Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

ENVIRONNEMENT - Michel Moussa parle d’un plan national d’urgence - Démonstration de matériel pour la lutte contre la pollution pétrolière

Au club des officiers de Kaslik, on pouvait observer, avant-hier, un spectacle peu commun : une sorte d’énorme tuyau orange tiré par un canot de la Défense civile encerclant la baie et des produits pétroliers versés sur des rochers pour disparaître aussitôt… Il s’agissait en fait d’une démonstration d’équipements pour combattre les fuites pétrolières, voire les accidents d’envergure. Cette démonstration, organisée par la compagnie «Navy Group», en coopération avec les organismes français Sycopol et Rep, était destinée principalement au ministre de l’Environnement, Michel Moussa. Celui-ci a déclaré à L’Orient-Le Jour que l’éventualité d’achat ou de location de tels équipements ne serait pas exclue dans le cadre du plan national consacré à la lutte contre la pollution pétrolière marine, préparé actuellement par un comité interministériel. La démonstration portait principalement sur deux genres d’équipements : l’un d’eux, le barrage gonflable antipollution, a pour fonction d’empêcher la nappe pétrolière de s’étendre. Une autre sorte de matériel, comportant une machine spéciale, dont le fonctionnement n’a pas été inclus dans la démonstration, permet de retirer le pétrole de la surface de l’eau et de le stocker ultérieurement dans des dépôts. D’autres produits, chimiques ceux-là, sont les dispersants : lancés sur les flaques de pétrole, ils les dispersent, les rendant plus facilement solubles dans l’eau de mer par les micro-organismes contenus naturellement dans celle-ci. Mais ce n’est pas tout : un des produits testés, une matière appelée filmogène, est destiné aux rochers sur lesquels il devrait être pulvérisé régulièrement ou en cas d’accidents. Sa fonction est d’empêcher le pétrole de se fixer sur les récifs, causant ainsi des dégâts permanents. Des morceaux de textile absorbant ont également été testés sur place. Un tel équipement, le Liban n’en possède pas encore. M. Moussa a cependant assuré que son département ne restait pas inactif devant la perspective d’une pollution pétrolière importante. «Le ministère de l’Environnement a créé un comité national d’urgence, formé de représentants des ministères de la Défense, de l’Intérieur, des Transports, du Pétrole, de l’Agriculture, ainsi que des départements de la Défense civile, des douanes, de l’Office de météorologie et de divers organismes scientifiques», a-t-il déclaré. Il a ajouté : «Le fruit du travail de ce comité est un projet de loi sur la mise au point d’un plan national pour l’intervention urgente en cas d’accidents. Nous travaillons à faire adopter ce texte par le Parlement, surtout que les accidents de pollution pétrolière se sont multipliés ces derniers temps. Cette loi sera conforme aux recommandations de la Convention de Barcelone et du Protocole d’intervention urgente, tous deux ratifiés par le Liban, et qui assureront de surcroît une aide étrangère en cas de catastrophe». Mieux vaut prévenir que guérir M. Moussa a été rejoint sur les lieux de la démonstration par les représentants du ministre syrien de l’Environnement, Fadlallah Nasreddine, et du commandant en chef de l’armée, le brigadier Michel Hachem, ainsi que des fonctionnaires du ministère, notamment le spécialiste en produits pétroliers Samih Wehbé, et les représentants de plusieurs organismes libanais et français. M. Nasreddine a déploré l’ampleur grandissante de la pollution pétrolière dans les pays arabes. Il a par ailleurs rappelé que des congrès s’étaient tenus dans cette partie du monde dans l’objectif de faire face à ce fléau, et évoqué les recommandations qui en ont résulté. André Lamy, président du «Mediterranean Oil Industry Group» (MOIG), lui a succédé. Il a expliqué que le MOIG est un réseau des différentes compagnies pétrolières installées autour de la Méditerranée, qui regroupe 14 des principaux pays qui entourent cette mer, dont le Liban (à travers «Navy Group»). Le principal objectif de cette association est de sensibiliser les gouvernements à la nécessité de mettre en place un plan d’intervention urgente. Selon M. Lamy, un bon plan devrait comporter une organisation valable sur le papier, un bon matériel et des équipes régulièrement entraînées. À L’Orient-Le Jour, il précise que le MOIG organise des exercices dans le cadre des préparations des plans d’urgence dans plusieurs pays, ainsi qu’à l’intention des employés des compagnies. Michel Brochier est président du syndicat Sycopol qui rassemble des constructeurs d’équipements, des fabricants de produits chimiques et des prestataires de services. Il est aussi le concepteur et le réalisateur des barrages antipollution. «Le syndicat propose de mettre à la disposition de ses clients dans le monde entier des moyens permettant d’assurer des interventions globales, rapides, coordonnées, donc efficaces, a-t-il dit. Par la diversité des produits que nous proposons, nous sommes à même d’assurer l’ensemble de la lutte contre la pollution». Il rappelle que la prévention reste la meilleure des options et assure que le matériel présenté a été testé dans plusieurs organismes et laboratoires. Des fuites de millions de gallons par an Il faut dire que le Liban est loin d’être à l’abri de la pollution pétrolière, qui ne se manifeste pas seulement lors d’accidents spectaculaires, mais également par des incidents quotidiens moins visibles : huiles de vidange par les égouts, fuites naturelles, déchets industriels, déchets pétroliers gazeux qui retombent dans l’eau par l’action de la pluie, fuites au cours de l’entretien des bateaux, extraction de pétrole dans des stations offshore… L’association «Cedars for Care», dont l’une des branches est écologique, a préparé une étude sur ce sujet, mettant en valeur l’impact nocif sur la santé humaine, animale et végétale des hydrocarbures, connus pour s’accumuler dans la graisse et causer des maladies telles que des cancers ou des problèmes de reins. Pour donner une idée de l’ampleur de la pollution pétrolière dans le monde, il faut préciser que les grandes catastrophes (comme celle de l’«Erika») sont responsables de fuites de l’ordre de 37 millions de gallons (plus de 155 millions de litres) par an, les incidents de maintenance de 137 millions, les déchets provenant d’égouts de 363 millions, les pluies de 32 millions et les fuites naturelles de 62 millions de gallons. L’étude précise qu’aucun chiffre n’est disponible s’agissant du Liban. Les moyens de faire face à la pollution sont multiples : utiliser un dissolvant, retirer le pétrole par une machine ou en jetant dans l’eau des matières absorbantes, ajouter à l’eau de mer des micro-organismes qui aideront à diluer plus rapidement les hydrocarbures, brûler (mais seulement en cas d’extrême urgence), enlever les gaz qui se dégagent de la nappe pour réduire les risques d’incendies, etc.
Au club des officiers de Kaslik, on pouvait observer, avant-hier, un spectacle peu commun : une sorte d’énorme tuyau orange tiré par un canot de la Défense civile encerclant la baie et des produits pétroliers versés sur des rochers pour disparaître aussitôt… Il s’agissait en fait d’une démonstration d’équipements pour combattre les fuites pétrolières, voire les accidents...