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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

CONFÉRENCE - Au musée de l’AUB, l’architecture médiévale en Égypte - Les demeures résidentielles du vieux Caire, - un luxe adapté au climat

Dans l’urbanisme du XXe siècle, la question de la conservation et de l’aménagement des centres-villes historiques est une question continuellement soulevée. En Égypte, le vieux Caire n’échappe pas à ce dilemme, et si les aménagements des quelques décennies passées lui ont fait perdre quelques grands édifices, il se rattrape actuellement. Les demeures princières et bourgeoises médiévales sont des chantiers de restauration et attirent, par leur splendeur architecturale, touristes et curieux. Mme Chiraz Mezher, architecte spécialiste des vieilles demeures du Caire, a présenté, lors d’une conférence donnée au musée de l’AUB, les caractéristiques des demeures fatimides de la capitale égyptienne. «Le nombre limité des résidences médiévales conservées dans le vieux Caire rend toute étude architecturale de l’habitat délicate et compliquée, indique Mme Chiraz Mezher. En fait, du XIIe siècle, une seule demeure est conservée, et une demi-douzaine remonte aux XIIIe et XIVe siècles. Ainsi, pour analyser les caractéristiques de l’habitat médiéval, il faut établir des comparaisons avec les traditions architecturales ottomanes pour voir quels sont les éléments qui ont persisté». Les résultats de ces recherches révèlent que toutes les habitations, qu’elles soient celles de princes ou de simples bourgeois, sont érigées suivant un même plan. Les constructions médiévales du vieux Caire sont toutes à trois entrées, une pour le maître des lieux et ses invités, une autre pour les femmes, et une troisième pour les fournisseurs et personnel de maison. Cette dernière a accès sur la rue principale de la ville alors que les deux premières donnent sur de petites ruelles de moindre importance, pour assurer un maximum de sécurité aux propriétaires. Toutes ces maisons sont à cour intérieure à ciel ouvert qui est une source de lumière et d’air frais, et un lieu de détente pour les habitants loin des regards indiscrets dans une ville animée. Ces résidences sont à deux étages, le rez-de-chaussée est réservé au personnel avec la cuisine et les entrepôts, et l’étage à la famille avec ses salles de réception. «Considéré comme la partie “noble” de la maison, le premier étage est divisé en trois parties bien distinctes, le “maq’ad”, la “qa’a” et le “harim”. Le “maq’ad” est la pièce de réception pour la saison d’été alors que la “qa’a” est pour celle de l’hiver. Quant au troisième élément d’architecture, il s’agit du “harim”, pièce de réception des femmes. Située en face du “maq’ad”, cette salle est composée de vastes appartements n’ayant aucune particularité architecturale typique, étant donné que les femmes circulent dans toute la maison et n’utilisent cette salle que lors des visites», indique Mme Mezher. Des résidences au climat doux, même en été Cette architecture civile ne vise pas uniquement l’aspect esthétique, surtout que la décoration de ces résidences est splendide, mais se veut aussi fonctionnelle. Ainsi, elle cherche à atténuer les chaleurs de l’été, par des éléments architecturaux insérés dans les murs. Les architectes médiévaux du Caire ont inventé un système ingénieux de ventilation dans les salles : des tuyaux captent le vent froid du nord et le font passer dans les salles pour les rafraîchir et, une fois réchauffé, il est aspiré par d’autres tuyaux à l’extérieur. De plus, et pour humidifier, une petite cascade est construite dans la salle de réception, son eau traverse, par une petite canalisation, les «iwans» de la «qa’a». Quant aux rayons solaires, source de chaleur continue tout au long de la journée, leur effet est atténué par les «masharabeyyas», grilles en bois fixées sur les fenêtres donnant sur l’extérieur. Ces «masharabeyyas» comportent aussi un autre intérêt, celui de pouvoir surveiller l’entrée de la maison sans être vu. Et Mme Mezher assure que ces fenêtres «n’ont pas été créées dans le but de servir de tchadors architecturaux pour dissimuler la gent féminine du regard des curieux, mais pour réduire les chaleurs d’une façon esthétique». La décoration des parois des murs de ces résidences illustre la finesse de l’art et la grande maîtrise des techniques du travail de la pierre à la période islamique. Si ces demeures sont aujourd’hui situées au milieu de ruelles et sont entourées par de petites échoppes, elles n’étaient pas dans ce contexte lors de leur édification. Le Caire était en fait entouré d’un rempart et était réservé au califat et au grand personnel administratif. Il était composé d’un ensemble de palais et de luxueuses résidences, le peuple, lui, vivait à el-Foustat qui avait servi de siège à l’administration civile et militaire à l’époque byzantine et de quartiers habités durant toute la période islamique. Détruit et abandonné, el-Foustat est devenu une mine d’informations sur l’architecture islamique depuis sa «conversion» en chantiers de fouilles archéologiques. L’étude des murs de fondation des maisons exhumées dans cette zone comble des lacunes et propose de nouvelles données pour approfondir les connaissances sur l’architecture islamique dans cette capitale millénaire qui a joué un rôle fondamental dans l’histoire et l’art de cette civilisation islamique.
Dans l’urbanisme du XXe siècle, la question de la conservation et de l’aménagement des centres-villes historiques est une question continuellement soulevée. En Égypte, le vieux Caire n’échappe pas à ce dilemme, et si les aménagements des quelques décennies passées lui ont fait perdre quelques grands édifices, il se rattrape actuellement. Les demeures princières et...