Euromed - La conférence de Bruxelles achoppe sur la question du terrorisme - Vif échange d’accusations entre Hammoud et Peres -

Le Proche-Orient est l’un des principaux dossiers de la réunion ministérielle du partenariat euro-méditerranéen (Euromed), qui s’est ouverte en fin de journée à Bruxelles. Outre le chef du gouvernement belge, assistaient à la rencontre le ministre belge des Affaires étrangères, Louis Michel, et le haut représentant de l’Union européenne pour la politique extérieure, Javier Solana. En ouvrant la conférence, M. Michel a rappelé les principes guidant ce partenariat, qui réunit les 15 pays de l’UE et leurs 12 partenaires du pourtour de la Méditerranée, dont neuf pays arabes. Il a notamment mis l’accent sur «l’opposition à l’usage de la violence» et la volonté de «privilégier systématiquement le règlement pacifique et politique des différends», notamment quand il s’agit d’aborder «les questions fondamentales du droit à l’autodétermination et du respect de l’intégrité territoriale». «Les circonstances actuelles prouvent que le processus de Barcelone (Euromed) est plus utile que jamais pour forger une vision commune d’une zone euro-méditerranéenne de sécurité, de stabilité et de bien-être», a conclu Louis Michel. Ces appels à la modération n’ont pas empêché les ministres libanais et syrien Mahmoud Hammoud et Farouk el-Chareh et leur homologue israélien Shimon Peres, d’échanger de violentes accusations à l’ouverture du volet politique de la conférence. C’est apparemment M. Peres qui a ouvert le feu, en accusant la Syrie d’abriter des organisations terroristes et le Liban de recourir à des procédés terroristes, aussi bien en ce qui concerne le sort des soldats israéliens emprisonnés au Liban qu’en ce qui concerne ce qu’Israël considère comme des provocations dans les hameaux de Chebaa. La riposte ne s’est pas fait attendre et, s’adressant à la présidence de la conférence, M. Hammoud s’est lancé dans une violente attaque contre le terrorisme pratiqué par Israël, évoquant notamment le massacre de Cana, ordonné par M. Peres en personne, et l’invasion du Liban de 1996, sans parler des exactions régulières de l’armée de l’air et l’artillerie israéliennes contre la population civile libanaise. Pour sa part, le ministre syrien des Affaires étrangères a accusé son homologue israélien de «falsifier l’histoire» considérant qu’il est «honteux que de tels propos soient tenus». La conférence de Bruxelles, qui prend fin aujourd’hui, se déroule dans des conditions de sécurité exceptionnelles. C’est au point que les ministres arabes participants ont été avertis que leur sécurité ne serait pas assurée en dehors du périmètre de l’hôtel Royal Windsor. Toutefois, la dynamique des contacts assurée par Javier Solana leur a permis de mettre en avant leurs points de vue, durant les échanges qui ont précédé l’ouverture de la conférence. La matinée d’aujourd’hui sera consacrée à l’examen des volets social, culturel et économique, et à la rédaction d’un projet de communiqué final. Il y a lieu de noter que les neufs ministres arabes des Affaires étrangères de l’Euromed et le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa avaient répondu à une invitation à déjeuner de M. Hammoud, au domicile de l’ambassadeur du Liban à Bruxelles Faouzi Fawaz. Les échanges ont porté sur les rapports établis par les hauts fonctionnaires des ministères, au cours des réunions préparatoires au palais Yvemont. M. Hammoud a qualifié de «bons et fructueux» ces contacts de coordination. L’Union européenne avait fait le forcing pour relancer le dialogue politique au Proche-Orient en multipliant hier les contacts à Bruxelles, et en organisant une rencontre entre le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat et le ministre israélien des Affaires étrangères Shimon Peres.