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Actualités - ANALYSES

Redressement - La stratégie gouvernementale à l’épreuve des pressions US - Beyrouth attend avec circonspection le rapport du FMI

Les cercles officiels, les formations politiques, les corps constitués de la société civile et les organismes économiques sont aujourd’hui suspendus aux lèvres du Fonds monétaire international. Qui doit sous peu publier un audit déterminant sur l’état de santé financier et économique du Liban. Le diagnostic en tant que tel importe peu aux instances locales. Dans la mesure où nul n’ignore quels sont les symptômes du mal qui frappe ce pays. Par contre, c’est avec beaucoup d’attention que l’on se penchera sur les conclusions pratiques du rapport en question. Pour savoir si le FMI approuve la stratégie de redressement adoptée par le gouvernement Hariri. Ou s’il en conteste les dispositions, notamment fiscales ou compressives, en les estimant insuffisantes ou trop mollassonnes. De ce verdict dépend le moratoire que le Liban espère obtenir pour alléger sa dette publique. Et, également, les aides financières ou techniques que des pays amis voudraient lui fournir, dans le cadre ou en dehors de Paris II. Qu’espèrent, que craignent les autorités locales par rapport au dit rapport du FMI ? À cette question, une source gouvernementale répond, non sans réalisme : «Il ne faut pas se leurrer : quand les intérêts des États-Unis entrent en jeu, les analyses du FMI s’en retrouvent politisées. Dans leur combat actuel contre le terrorisme, les USA cherchent à coaguler autour d’eux la plus large coalition possible. Ils livrent une guerre très dure en Afghanistan et doivent utiliser tous les leviers de pression dont ils peuvent disposer. Dans cet esprit, et pour soutenir Washington, il ne serait pas étonnant que le FMI durcisse les conditions qu’il pose à tel ou tel État demandeur. Mais il ne serait pas surprenant non plus qu’il tente d’amadouer de potentiels clients récalcitrants, en leur offrant des facilités inattendues. La politique classique du bâton et de la carotte, alternée ou mélangée, suivant les cas de figure». Et de citer l’exemple frappant du Pakistan. Ce pays, qui a promis d’aider l’Amérique dans la traque de Ben Laden, a bénéficié du jour au lendemain d’une levée des sanctions économiques qui lui étaient infligées à cause de ses essais nucléaires. Ainsi que d’une aide massive fournie, sous forme de prêts privilégiés ou de donations, par le FMI. Inversement, les États qui rueraient dans les brancards subiraient les foudres du même organisme, pour qu’ils comprennent que leur intérêt, au sens littéral du terme, est de se plier aux injonctions du big boss américain. Et le Liban ? Il n’est pas certain que ses positions actuelles ou potentielles plaisent beaucoup à Washington. «Il y a donc lieu de craindre, enchaîne la source gouvernementale, un rapport sévère du FMI. Qui pourrait exiger de nous des mesures plus draconiennes, nous mettant en porte-à-faux par rapport à la population. Ou par rapport aux forces politiques du pays. Pour nous en dispenser, il nous faudrait nous soumettre aux desiderata des États-Unis. Comme l’arrestation et l’extradition de suspects. Ou encore, comme la nécessité de s’assurer que le Hezbollah s’est bien “amendé”, comme l’a demandé l’envoyé US, le congressman d’origine libanaise Darrell Issa, lors de son passage à Beyrouth. En précisant qu’il faut des législations nouvelles destinées à délimiter avec exactitude le champ opératoire de ce mouvement, lui indiquant ce qu’il peut faire ou ce qu’il ne doit pas faire, pour échapper au label de terroriste. Les Américains peuvent également se servir, dans leurs pressions, de la question des réfugiés palestiniens, de la menace de leur implantation. Et se remettre aussi à exiger le déploiement de notre armée à la frontière Sud. Enfin, il n’est pas exclu que l’octroi d’aides financières à ce pays soit conditionné par son acceptation de la définition que l’Amérique attribue à la résolution numéro 1373 concernant le terrorisme». Des exigences que «le Liban n’est tout simplement pas en mesure de satisfaire, à l’heure actuelle», note la personnalité gouvernementale citée. Qui indique, peut-on s’en étonner, qu’il faut d’abord «conférer avec des pays amis et coordonner avec la Syrie, avant toute décision se rapportant à la 1373 ou aux listes que nous adressent Washington et l’Interpol pour la traque de suspects ou le gel d’avoirs». Et de conclure en répétant que le rapport du FMI devrait constituer selon toute probabilité un fidèle écho de l’attitude US à l’égard de ce pays. Ce qui ne laisse pas d’être problématique à l’heure où des indices économiques plutôt négatifs, comme le report du sommet de la francophonie et le renvoi vraisemblable de Paris II, s’accumulent.
Les cercles officiels, les formations politiques, les corps constitués de la société civile et les organismes économiques sont aujourd’hui suspendus aux lèvres du Fonds monétaire international. Qui doit sous peu publier un audit déterminant sur l’état de santé financier et économique du Liban. Le diagnostic en tant que tel importe peu aux instances locales. Dans la mesure...