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Parlement 2009 - COMMUNICATIONS ET DECLARATIONS

Opposition - Halte aux atteintes à la liberté, rééquilibrage des rapports avec Damas - Le Forum démocratique appelle à un assainissement de la vie politique

Le Forum démocratique a lancé hier un nouvel appel à l’assainissement de la vie politique, devenu urgent, à ses yeux, pour que le Liban puisse résister aux bouleversements consécutifs aux attentats du 11 septembre aux États-Unis tout en critiquant le laisser-aller des responsables. Parallèlement, des figures de l’opposition, membres de ce Forum, comme MM. Walid Joumblatt, Nassib Lahoud et Farès Souhaid ont de nouveau mis en garde contre les atteintes à la liberté et appelé au rééquilibrage des relations avec la Syrie. Mais le point le plus important de leurs discours reste le refus d’une répression des libertés au nom de la sécurité. Le document du Forum démocratique se justifie par les évènements consécutifs aux attentats du 11 septembre et par la nécessité d’évaluer leurs éventuelles répercussions sur le Liban, selon les explications de son chef, M. Habib Sadek. «Nous laissons aux autres le soin de célébrer l’indépendance par des cérémonies de pure forme et des séances oratoires», a déclaré M. Sadek qui a exposé à la presse les grandes lignes du texte. Le Forum juge que les attentats du 11 septembre ont représenté «l’étincelle qui a déclenché le processus de consolidation de l’hégémonie américaine sur le monde (…) favorisant la généralisation de la militarisation et des systèmes de sécurité». Au terme d’une longue analyse de la politique américaine, «responsable de l’émergence de nombreux mouvements terroristes», des causes du terrorisme et du laxisme arabe face à l’exacerbation de la violence israélienne contre les Palestiniens, le Forum s’arrête sur la situation au Liban, «qui semble aujourd’hui plus exposé aux effets des développements en cours». «Et du moment que le monde autour de nous chancèle sous le poids des événements qui le secouent, nous pouvons nous attendre au pire si nous ne parvenons pas à renforcer notre immunité interne par une entente nationale authentique, née d’un dialogue démocratique constructif», selon le Forum qui s’étonne de ce que «les responsables soient déconnectés de la réalité brûlante et occupés par leurs affaires personnelles et sectaires». Le document leur reproche de minimiser l’importance des «dangers qui nous guettent» et de se «contenter de la langue de bois habituelle pour diffuser de fausses assurances et pour couvrir leur incapacité à assumer leurs responsabilités constitutionnelles en proclamant un état d’alerte général politique, économique, social et médiatique». Il souligne de nouveau la nécessité d’une consolidation de la démocratie, de la liberté d’expression et d’opinion et de l’ouverture «d’un dialogue responsable entre les diverses forces politiques afin d’aboutir à une entente nationale qui débouche sur un assainissement qui englobe tous les volets de la vie politique (…) et sur un consensus portant sur un règlement politique entre le Liban et la Syrie à travers un dialogue amical et franc de nature à rééquilibrer les rapports entre les deux États sur tous les plans et à revenir à l’accord de Taëf au sujet du redéploiement des forces syriennes». Après avoir estimé que «la situation internationale et régionale commande plus que jamais ce rééquilibrage», le Forum appelle au déploiement de l’armée dans la bande frontalière et invite l’État à mettre fin à «la mainmise exercée par certaines forces politiques influentes sur le Liban-Sud», tout en rendant hommage à la Résistance. Joumblatt : «Une bataille féroce contre les services» Plus tard, M. Joumblatt a pris la parole pour rappeler la lutte engagée depuis l’année dernière pour protéger les libertés et consolider l’État de droit. «Nous avons connu quelques échecs, comme le vote du Code de procédure