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Actualités - ANALYSES

Plus d’obstacle aux nominations - Détente sensible entre les pôles majeurs du pays et du pouvoir

Malgré la gravité de la situation issue des attentats du 11 septembre, les luttes d’influence ont continué pendant quatre semaines à dominer la scène locale. Mais le message impératif d’apaisement lancé il y a quelques jours par les décideurs se trouve maintenant capté cinq sur cinq. Ainsi cravachés, les rapports entre les dirigeants, comme entre le pouvoir et certains leaders de première grandeur, se normalisent au triple galop et à brides abattues, si l’on peut se permettre cette expression un peu cavalière. Dès lors, comme l’annonce le chef de l’État, les nominations semblent à portée de main. Encore incroyable il y a un mois, la nouvelle, donnée par M. Joumblatt, d’une visite d’amitié que le chef de l’État compte rendre à Moukhtara se trouve officiellement confirmée. Le président Lahoud, on le sait, a dernièrement convié à sa table M. Walid Joumblatt. Pour une analyse commune des données nouvelles, émaillée de franches explications sur les malentendus du (récent) passé. Ayant fait table rase de leurs différends, les deux hommes ont décidé de poursuivre au plus vite le dialogue. Et de s’y consacrer entièrement. Ce qui signifie que leur prochain entretien, au Chouf, se fera sans perte de temps en festivités populaires et gardera un caractère politico-privé. Comme c’était déjà un peu le cas quand M. Lahoud se rendait jadis auprès de Kamal Joumblatt. Détail parallèle à souligner : M. Joumblatt s’inscrit résolument en faux contre les assertions selon lesquelles il se serait éloigné de Koraytem pour mieux se rapprocher de Baabda. Il affirme tout à la fois qu’il n’a pas l’intention de former un axe avec le régime, ni de trahir l’amitié qui le lie au président Hariri. M. Joumblatt répète, devant qui veut bien l’entendre, que le 11 septembre marque la naissance d’un monde nouveau, bouleversant toutes les données et qu’il faut en tenir compte. Il va même jusqu’à s’étonner poliment de ce que certains, dont des ministres qui ne se rendent pas compte du séisme, puissent continuer à agir et à réagir avec la même optique qu’auparavant. En précisant qu’à son avis l’approche des dossiers ne pourra jamais plus être la même. Sous-entendu qu’on ne peut plus soulever la question de la présence syrienne, ou de l’absence de l’armée au Sud. Dans l’esprit du leader du PSP, la situation est d’une gravité telle qu’elle devrait imposer la mise en place d’une sorte de comité de salut public. C’est-à-dire d’un nouveau gouvernement, fort et cohérent. Éléments qui manquent cruellement, selon lui, à l’équipe en place. Dont il ne fait pas partie. Cependant, pour bien montrer que ce qui compte avant tout c’est de calmer le jeu, M. Joumblatt se hâte de préciser qu’il n’est pas amateur de crises ministérielles et qu’en tout cas, la décision dans un tel domaine ne lui appartient pas. – Cependant, malgré les signes extérieurs de richesse affective, c’est-à-dire malgré les protestations de vive amitié réciproque dont les dirigeants rivalisent en public, les joutes se poursuivent en coulisses, à fleurets mouchetés. Ainsi, l’on entend des haririens soutenir que M. Joumblatt s’amuse à jouer en quelque sorte les sous-marins. C’est-à-dire qu’en lançant l’idée d’un changement de cabinet, mine de rien et sans paraître y accorder trop d’importance, il chercherait à mettre dans l’embarras ses nouveaux amis du camp proche de Baabda. Et d’expliquer, un peu laborieusement, que la proposition de M. Joumblatt ne peut causer aucun souci à leur propre chef de file, puisqu’il serait assuré de se succéder à lui-même. Tandis qu’au contraire, à les en croire, la part du régime se trouverait réduite à la portion congrue dans une nouvelle formation. D’une part, parce qu’il s’agirait d’une formule numériquement restreinte ; d’autre part, et surtout, parce qu’en cas de mise sur pied d’un cabinet fort, tissé de leaders de premier plan, les loyalistes n’auraient pratiquement pas de candidat à présenter. Vu que leur seule et unique figure de proue se trouve logée à la belle enseigne de la première présidence. Ces commentaires, pour le moins fielleux, prouvent, si besoin était, combien règnent dans le landernau local la confiance et l’estime réciproques. D’autant plus que si Aïn Tineh se fait un peu moins pugnace ces derniers jours, après les virulentes critiques adressées la semaine dernière aussi bien à Baabda qu’à Koraytem, ses relations avec les autres dirigeants ne sont pas encore définitivement clarifiées. Certes, M. Nabih Berry n’est pas insensible au chant des sirènes en provenance des rives du Barada. Mais il n’oublie quand même pas les droits de base en matière de nominations administratives. Et il n’est pas du tout certain que la règle d’une sélection objective, ne retenant que les critères de probité et de compétence sans connotations confessionnelles ou partisanes, lui conviennent beaucoup. Faut-il rappeler que c’est à la suite d’un recours de parlementaires que le Conseil constitutionnel a cassé la formule initialement adoptée par le pouvoir exécutif confiant au Conseil de la fonction publique le choix des désignations ? Mais pour le moment, ce sont les conseils des décideurs qui prévalent. Ils tiennent à ce que les pouvoirs se rabibochent. Et dans ce cadre, malgré un très vieux litige entre eux, le président Rafic Hariri et le directeur de la Sûreté, le général Jamil Sayyed, se sont longuement rencontrés. Après des entretiens préparatoires entre le chef du gouvernement et le général Ghazi Kanaan, chef des S.R. syriens, comme entre le président du Conseil et le ministre de l’Éducation, M. Abdel Rahim Mourad. En tout cas, la détente officiellement annoncée, la modération du discours politique et la sécurité peuvent favoriser un mouvement financier déjà positif. En effet, par ricochet aux attentats du 11 septembre, il y a eu un afflux de fonds étrangers, arabes notamment, à Beyrouth. Et la Banque centrale, indiquent des sources fiables, a pu ainsi accroître de quelque 800 millions de dollars supplémentaires ses réserves en devises fortes.
Malgré la gravité de la situation issue des attentats du 11 septembre, les luttes d’influence ont continué pendant quatre semaines à dominer la scène locale. Mais le message impératif d’apaisement lancé il y a quelques jours par les décideurs se trouve maintenant capté cinq sur cinq. Ainsi cravachés, les rapports entre les dirigeants, comme entre le pouvoir et certains...