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Actualités - OPINIONS

Américaneries

Moi qui pensais que la fanfaronnade était une marque déposée des militaires arabes, avec leur façon péremptoire d’annoncer des victoires virtuelles en prenant les journalistes pour des ahuris transis et frémissants devant chacune de leurs diphtongues. Ben, non, avec les Américains, c’est pareil. Y a que la technique qui change. Le galonné chargé des points de presse sur le boui-boui afghan prend toujours son interlocuteur pour un âne patenté, mais il le fait avec élégance. Sans céder certes, comme dans nos contrées, à l’envie de fusiller son interlocuteur s’il ose le contredire, mais la différence s’arrête là. Question d’éducation, sans doute. Pour le reste, la frime est intacte, enrichie quand même de gadgets vidéo où l’on voit toujours, sur fond d’écran vert caca d’oie, le départ du missile sans jamais connaître l’Afghan qui l’a dégusté. Après quatre semaines de bombes et de sacs de riz concomitants, on en est encore à comptabiliser les bavures. Celles qui fauchent les civils, bien sûr, mais aussi les bavures «positives», quand par exemple des conteneurs gorgés de beurre de cacahuètes atterrissent sur la tronche d’Oussama Ben Laden et de ses gueux. Le cholestérol ! Voilà l’arme fatale qui viendra à bout de l’homme des cavernes de Kandahar. Et puis, il y a la naïveté légendaire des Américains. Le négociateur Abdel Haq s’égosille sur son téléphone satellite, encerclé par les taliban ? La CIA lui envoie un cerf-volant équipé d’une caméra, pompeusement appelé «drone». Juste à temps pour filmer la discussion à balles réelles entre le chef pachtoun et les agités du turban. Enfin pour éviter une Berezina sauce béchamel en cas de victoire de l’Alliance du Nord, ne voilà-t-il pas que Washington cherche désespérément quelques taliban «modérés». Sans doute une espèce rare dont les éléments lapident les femmes, mais seulement avec des petites pierres. Pour l’heure, les États-Unis en sont réduits à glaner leurs informations auprès des Libyens, des Syriens, des Soudanais et des Séoudiens. Si ça continue, ils finiront par faire appel à Ben Laden lui-même pour rejoindre la coalition.
Moi qui pensais que la fanfaronnade était une marque déposée des militaires arabes, avec leur façon péremptoire d’annoncer des victoires virtuelles en prenant les journalistes pour des ahuris transis et frémissants devant chacune de leurs diphtongues. Ben, non, avec les Américains, c’est pareil. Y a que la technique qui change. Le galonné chargé des points de presse sur le...