pénale, lorsque certains au sein du Parlement, se sont pliés à une volonté autre que celle du peuple», a-t-il déclaré, avant d’affirmer que des parties qu’il n’a pas nommées ont mis à profit les incidents du 11 septembre pour relever le retour des tribunaux militaires aux États-Unis. «Comme si elles voulaient nous dire que ce qui se fait aux États-Unis peut se faire au Liban. Dans le numéro d’hier (mercredi) dans as-Safir, un texte publié semblait être un mandat d’exécution dont l’essence est la suivante : «La sécurité d’abord. Les libertés ensuite et nous ne plaisantons pas». Cela nous ramène à ce qui s’était passé devant le Palais de justice, cet incident horrible dont les auteurs – même si nous les connaissons – n’ont toujours pas été punis», a déclaré M. Joumblatt. «La bataille engagée, a-t-il dit, n’est pas celle de Joumblatt et de Sfeir face aux Syriens. C’est celle de tous les Libanais face aux services de sécurité. Nous sommes pour une consolidation de la relation (avec la Syrie) mais cela n’empêche pas la bataille de la consolidation de la liberté et de la démocratie. Avec la nouvelle tendance, celle de la sécurité (qui prime), ils peuvent s’en prendre à nous tous en tant que Libanais». Il s’est arrêté sur la célébration de l’indépendance pour s’interroger : «Pourquoi la cérémonie a-t-elle eu lieu à Yarzé et non pas sur une des nombreuses places du pays – bien que je sois contre les défilés militaires-. C’est comme s’ils voulaient nous dire : “Nous représentons le Pouvoir, nous prenons les décisions”. Et ça, c’est effrayant et c’est grave, surtout après les propos attribués aux sources de sécurité qui veulent imposer leur volonté à tout le monde». M. Joumblatt a appelé à «resserrer les rangs car nous allons être engagés dans une confrontation plus dure et plus féroce que jamais. Ces ignares à certains niveaux du Pouvoir et dans certains services de sécurité exploiteront tout ce qui s’est passé aux États-Unis pour s’en prendre aux citoyens libres au Liban». Prenant à son tour la parole, M. Lahoud a estimé que les attentats du 11 novembre ne doivent pas servir de prétexte pour renforcer le pouvoir unilatéral dans le monde. Il a affirmé la poursuite de la bataille pour les libertés et appelé au rééquilibrage des relations avec la Syrie, estimant que cette revendication ne doit pas être perçue comme une confrontation avec Damas. «Elle est formulée en vue d’aboutir à des rapports stratégiques (entre le Liban et la Syrie) qui seront dans l’intérêt des deux pays», a ajouté le député du Metn. Et dans ce qui semble être une réponse directe au message à la Nation du chef de l’État, le général Émile Lahoud, le parlementaire a déclaré : «Nous sommes pour un retour des services de sécurité au Liban-Sud et contre des assurances de sécurité à Israël. Notre responsabilité n’est pas moins importante que celle du Pouvoir. Nous n’acceptons pas que la démocratie soit minée au nom de la sécurité et nous œuvrerons pour changer le point de vue de l’État, conformément à la Constitution. Nous n’acceptons pas non plus qu’on nous accuse d’être des parasites ou de provoquer un chaos. Cela ne fait pas partie de nos méthodes». M. Farès Soueid a également appelé au rééquilibrage des relations avec la Syrie et mis l’accent sur les arrestations opérées dans les rangs de l’opposition, après la tournée du patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, dans le Chouf. Il a rappelé dans ce cadre qu’un des membres des Assises de Kornet Chehwane, Toufic Hindi (représentant les FL) est toujours sous les verrous «sans qu’on ne connaisse les charges précises retenues contre lui».
Le Forum démocratique a lancé hier un nouvel appel à l’assainissement de la vie politique, devenu urgent, à ses yeux, pour que le Liban puisse résister aux bouleversements consécutifs aux attentats du 11 septembre aux États-Unis tout en critiquant le laisser-aller des responsables. Parallèlement, des figures de...