Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Environnement - L’ALMEE expose les résultats de ses expériences sur divers sites au Liban - Mesures économiques et système antipollution : - le soleil pour maîtriser l’énergie

Chauffe-eau solaire, isolation thermique et autres améliorations ont été apportés à titre expérimental par l’ALMEE (Association libanaise pour la maîtrise de l’énergie et de l’environnement) à divers bâtiments dans le pays. Les résultats, qualifiés de positifs, ont été exposés récemment à l’occasion d’une conférence organisée en présence de divers représentants d’organismes officiels et professionnels. Quels sont les avantages du chauffe-eau solaire et pourquoi en installer dans un pays où les tarifs de l’électricité restent relativement bas ? Adel Mortada, expert technique auprès de l’ALMEE, explique les avantages de l’économie d’énergie qui, entre autres, nous prépare à la réforme des tarifs, inéluctable dans l’avenir. La première évaluation des résultats des expériences de l’ALMEE repose principalement sur une année complète de mesures de la consommation énergétique de plusieurs logements dans un immeuble de Zouk (Kesrouan), auquel des améliorations de toutes sortes ont été apportées grâce à un prêt du Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM). Ce prêt devrait être remboursé par les propriétaires. «L’expérience présentait une nouveauté majeure, précise M. Mortada. C’est la première fois qu’un système de chauffe-eau solaire est installé pour 33 logements. Or, le système solaire a fonctionné comme prévu, fournissant toute l’eau chaude nécessaire. Pour ce qui est des copropriétaires, aucun problème majeur n’est à signaler. Ils se sont tous déclarés très satisfaits du fait qu’ils disposaient d’eau chaude continuellement». La seule lacune enregistrée par l’ALMEE est l’absence de compteurs individuels, certains foyers consommant davantage d’eau que d’autres. Mais puisque la consommation d’eau au Liban n’est pas encore mesurée à l’aide de compteurs et que la production d’énergie solaire est gratuite, pourquoi marquer la différence de consommation entre un logement et l’autre ? «Le système solaire ne fournit pas 100 % de l’énergie, explique M. Mortada. Le reste est assuré par le chauffage au fuel qui est payé, lui, par les habitants. Il ne faut pas oublier non plus les frais de l’entretien. Pour l’instant, ces compteurs devraient exister à titre indicatif». Selon lui, pour éviter les problèmes entre colocataires ou copropriétaires, il suffit de créer un comité qui désignera une personne responsable de collecter l’argent pour le fuel, l’entretien et le remboursement du prix du système mis en place. Pour ce qui est du système proprement dit, il est conçu pour fournir 70 % du réchauffement de l’eau. Selon M. Mortada, cette proportion s’élève à 100 % au printemps et en été. «Bref, le système collectif est efficace et accepté par le public, comme le prouve cette expérience», conclut-il. Pas nécessairement plus cher Toutefois, une expérience réussie ne suffit pas pour assurer le succès des systèmes de maîtrise de l’énergie. «Le principal obstacle à la diffusion de telles pratiques dans notre pays est la modicité des tarifs d’électricité, indique M. Mortada. Si l’on compare l’énergie produite par un système solaire au Liban, en Jordanie et à Chypre, on remarque que la quantité est égale, sinon supérieure, chez nous. Or, l’utilisation du solaire est beaucoup plus répandue dans les deux autres pays. La raison en est simple : les tarifs d’électricité sont plus bas chez nous, ce qui rend l’installation d’un système solaire moins rentable que dans d’autres pays». Cela implique-t-il que la promotion du solaire doit passer par une hausse des tarifs ? Ce ne serait pas une mesure très populaire… «Ce que nous demandons, c’est une redevance sur la consommation qui contribuerait à financer des mesures d’économie d’énergie, une sorte de taxe pour la pollution, répond-il. Pour ce qui est des tarifs d’électricité, ils sont