans son site, il présente ses dessins satiriques et ses photos sur l’exclusion sociale. De son vrai nom Carlos Henrique, Latuff a du sang libanais puisque son grand-père était du pays du cèdre. Sur le Net, il scande : «Art Can Be Powerful». Ce n’est donc pas une fleur que Latuff charge dans son 357 Magnum mais un stylo....