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Actualités - ANALYSES

Diplomatie - Les colombes du département d’État en perte de vitesse - Le Hezbollah dans la ligne de mire des faucons du Pentagone

Département d’État vs Pentagone. C’est sous cet angle qu’un ancien ministre libanais aborde la situation régionale. Les tiraillements entre colombes et faucons au sein de l’Administration Bush sont un secret de polichinelle. En attestent les déclarations d’intentions, souvent contradictoires, de MM. Colin Powell et Donald Rumsfeld. Le clivage est assez net en ce qui concerne le conflit israélo-arabe. Les militaires semblent, dans ce cadre, faire plus volontiers que les diplomates le jeu du lobby sioniste. Une conjonction de pressions qui est à l’origine de la récente inclusion, aux côtés du Hamas, du Jihad islamique et du FPLP palestiniens, du Hezbollah libanais sur la liste noire du terrorisme. Ou, plus exactement, de l’injonction US de gel des avoirs bancaires de ce parti et de ses cadres. Sous peine du rétablissement des sanctions, ou même de leur aggravation, qui ont pénalisé le Liban depuis Schultz jusqu’à Albright. Pour résumer familièrement le tableau, les ultras du Pentagone, qui ont une revanche à prendre après les attentats du 11 septembre, veulent casser la baraque. Tandis que les modérés du département d’État ne sont pas loin de convenir avec les Arabes (mouvements radicaux exclus) que seule une paix véritable, globale et équitable peut assurer la sécurité de tous dans la région. Et transformer le terrorisme en un phénomène marginal. Tandis que le cycle fondamental de violences prendrait fin, du moment que les actions de résistance ou d’intifada n’auraient plus lieu d’être, une fois l’occupation israélienne abolie. Dans cette optique, la diplomatie américaine s’efforce d’obtenir une trêve durable sur le terrain, en prélude à la reprise des négociations sur tous les volets pendants. En base du plan Mitchell dans les territoires autonomes et des principes de Madrid comme des résolutions 242-338 en ce qui a trait au Golan ou à l’enclave de Chebaa. Si c’est là l’option du département d’État, comment les militaires US pourraient-ils s’y opposer ?, serait-on tenté d’objecter. Normalement, ils n’en auraient ni le droit ni les moyens constitutionnels. Mais en temps de guerre, leurs prérogatives de fait sont automatiquement étendues au domaine de la politique étrangère. On se rappelle ainsi qu’en son temps, le général MacArthur disposait de pouvoirs plénipotentiaires dans le Pacifique asiatique, tout comme, avant lui, le général Eisenhower en Afrique du Nord. Aujourd’hui, les stratèges américains ont tout l’air de partager les vues géopolitiques de Sharon. Les gradés américains favoriseraient de la sorte la thèse sioniste selon laquelle la sécurité passe avant la paix. Parce que tout règlement qui serait signé risquerait d’être torpillé par les organisations radicales arabes, dites subversives sinon terroristes, qui refusent de reconnaître Israël et a fortiori de traiter avec cet État. Dont seule la disparition de la carte pourrait les satisfaire. Par voie de conséquence, les faucons du Pentagone penseraient que Sharon n’a pas tort de vouloir d’abord en finir avec les irréductibles Arabes, intégristes ou progressistes. Il s’agirait, outre la lutte militaire ou policière, de priver ces mouvements de ressources financières et logistiques pour les affaiblir sérieusement avant de les neutraliser. Bien évidemment, quand un tel objectif serait atteint, Israël se retrouverait en position de force pour entamer les négociations finales avec les Palestiniens, les Syriens et les Libanais. Les Arabes ne disposeraient plus de leviers de pression suffisants pour parvenir à la paix équitable qu’ils souhaitent. C’est-à-dire non seulement pour recouvrer leurs territoires, mais aussi pour éviter de se retrouver sous une domination israélienne larvée, politique, culturelle et économique. Pour le moment, le président Bush, qui reste maître de la décision US, paraît privilégier le Pentagone. Il a certes parlé d’État palestinien, mais cette perspective, même Sharon l’envisage. En revanche, le chef de la Maison-Blanche a catégoriquement refusé de lier la guerre d’Afghanistan à un règlement de la question palestinienne. Il a réaffirmé sa détermination absolue à faire traduire Ben Laden et sa Qaëda en justice, qu’il y ait ou non la paix au Moyen-Orient. La conseillère du président américain pour la Sécurité nationale, Mme Condoleeza Rice, a sévèrement affirmé que Yasser Arafat ne se montre pas sérieux dans la prise des responsabilités qui lui incombent au sujet de la lutte contre le terrorisme. Et, d’ailleurs, M. Bush a refusé de recevoir le leader palestinien, tout en annonçant qu’il n’allait pas s’engager dans une nouvelle initiative au Proche-Orient. Du moins pas tant que l’Autorité palestinienne n’aura pas mis le Hamas, le Jihad islamique et le FPLP au pas. En bref, Washington souscrit activement à l’amalgame qu’Israël effectue entre le terrorisme et les actions de la Résistance libanaise ou de l’intifada palestinienne. Fort de ce soutien, Sharon n’a pas eu de mal à faire capoter les tentatives européennes, dont celle de M. Tony Blair, de faire avancer le processus de paix au Proche-Orient parallèlement aux opérations militaires en Afghanistan. En ce qui concerne le Hezbollah, le gouvernement israélien, toutes tendances confondues, accuse nommément la Syrie de soutenir cette formation, qualifiée de terroriste. Jugement que Washington approuve. L’ancien ministre libanais, qui développe ces considérations, souligne dès lors la nécessité d’une bonne campagne diplomatique de réfutation des thèses israaélo-américaines. À son avis, il ne suffit pas de récuser l’amalgame entre résistance et terrorisme. Il faut encore rappeler avec insistance que le Hezbollah n’opère qu’en territoire libanais et qu’il exerce de la sorte le droit légitime de lutte contre l’occupation consacré par la Charte des Nations unies. Ainsi que par le traité de Taëf ou par les accords d’avril 96 parrainés par les États-Unis. Enfin, l’effort de clarification et d’autoprotection du Liban, mené principalement à l’étranger par le président Rafic Hariri, doit être relayé par les Arabes, la Ligue en tête.
Département d’État vs Pentagone. C’est sous cet angle qu’un ancien ministre libanais aborde la situation régionale. Les tiraillements entre colombes et faucons au sein de l’Administration Bush sont un secret de polichinelle. En attestent les déclarations d’intentions, souvent contradictoires, de MM. Colin Powell et Donald Rumsfeld. Le clivage est assez net en ce qui...