inéluctablement appelés à s’élever avec le temps. De l’aveu de certains responsables de l’EDL (Électricité du Liban), le prix de production du kilowatt/heure est supérieur à la somme payée par l’abonné ! En définitive, c’est le contribuable qui paye les pots cassés». Selon lui, la réforme des tarifs sera sans nul doute un passage obligé, notamment en cas de privatisation de l’EDL. «Une étude de l’Électricité de France (EDF) pour l’EDL encourage une telle réforme et montre que la situation actuelle favorise le gaspillage d’énergie, tout en empêchant les métiers d’efficacité énergétique de se développer, ajoute M. Mortada. La diffusion de tels équipements entraînera moins de pollution, moins de consommation d’énergie et d’importation de produits pétroliers, et créera plus d’emplois dans des domaines négligés aujourd’hui». Une question demeure : le Libanais a-t-il intérêt à utiliser des équipements à efficacité énergétique ? «Nos expériences ont démontré que toutes les améliorations techniques apportées à la construction sont valables au Liban, indique-t-il. D’ailleurs, si on met en place des mécanismes d’aide au financement pour l’installation de tels équipements, les utilisateurs finiront par payer la même facture qu’avant le changement. Sur nos sites, nous avons effectué des simulations qui le prouvent : pour un foyer qui consomme 400 kilowatts/heure par mois, il s’est avéré que 200 proviennent du seul chauffage de l’eau. Nous avons calculé qu’avec le coût d’un chauffe-eau solaire, une économie d’éclairage et un frigo plus efficace, cette consommation sera réduite à 250 kilowatts/heure. Même avec les tarifs actuels, le coût ne sera pas supérieur. Mais en cas d’augmentation, le potentiel d’économie est considérable». En d’autres termes, une augmentation des tarifs ne signifie pas nécessairement qu’il faut débourser plus si notre technicité est améliorée. Promouvoir le chauffe-eau solaire Cependant, les prix des chauffe-eau solaires demeurent élevés. «Comme la demande est très faible au Liban, il est normal qu’ils soient chers, souligne l’expert. Une augmentation de la demande et un développement de l’industrie locale en réduiront certainement le coût, qui est déjà moins élevé qu’il y a quelque temps. Des pays voisins comme la Jordanie et Chypre nous vendent aujourd’hui de tels équipements. Qu’est-ce qui nous empêcherait d’en exporter nous-mêmes ?» Quels sont les objectifs de l’ALMEE aujourd’hui ? «Dans le cas des immeubles en construction, il faudrait généraliser la mise en place d’une boucle (ensemble de tuyaux) d’eau chaude isolée, destinée à être connectée dans l’avenir à un chauffe-eau solaire, explique-t-il. Ainsi, les habitants seront prêts à modifier leur système à n’importe quel moment. Cette mesure n’est pas lucrative si elle est appliquée durant la construction». Un tel changement est également possible pour les bâtiments existants, mais il n’est pas possible d’obliger tout le monde à entreprendre de telles modifications. «Un autre de nos objectifs est d’améliorer le savoir-faire technique libanais, d’inclure ces notions dans l’apprentissage de l’ingénierie et de la fabrication de systèmes, poursuit M. Mortada. Il est indispensable aussi d’avoir des normes nationales dans le domaine». L’ALMEE est une ONG qui ne fournit pas elle-même les systèmes d’efficacité énergétique, et qui n’en finance pas l’acquisition. Toutefois, elle se charge de rétablir la confiance dans le solaire par le parrainage de contrats entre l’acheteur et le pourvoyeur, dans lesquels le second apporte au premier une garantie pour l’utilisation du système. Mesures de contrôle et pénalités sont prévues dans le texte.
Chauffe-eau solaire, isolation thermique et autres améliorations ont été apportés à titre expérimental par l’ALMEE (Association libanaise pour la maîtrise de l’énergie et de l’environnement) à divers bâtiments dans le pays. Les résultats, qualifiés de positifs, ont été exposés récemment à l’occasion d’une conférence organisée en présence de divers...