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Actualités - ANALYSES

Vie politique - L’opposition de l’Est refait ses comptes - Rentrée de la Toussaint pour la Rencontre de Kornet Chehwane

Maintenant que les choses commencent à se décanter sur le plan international ou régional après les attentats du 11 septembre, la pause forcée observée sur la scène locale tire à sa fin. L’opposition de l’Est, plus précisément la Rencontre de Kornet Chehwane, refait ses comptes et ses calculs. Pour en dresser le bilan lors d’une réunion de reprise prévue en principe pour la Toussaint. Au siège du diocèse maronite du Mont-Liban, naturellement. Les participants vont certes échanger leurs doctes idées sur les bouleversements historiques qui marquent la première année du millénaire. Mais ils vont également, et surtout, plancher sur leur organigramme interne. Pour tenter d’ériger, en toute humilité et toutes proportions gardées, leur cénacle politique en super-parti, en haute instance collégiale. Genre Front libanais, constellation de leaders qui tenait assises durant la guerre au couvent de Awkar. Pour représenter la rue chrétienne indépendamment de la présidence de la République. Et c’est là une différence de taille que récusent certains crypto-loyalistes de l’Est, tout à fait partisans d’une alliance étroite avec Baabda, voire d’un alignement pur et simple sur le régime. Comme le recommande chaudement le parti Kataëb de M. Karim Pakradouni, qui ne fait toutefois pas partie de Kornet Chehwane. Le débat du 1er novembre sur les nouveaux objectifs, via la discussion sur les statuts de la Rencontre, s’annonce en tout cas animé. Non seulement parce qu’il faut s’entendre sur la conduite à tenir par rapport au pouvoir, mais aussi parce qu’il faut tenter de parler d’une même voix en ce qui concerne les constantes nationales. Explication de texte : pour certains, il n’est pas question de renoncer à la campagne axée sur la présence syrienne, politique et militaire. Ou encore de baisser les bras face au gouvernement pour ce qui se rapporte à la crise socioéconomique. Pour d’autres, il faut geler d’urgence les sujets qui fâchent, afin de privilégier la cimentation des rangs internes, pour parer aux périls qui menacent le pays. Cependant, on ne relève aucun extrémisme dans l’une ou l’autre de ces deux tendances opposées. C’est-à-dire qu’au fond, tous les piliers de la Rencontre sont tacitement d’accord pour estimer qu’une certaine élasticité, un certain attentisme s’imposent d’eux-mêmes, tant que les nouvelles données extérieures n’ont pas induit de véritable changement dans le tableau géopolitique régional. En d’autres termes, c’est uniquement pour le principe que les uns voudront composer avec un cabinet dont on ne sait pas trop ce qu’il pourrait advenir. Et que les autres refuseront de rabaisser la barre des conditions initialement posées pour le dialogue avec le pouvoir. Il en ressort que dans la phase actuelle, ce qui importe le plus à l’ensemble des intéressés, c’est de veiller à prévenir un climat de clivages internes qui pourrait provoquer la dislocation de la Rencontre. C’est dans cet esprit que se sont déroulés les multiples conciliabules officieux, bilatéraux ou élargis, de ces dernières semaines. Et nul n’a trouvé à redire à ce que certains cadres entretiennent à feu doux une sorte de relation suivie avec le pouvoir, par des concertations régulières avec des conseillers du régime ou du Sérail. Selon des témoins dignes de foi, ces contacts ont permis de progresser sur la voie de la clarification de l’ordre du jour du dialogue officiel, quand il pourra reprendre. On sait en effet qu’auparavant les deux parties n’étaient pas parvenues à bien s’entendre sur les thèmes et les priorités à traiter, le pouvoir refusant grosso modo de discuter de la présence syrienne ou du déploiement de l’armée au Sud. Aujourd’hui, cela paraît moins compliqué, dans la mesure où ceux qui insistent pour qu’on ne gèle pas ces questions semblent minoritaires, sinon isolés. Mais de quoi pourrait-on parler alors ? Du plan de redressement économique. Et, surtout, de la participation de la Rencontre à tout nouveau gouvernement. Une récupération qui serait facilitée certes par le rapprochement avec Baabda. Mais aussi par la redynamisation de l’alliance avec M. Walid Joumblatt. En base des nouvelles positions de ce dernier, qui proclame qu’il est désormais inopportun, improductif et même néfaste de soulever le problème de la présence syrienne ou celui de l’absence de l’armée au Sud. Une récollection que favorisent, il faut le souligner, les ouvertures insignes effectuées après le 11 septembre par Bkerké. Qui a pris la défense du droit de résistance exercé par le Hezbollah. Donc de la ligne de fond adoptée par le pouvoir local. En parfaite symbiose avec la Syrie. Toujours est-il qu’à l’issue de sa réunion du 1er novembre en présence de Mgr Youssef Béchara, la Rencontre doit publier son premier communiqué depuis deux mois. Pour y réaffirmer son attachement aux constantes nationales, dont l’assainissement des relations avec la Syrie, dont le rôle régional actuel ferait l’objet d’un satisfecit marqué. Pour y condamner le terrorisme, en réclamant l’application complète de la 425. Et pour mettre en exergue l’impératif d’unité nationale bien comprise. C’est-à-dire, entre autres manifestations tangibles, de l’obtention d’un ou plusieurs portefeuilles dans le prochain gouvernement. Le hic, objectent certains irréductibles, c’est que le pouvoir a ses propres vues sur la question. C’est-à-dire qu’il s’efforce actuellement de se constituer un petit pécule bien à lui au niveau du camp chrétien. En mettant sur pied une coalition, également ministrable, regroupant les Kataëb de M. Pakradouni, la branche Malek des FL et le parti Waad de M. Élie Hobeika.
Maintenant que les choses commencent à se décanter sur le plan international ou régional après les attentats du 11 septembre, la pause forcée observée sur la scène locale tire à sa fin. L’opposition de l’Est, plus précisément la Rencontre de Kornet Chehwane, refait ses comptes et ses calculs. Pour en dresser le bilan lors d’une réunion de reprise prévue en principe...